Sous l'arche rupestre de son tombeau, au delà de laquelle se voit un ciel d'un bleu gris dans la pâte émaillée duquel ont été pris un bleu et un vert qui le teintent avec discrétion et finesse, auréolé d'un nimbe jaune et ocre dont les franges fusionnent avec le gris de ce ciel, le Christ surgit de son sarcophage dans un beau mouvement dynamique marqué de souvenirs baroques : il est théâtralement environné de "poudre" sombre. Ses carnations sont modelées dans une belle pâte onctueuse, dont les ombres sont obtenues à l'aide de glacis bleutés et de glacis Sienne ; onctueuse également le pâte des drapés et de l'oriflamme, blanche comme eux, qu'il brandit.

Moins raffiné, mais plus chaud, est le traitement des soldats qui reculent, épouvantés, devant le miracle : si la touche est plus franche ici que dans la partie supérieure du tableau, en revanche le poncif y est plus souvent visible ; ainsi du traitement des cuirasses aux reflets gris sur un jus de Sienne touchées de filetsblancs saturés de médium dans les éclats de la lumière ; ainsi des gestes "expressifs", du linéament baroque des anatomies, des pivotements des attitudes ; les "accessoires" n'y sont pas moins convenus ; ces soldats romains empanachés viennent évidemment du théâtre, comme ceux de Lagrenée ou de Natoire auxquels ils ressemblent ; les carnations de ces personnages sont ocres-rouges, teinte quasi symbolique qu'affectionnent les peintres de ce temps pour traiter les figures viriles. Plus "preste", le "faire" de cette partie est plus maladroit que celui du haut du tableau ; ces figures sont ligneuses et brutales dans la répartition des ombres et des lumières.

En contraste avec le haut du tableau, à dominante froide, cette partie inférieure, brossée, comme le haut, sans doute, sur un dessous de noirs, de terres et de Sienne , présente comme une anthologie des tons chauds affectionnés des peintres du XVIIIè siècle ; outre un beau vermillon lumineux, ce sont des orangés, des ocres d'or, des roses de garance qui, d'une manière presque "modale" colorient cette soldatesque. La composition, basée sur l'armature du rectangle accuse, sans originalité, du moins avec énergie, les directions dynamiques de la scène ; elle forme comme une pyramide renversée dont le sens n'indique pas moins la chute des soldats que, par son ouverture supérieure, le sens de l'ascension du Christ. Il convient de noter le beau cadre "rocaille" qui sertit cette peinture et semble lui avoir été spécialement destiné. Cette "corniche" est en bois stuqué et doré ; elle est agrémentée d'une suite de petites volutes et de recourbements d'acanthe combinés de sorte à former, aux écoinçons et au milieu de chaque côté, des ornements symétriques.