" en 1530, un moine du couvent des frères prêcheurs de Soriano, vit une nuit la Vierge lui apparaître accompagnée de Sainte Marie-Madeleine et de Sainte Catherine ; elles apportaient une image de Saint Dominique qu'elles lui présentèrent, puis disparurent..." (Mâle).

Le peintre s'est acquitté de cette narration en ne modifiant que fort peu le schéma courant de ce thème alors en honneur dans l'ordre de Saint Dominique. Dans cette version, la Vierge présente le portrait de St Dominique ; Ste Madelèine le désigne ; Ste Catherine est spectatrice. Selon une composition très serrée et cohérente, obtenue au prix de certains repentirs - on peut distinguer à côté de la Sainte Catherine, la première version de cette figure, poncée puis recouverte - le peintre a étayé son groupe sur des obliques.

Les figures sont placées sur un fond monumental, ténébreux, où se distinguent deux arcades ; puis, au delà, deux arcades encore, en plein cintre, ornées aux écoinçons d'anges en bas relief, la balustrade de l'une d'elles étant décorée, en bas relief également, d'une adoration des mages.

Sur ce fond s'enlèvent les figures au modelé ferme et rond, aux drapés sans mollesse. Outre les terres, la couleur, austère, est réduite à deux rouges - un vermillon et un carmin - et un bleu de Prusse - ocres jaunes, ocre d'or, blancs...

Notons les belles mains, grasses et de valeur claire qui, comme un cadre, entourent l'image de Saint Dominique qu'elles tiennent ou qu'elles désignent. Bien maniées, les pâtes ont également bien vieilli, elles ne sont ni embues ni même craquelées.

La belle ébénisterie du cadre, épais, décoré d'acanthes et de rais de coeur, doré, sertit avec harmonie cet ensemble dont il parait contemporain et auquel il semble destiné. Certaines parentés peuvent rapprocher ce tableau de celui du maître-autel surtout le rendu des drapés et le modelé des figures.