- 19 août 1936, 4 professions temporaires. « Le bon Dieu a mis dans la corbeille de noces de ses nouvelles épouses un magnifique châle donné avec joie par une amie de Mère Marie Agnès. Notre Mère a été en conférence prolongée à St Michel pour la combinaison du travail. S'effrayant de l'envergure que veut donner Mère Marie de st Michel, celle-ci a déclaré qu'il ne fallait pas craindre un peu de folie en ce cas. Mais on ne veut pas divulguer quoi que ce soit pour l'instant. »
- 23 octobre 1936, « à la récréation, révélation d'un secret que Mère Marie de st Raphaël sait déjà. Il s'agit de l'assortiment fait avec des châles pour le cinquantenaire. Il n'est plus consacré à notre Mère Sainte Claire mais à l'Enfant Jésus, en reconnaissance de sa protection sur le Monastère pendant ce demi-siècle, et en ex-voto de préservation au cours de la tourmente menaçante. Chaque moniale sera représentée et son nom écrit. Le travail rappellera celui de l'ornement franciscain du Père Zacharie ; camaïeu albâtre sur fond vert, avec de plus, les fleurs des châles semées de fil d'or. Ce projet est applaudi à l'unanimité. Les premières esquisses montrant la silhouette de notre Petit Roi entouré d'une multitude d'anges en donnent déjà une idée. »
- 25 novembre 1936, « aujourd’hui Mère Marie de la Fidélité a commencé à broder le premier orfroi de la belle chape de l’Enfant Jésus ».
- 10 décembre 1936, venue de l'archevêque. « Notre Mère a parlé à son Excellence du cinquantenaire de la Communauté. Elle fait apporter les dessins des ornements et les châles. Monseigneur a beaucoup admiré les uns et les autres et nous a félicitées de nous convertir en faisant enfin un beau travail pour nous ! »
- 27 décembre 1936, Notre Père, après sa longue station, déclare qu'après avoir tant travaillé pour les autres, il faut penser à nous et nous bien pourvoir à l'occasion du jubilé de la communauté qu'il veut lui-même présider et solenniser par une messe pontificale. On va alors chercher les ornements des châles. Mère Marie de saint Michel les porte au Directorium où se rendent les trois prélats pour les regarder. Pendant ce temps, la communauté dit Vêpres. Il est plus de 15 h. »
31 août 1937, « Mère Marie de st Raphaël, quoique absorbée par la nouvelle industrie de la fabrication des pinceaux a presque achevé la composition du bel assortiment du Christ-roi. Celui de l'Enfant Jésus se brode mais n'avance pas vite, ce qui ne permet pas de fixer encore l'époque où les fêtes jubilaires pourront avoir lieu ; les amis cependant s'en inquiètent déjà. »
- 3 octobre 1937, « tout bien pesé et examiné, notre Mère déclare que les fêtes du Cinquantenaire doivent se fixer aussitôt après Pâques. «
« Un châle est déjà arrivé »
- 4 octobre 1937, « trois châles sont arrivés »
- 18 octobre 1937, « un beau châle est arrivé... »
- 7 novembre 1937, « notre Mère a pu voir les 15 ou 18 métiers en train de l'assortiment. Elle est satisfaite du travail et de l'effet qu'il produit. »
- 11 novembre 1937, « Un magnifique châle est encore arrivé hier ; aussi les projets s'amplifient... on aura les trois chapes nécessaires pour la messe pontificale. »
- 18 novembre 1937, « Notre Mère a passé une partie de la nuit à poursuivre les combinaisons pour l'assortiment de l'Enfant Jésus, afin d'utiliser les derniers châles reçus. On voit jusqu'à quel point notre Petit Roi veut ces ornements, car tout s'adapte comme par miracle : la coupe longe le bord d'une tache, respecte un motif nécessaire ailleurs... chaque pièce se constitue sans laisser deviner la multiplicité et la diversité des éléments qui la composent. Notre Mère de st Michel qui constate ces petits faits providentiels, sans cesse répétés, en est profondément émue. »
- 26 novembre 1937, « Un châle, le plus grand et le plus beau de tous ceux reçus jusqu'ici a été apporté avec une admirable bonne grâce. »
- 23 janvier 1938, organisation des journées jubilaires. « Notre Mère projette des vitraux pour les cloîtres avec des scènes de la Fondation ; au-dessus de l'autel, un velum de papier orné d'anges et soutenu par une armature de bambous. Les ornements avancent, mais lentement malgré l'ardeur des ouvrières : c'est un travail tellement fin et délicat ! Un rochet avec des lys très légers et des edelweis très en relief est exposé dans les cloîtres : nouveau chef-d'œuvre sorti de l'atelier du St Enfant Jésus. »
- 6 février 1938, « Notre Mère projette une petite vente de charité pour couvrir les frais de l'or et de la doublure de l'assortiment. Mère Marie de st Raphaël et sœur Marie Archange s'apprêtent à garnir les comptoirs avec les tableaux et bibelots sortis de leurs mains habiles... »
- 7 février 1938, « une grande décision a été prise hier pour l'assortiment : celle de défaire le fond déjà fait en or et soie verte, pour le recommencer tout or, car ce foncé ne s'harmonisait pas avec l'ensemble. Mieux valait sacrifier une certaine quantité de travail que de s'exposer à des regrets une fois tout fini. »
- 11 février 1938, « Les soucis pour l'achèvement de l'assortiment augmentent à mesure que le temps passe. Plus que cinq mois devant nous ! »
- 24 février 1938, « Mère Marie de st Raphaël compose la mitre de l'assortiment. Mère Marie du Bon Pasteur commence l'apprentissage de la peinture à l'aiguille. Notre Mère est de plus en plus ravie des fragments terminés, promettant un ensemble plus beau qu'on n'avait espéré. »
- 28 février 1938, « Deux beaux châles sont encore arrivés aujourd'hui »
2 mars 1938, « Des oxydations de plus en plus nombreuses étant constatées à l'or de l'assortiment, on en conclut que cela doit provenir de l'iode que nous prenons depuis plusieurs mois. En conséquence, le traitement est supprimé. Pour plusieurs, il a été très efficace. »
27 mars 1938, a lieu la vente de charité prévue.
Toutes travaillent à l'ornement jusqu'à 21h 30
- 22 mai 1938, « On va commencer à raccorder chasuble et dalmatiques dont les différents morceaux sont finis. »
- 19 juin 1938, « On commence les montages : c'est une dalmatique qui, la première, sera complètement terminée. Mais il faut que nous obtenions le miracle de faire trouver une dizaine de mètres de doublure de plus, afin qu'il y en ait assez pour toutes les pièces qui se sont ajoutées après commande du métrage primitivement prévu. Une aube fort longue à broder s'achève et dès lors tout le monde sera affecté à l'assortiment. Les commandes sont impitoyablement refusées ou retardées... Il vient d'en arriver une assez considérable d'un évêque espagnol. »
- 26 juin 1938, « La première pièce de l'assortiment est exposée dans les cloîtres : une dalmatique qui ferait tomber à genoux tant elle est belle, avec ses claves aux tons miroitants d'or vert, ses anges aux attitudes aussi variées que pittoresques, sa doublure aurore donnant des reflets lumineux au tissu richement brodé... Que sera cet ensemble ? Les aubes ne le dépareront pas ; après les avoir vus, Monseigneur a déclaré : ce serait un péché que de telles merveilles sortent jamais de la maison ! »
« Après les Charités, elle [la Mère Supérieure] est là quand nous admirons la chape du 2e assistant et la chasuble exposée dans les cloîtres. La chape de forme à traine n'a pas de personnages, mais des broderies à grands motifs faisant très riche. La chasuble est magnifique avec l'Enfant Jésus saisissant de ressemblance, sa robe de dentelle, ses bijoux admirablement reproduits, sa couronne... les multitudes d'anges aux attitudes variées, le petit monastère, les fonds d'or vert aux multiples reflets... on ne se lasserait pas de contempler ni de chanter les bontés divines car cet assortiment est le résultat d'innombrables prodiges... chaque châle est arrivé à son heure pour combler une lacune, appareiller une pièce... Tous de dessins différents, ils ont pu s'assortir pour former une merveilleuse harmonie dans la plus belle diversité... Quand on suspendait des combinaisons ne pouvant aboutir, un nouvel envoi arrivait procurant juste ce qu'il fallait. C'est ainsi qu'on a reçu des écharpes à la mesure exacte pour les voiles huméraux et les devants d'autel qu'il eut été bien difficile de composer avec des châles carrés.
Mère Marie de st Michel est invitée à consigner tout cela lorsque ses loisirs le lui permettront – pour en léguer la mémoire à la postérité. Ce sera une belle hymne à la Providence... et au Petit Jésus (en note : voir ce récit « légende et technique des ornements jubilaires au registre des Jubilés) »
« Les miracles de tous genres se multiplient ; celui de la doublure est presque fait car la dernière pièce ayant 8 centimètre de largeur de plus que les précédentes elle a donné un secours inespéré.
Les novices continuent à rapporter de grands métiers plus tôt que prévus...[...] l'activité s'intensifie si possible, mais toujours dans le calme et le silence... »
on peint 200 menus représentant l'Enfant Jésus au-dessus du Monastère.
« Mère Marie de saint Raphaël s'occupe des vitraux (de papier) et autres décorations murales. Elle collabore aux programmes avec saint Gabriel où s'enluminent les lettres d'affiliation, compliments etc... »
- 6 juillet 1938, « Cet après-midi, les deux aubes des assistants étaient exposées. Leur fine dentelle Renaissance aux points variés à l'infini est composée l'une de lys, l'autre de roses. »
- 16 juillet 1938, « une partie de l'après-midi s'est passée à l'arrangement de la mitre qui n'était pas d'équerre. Après pas mal de peine et de manipulations on a pu remédier à ce vice de constitution. »
- 17 juillet 1938, « aujourd'hui c'est l'aube du célébrant et le rochet de Monseigneur qu'il nous est donné d'admirer : deux merveilles, surtout ce dernier, avec le médaillon de l'Enfant Jésus, la sainte Vierge et saint Joseph. L'aube a comme médaillon central le st François de celle du pape sur fond ajouré ; à droite et à gauche ste Claire et ste Agnès d'Assise et de plus des inscriptions en Venise se détachant sur les bouquets plus légers de lys et de roses. Ces deux pièces sont de purs chefs-d'œuvres... »
« Mère Marie de saint Michel voudrait prolonger les heures des trois dernières semaines qui nous séparent du triduum afin que l'assortiment étant fini, on puisse le compléter par deux chasubles franciscaines où st François et ste Claire paraîtraient à leur tour, parmi les riches broderies de Chine... Cela se pourra-t-il malgré les journées plus que doublées ? »
- 19 juillet 1938, « le travail avance, aussi Mère Marie de st Michel a-t-elle été autorisée à réaliser le projet des chasubles franciscaines. Le premier métier se commence aujourd'hui. Pour réparer le défaut de la mitre, on a rajouté des étoiles qui la rendent plus belle. Les raccords de la chape ne donnent pas trop de difficultés. Le voile huméral une des pièces les plus chargées, étant la première du dessin mise en train, car après on a allégé et simplifié les dessins – est prêt à passer aux monteuses. »
- 6 août 1938, « Melle Bourguignon qui avait fait une première séance mercredi, est revenu photographier l'assortiment du jubilé dont quelques pièces secondaires : vimpas, voile de pupitre, sont encore sur métier. »
- 7 août 1938, « Les brodeuses libérées aident aux derniers métiers. Malgré l'ardeur mise à ceux des chasubles de st François et de ste Claire il est à craindre qu'elles ne puissent les achever. Le devant et le dos étant sur le même, pour ne pas couper les châles, l'un se trouve à l'endroit, l'autre à l'envers, ce qui impose de tourner successivement de chaque côté, et par suite, augmente le temps et restreint le nombre des moniales pouvant s'y tenir. »
monastère féminin créé en 1887 et fermé en 2015