chasuble blanche de l'arbre franciscain avec étole et manipule - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

Fait partie d'un ensemble déposé par les Clarisses de Mazamet au presbytère de Tastavy, au moment de la fermeture de leur monastère.

Cet ornement a longtemps été daté de façon erronée en 1924 parce qu'il y a eu cette année là effectivement une commande du Père Zacharie mais il semble que le Père capucin l'a vendue au Canada en faveur des Missions.

En septembre 1928, le Journal de la Communauté indique : « Le Père Zacharie fait un très beau projet qui émeut Mère Marie de Saint Raphaël ; ce serait le tableau de l'Ordre entier avec toutes ses branches et toutes ses œuvres sur une chape et chasuble. La chose est à peu près convenue. »

Le premier tissu de fond était un liston d'or fin, remplacé aujourd'hui par un satin blanc.

monastère féminin créé en 1887 et fermé en 2015

La chasuble blanche, de coupe ample, est accompagnée d'une étole et d'un manipule.

Dans le dos, un chêne déploie ses branches ; tronc et ramures sont habités de personnages masculins importants de l'ordre. Dans le dos, de bas en haut, saint François d'Assise (mort en 1226), saint Antoine de Padoue, saint Bonaventure, saint Pierre regalat, saint Yves, aux pieds du Christ en croix entouré des saintes femmes et d'anges en conversation. Saint Didacus ou Diego d'Alcala est un missionnaire mort en 1463 dans les Canaries.

Médaillons des branches de gauche, de bas en haut : saint Bérard (décapité au Maroc en 1220), le Bienheureux Duns Scot (philosophe écossais mort à Cologne en 1308), saint Jean de Capistran (prédicateur italien mort en 1456), saint Pierre d'Alcantara (réformateur espagnol mort en 1562), saint François Solano (espagnol mort au Pérou en 1610), saint Pacifique de San Severino (italien mort en 1721), saint Félix de Nicosie (chypriote mort en Sicile en 1787), le Bienheureux Jean-Baptiste-Marie Vianney (curé d'Ars, mort en 1859).

Médaillons des branches de droite, de bas en haut : saint Louis d'Anjou (mort en 1297), saint Thomas de Tolentino (martyr en Inde en 1321), saint Jacques de la Marche (prédicateur italien mort en 1476), saint Félix de Cantalice (italien mort en 1587), saint Laurent de Brindes (italien mort au Portugal en 1619), saint Léonard de Port Maurice (italien mort en 1751), saint Pierre Baptiste (crucifié en 1597 avec 26 martyrs japonais).

Sur le devant, un chêne déploie ses branches ; tronc et ramures sont habités de personnages féminins importants de l'ordre, à l'exception de deux hommes. Dans le dos, de bas en haut, sainte Claire, sainte Hélène de Padoue, sainte Agnès d'Assise (soeur cadette de Claire, morte en 1253), Bienheureuse Isabelle de France (fille de Blanche de Castille, morte en 1270), Bienheureuse Agnès de Prague (ou de Bohême, morte en 1282) et la Bienheureuse Marguerite de Lorraine (ou de Lorraine-Vaudémont, morte en 1521). La Vierge, mère des Franciscains, se tient au sommet du tronc, entourée d'un choeur d'anges, musiciens et chanteurs.

Médaillons des branches de gauche, de bas en haut : Bienheureuse Philippa Mareri (fondatrice des Clarisses de Rieti, morte en 1236), sainte claire de Rimini (morte en 1326), sainte Colette (de Corbie, morte en 1447 à Gand), Jeanne d'Arc hérétique (morte en 1431), Bienheureuse Baptista Varani (ou Battista da Varano, italienne, morte en 1524), sainte Véronique de Julianis (ou Giuliani, morte en 1727) et saint Elzéar de Sabran (régent du royaume de Naples mort en 1523)..

Médaillons des branches de droite, de bas en haut : Bienheureuse Salomé (de Pologne, morte en 1268), sainte Angèle de Foligno (mystique italienne morte en 1309), sainte Catherine de Bologne (morte en 1463), Bienheureuse Louise de Savoie (morte en 1503), sainte Hyacinthe Mariscotti (morte en 1640), sainte Marie Françoise (des Cinq plaies, italienne morte en 1791) et saint Joseph de Cupertino (ou Copertino, italien mort en 1663, célèbre pour ses lévitations).

Dans le dos, au croisement des branches, copie de la Crois peinte de Saint-Damien d'Assise, aujourd'hui dans la basilique Sainte-Claire. François d'Assise aurait compris à ses pieds sa réelle vocation.

L'étole est ornée des médaillons représentant saint Louis roi et sainte Elisabeth de Hongrie.

Le manipule est orné de médaillons figurant sainte Jeanne de Valois et saint Roch.

Chasuble : hauteur milieu dos : 112 ; hauteur milieu devant : 104 ; envergure : 99. Etole : hauteur : 117 ; largeur : 12 ; manipule : hauteur : 48 ; largeur bas de pièce : 12.

Sur le satin, au devant de la chasuble, petites taches noires et un filé décousu.

catalogue d'exposition : Beauté et pauvreté. L'art chez les clarisses de France. Paris, centre culturel du Panthéon, 1994.

MENUSET, Cécile. La peinture à l'aiguille, par les clarisses de Mazamet. Nantes : édition Siloë, 2000, 128 p.

PAGNON, Josiane. Les broderies des Clarisses de Mazamet, chefs-d’œuvre de l’art du XXe siècle dans le Tarn, les œuvres conservées à Nages". Patrimoines du Sud, N° 9, 2019. Accessible sur http://journals.openedition.org/pds/787 ; DOI : 10.4000/pds.787.

Il s'agit du premier ornement à l'arbre franciscain.

P. 66, 6 juillet 1923, « à la surprise générale récréation de faveur gagnée par Mère Marie de Jeanne d'Arc pour avoir réussi rapidement le plan de l'ornement du Père Zacharie."

P. 81, novembre 1923, « l'ornement franciscain occupe beaucoup en vue d'une composition qui soit vraiment artistique »

vendredi 9 novembre 1913, « Notre Très Révérende Mère abbesse a passé la nuit au travail avec Mère Marie de saint Michel toujours pour cet ornement qu'il faut mettre en train et que les demandes imprévues retardent sans cesse. »

P. 84, lundi 24 décembre1923, veillée. Lettre du Père Zacharie « il raconte qu'il parle à tout le monde de son ornement. […] Il prépare des pélerinages à Rome et voudrait un ornement pour le Pape, "

P. 94, 23 février 1924, « L'événement de la journée c'est toujours l'ornement de l'Ordre qui a défrayé la conversation à la récréation : c'est le moment critique des décisions définitives »

P. 114, 23 mai 1924, « Notre Révérende Mère a décidé d'exposer au parloir dimanche prochain le très bel ornement orné de magnifiques peintures à l'aiguille qu'elle destine au R. P. Zacharie pour son exposition en faveur des œuvres de mission dont ce sera certainement la plus belle pièce. Cette chasuble et ses accessoires raconte une des plus magnifiques pages de la légende franciscaine. Notre Mère a pensé que les amis du monastère seraient heureux d'en admirer les aimables figures des saints semblables à des camées avec la pieuse madone de « Liberale de Vérone » et le « Christ qui parla à st François. »

P. 115, 27 mai 1924, « Notre Mère nous a dit pendant la récréation combien l'ornement du Père Zacharie avait de succès, on est venu nombreux des divers points de la ville pour en admirer le travail et tout le monde se retire charmé ».

P. 116, 3 juin 1924, « Le Très Révérend Père Zacharie est venu ce matin prendre livraison du précieux ornement. Notre Mère qui n’éprouve jamais de plus grande joie que lorsqu’elle se dépouille pour de chères œuvres a accompagné le don de la magnifique chasuble de celui de deux tours d’autel, en soie, l’un rouge et l’autre violet, brodés en application, avec les conopées assortis, 2 autres chasubles et autres accessoires. Nous imaginons facilement la satisfaction du Révérend Père en quittant Ste Claire chargé de merveilles qui feront prime à son exposition »P. 117, 4 juin, le Père Zacharie « se propose après l’exposition de céder la belle chasuble à nos Pères du Canada qui apprécient beaucoup ces ouvrages d’art et qui ont des moyens, s’ils consentent à lui donner les 30 000 francs qu’il l’estime pour envoyer à nos chères missions. Nos missionnaires d’Afrique en effet manquent de tout ; leurs souffrances et leurs privations sont inouïes. Le Père Zacharie pense, d’ailleurs, leur expédier, outre les sommes qu’il recueillera, tout ce qui dans l’exposition pourrait leur être utile. »

Bibliographie

Annexes