Ex-voto de corporations invoquant saint Sébastien (avant que celui-ci ne soit remplaçé par saint Roch) pour conjurer une peste attestée entre 1654 et 1655. Saint Sébastien est entouré de quatre saints portant les attributs de la corporation des métiers qu'ils patronnent : saint Crépin et Crépinien (cordonniers), saint Honoré d'Amiens (boulangers), sainte Eulalie (menuisiers). Cadre en bois doré du 17e siècle.

Lié au poteau de douleurs et criblé de flèches, Saint Sébastien est couronné de fleurs par un angelot qui fond du ciel ; autour de lui sont réunis quatre Saints, patrons, à ce qui parait, de corporation . ; deux sont assis sur le socle architectural de la composition sur lequel sont posés quelques outils d'artisans, malaisément identifiables.... Debout, les deux autres Saints accostent Sébastien, à savoir à droite, une Sainte richement revêtue d'une robe brodée à profusion, tenant une sorte de pieu brisé, instrument de son martyre, et la palme ; à gauche, Saint Albert de Liège, patron des boulangers (dont on sait qu'ils possédèrent leur chapelle en l'église Saint Mathieu) ; il est figuré dans son costume épiscopal et porte une pelle de fournier où sont posés deux pains.

Rejeté dans le deuxième plan, un Père Éternel domine la composition. On peut interpréter cette représentation comme une offrande des corporations à Saint Sébastien coutumièrement invoqué pour éloigner la peste ; le tableau est daté, en bas, de 1654, c'est à dire quatorze ans après l'une des plus meurtrières pestes de Montpellier, le souvenir demeurant encore vivace.

Les figures sont brossées sur un dessous de terres de Sienne naturelles et d'oranges de mars ; grâce à ces tons, le peintre a su éviter l'opacité des fonds trop neutres, communs en ce temps là et aussi la fragilité des terres d'ombres ; ce dessous reparaît et affleure partout ; il confère au tableau sa belle atmosphère rousse. Le peintre a su utiliser au maximum cette préparation qui sert de ton local aux visages dont les volumes sont modulés - plutôt que modelés - autour de ce roux, entre une terre qui affirme les ombres, et un ocre clair qui touche les lumières ; même usage du dessous pour la chape et les ornements épiscopaux de Saint Albert que le peintre a "brodés" à l'aide d'ocres et de jaunes en laissant affleurer partout le fond ; c'est à ce dessous enfin que tel morceau, le costume blanc et le manteau rouge vermillon grave du personnage, en bas à gauche, doit d'irradier avec un éclat si précieux. Si le tableau est inégal, bien que ça et là paraisse la faiblesse du dessinateur, bien que le compositeur ne soit pas tout à fait convaincant , quelques détails, quelques têtes puissamment modelées sont d'une qualité magistrale. Cette oeuvre sort-elle d'un atelier montpellierain ?