Dès le décès de Placide Massey (1853), l'intention de la Ville de Tarbes est d'honorer la mémoire de son bienfaiteur sur le lieu même de sa donation.
Mais dans un premier temps, seul le monument funéraire du cimetière est réalisé (1858). L'intention de consacrer un monument dans le Jardin Massey ressurgit en 1866, suite à l'intervention du sculpteur Henri Nelli lui-même, soutenu par Achille Fould, qui propose une esquisse de statue pour laquelle il a travaillé avec le statuaire Eugène Bodin de Paris. Il propose un portrait de Massey en jardinier du roi, proposition rejetée par la municipalité qui estime honorer suffisamment par ailleurs le legs de Massey.
En 1875, (C.M. 6/09/1875) la Ville reprend la décision d'ériger un buste de Placide Massey sur une colonne de marbre blanc au centre de la grande pelouse, face à la tour, et de l'inaugurer en 1876. Une somme de 3.000 f. est votée, une commission aussitôt nommée pour suivre le projet. Un concours est organisé sur le thème ""Massey royal artiste"". Cinq artistes sont sélectionnés, parmi lesquels figure à nouveau Henri Nelli.
Henri Nelli (1834-1903) appartient à une famille de marbriers (sculpteurs et statuaires) originaires de Carrare. Son père Etienne s'est installé à Tarbes en 1808 où il ouvre en 1814 un atelier de sculpture. Frère cadet de Joseph déjà formé et connu pour ses bustes et portraits, Henri avait réalisé en 1858 le premier buste en bronze du monument funéraire à Massey (cimetière Saint-Jean), suivi d'une deuxième exécution en marbre en 1859.
Après le concours de 1875, les choses stagnent car les ressources sont épuisées. Le crédit est annulé, faute d'emploi. L'idée n'est reprise qu'en février 1877, avec des hésitations sur le programme : buste ou médaillon ? C'est le médaillon qui est voté, à l'encontre de l'avis des artistes qui préfèrent le buste. Il faut pourtant attendre la fin de l'année 1880 (à quelques mois de l'ouverture du musée) pour que le vote d''un crédit de 4.700 f. débloque le projet. On reprend alors, à fin d'exécution dans les plus brefs délais, la proposition du sculpteur Henri Nelli qui a fait évoluer la proposition puisqu'il s'agit d'une commande de monument avec buste. Devenu entretemps membre du Conseil municipal, Nelli fera l'objet de critiques pour ce choix soupçonné de favoritisme, mais que la municipalité refuse de remettre en cause.
En août 1881, Nelli demande de remplacer la pierre de Lourdes prévue pour le socle par le marbre de Saint-Béat, ceci engageant un surcoût de 2.714 f. En septembre 1882, le travail étant achevé, la réception des travaux a lieu. Le monument est d'abord installé en avant de la façade méridionale du musée, sur un parterre fleuri orné des lettres ""P. MASSEY"" (cf. cartes postales, vers 1910, cote : ADHP 5 Fi 440/267 et 5 Fi 440/268). Il consiste en une lourde colonne commémorative dont le le fût, prismatique, porte un décor crénelé de style pastiche néo-médiéval. Le buste est placé au-dessus du monument. Paraissant alors perché, il donne lieu à une chanson moqueuse. En 1900, le buste est descendu pour être placé sur un piédestal à l'assise en volute, plaqué contre la colonne. Ceci explique que le revers du buste soit aplani et l'arrière du col échancré. La représentation du personnage, en chemise ouverte et cape, se veut conforme à la représentation de Massey en jardinier infatigable du roi.
Suite à une erreur d'identification, il semblerait cependant que Nelli ait utilisé pour ce travail une représentation de masque mortuaire faussement attribué à Massey. Il s'agirait en réalité de celui de Ramond de Carbonnières, conservé dans les réserves du musée, comme cela a été attesté en 1922 par Louis Caddau, après une enquête minutieuse. C'est à la suite de la reconnaissance de cette erreur que la toute nouvelle Commission des Beaux-Arts demande le transfert du monument, après transformations, dans un endroit plus intime du jardin, devant l'école des arts et de céramique. On y recompose un monument allégé en réutilisant les éléments de l'ancienne colonne mais tronquée à la moitié. Au lieu d'être plaqué sur le côté, le buste est placé au-dessus de la colonne, le visage tourné vers le jardin.