Dossier d’œuvre objet IM34010634 | Réalisé par
  • inventaire topographique
autel (maître-autel), tabernacle, retable, ancien couvent de dominicains, église paroissiale Saint-Mathieu
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hérault
  • Vol Montpellier 5e Canton
  • Commune Montpellier
  • Emplacement dans l'édifice choeur

Autel en marbre exécuté en 1741 par Pierre Rougié et Jean Baille, tabernacle de 1837. Prix-fait du retable du 5 mai 1674 passé entre les Dominicains et le menuisier André Coula et le sculpteur Antoine Subreville son gendre, pour un prix de 1220 L.

Pour le retable, prix-fait du 5 mai 1674. Exécuté par le maître menuisier André COULA et son gendre le maître sculpteur Antoine SUBREUILLE, pour le choeur de l'église Saint Mathieu d'après un contrat passé le 5 mai 1674 et dont les termes figurent dans le détail en annexe. Le dessin primitif (Cf. le prix-fait pré-cité) fut exécuté avec de légères modifications. On remplaça dans l'exécution des bas reliefs la scène de la Nativité par celle de la Visitation de la Sainte Vierge et on joignit une étoile à celui de l'Assomption. On logea en outre dans les deux niches latérales les deux statues de St Dominique et de St Thomas d'Aquin que supportent deux télamons, et que couronnèrent deux couples d'anges. Le tout coûta 1220 livres, (à ce prix fait il faut ajouter celui de la peinture qui revêtit plus tard cette boiserie).

Bois sculpté, (polychrome), doré, ronde-bosse, bas-reliefs.

Description : Pour l'aspect général, ce retable se présente comme un ensemble de trois corps distingués par quatre colonnes torses, surmonté, au seul corps central, d'un attique, et posé sur un soubassement percé de deux portes. Ces dernières, dont les boiseries sont agrémentées de petits panneaux rectangulaires, qui composent comme un jeu de fond, sont logées dans les corps latéraux entre les bases des colonnes du retable et donnent accès aux sacristies. Elles portent chacune un panneau historié de bois taillé en bas relief, figurant, pour celui de gauche, "l'Annonciation", pour celui de droite, la "Visitation".

Quant aux colonnes, leurs bases sont composées chacune de deux dés superposés, d'à peu près égale hauteur entre eux, et dont la pièce supérieure, distinguée de celle de la porte par une moulure, est agrémentée sur sa face, dans un cadre rectangulaire, d'un marmouset taillé dans le bois en demi-bosse, issant à mi corps d'une gerbe d'acanthe,et qui, de ses bras élevés brandit une guirlande. Ces colonnes sont détachées du noyau et comme adossées chacune à un pilastre plat cannelé et rudenté, au chapiteau corinthien, comme elles, mais à leur différence, soudé au noyau. Un cep de vigne volute autour de chaque colonne, tourne au long de sa gorge et répand ses pampres sur les ventres de la torsade. Des amours en bosse presque ronde chevauchent le cep, et, dans des attitudes assez stéréotypées, semblent l'escalader en s'agrippant aux vrilles et aux sarments de la vigne. Un ornement d'acanthe bague chaque colonne à sa naissance.

Au droit de chaque colonne, l'entablement marque un imposant ressaut, de même que dans l'axe, au milieu du corps central, bien que ce dernier ressaut soit d'un décrochement moindre que les autres. Deux bandes et une doucine droite ornent l'architrave ; de gras rinceaux d'acanthe agrémentent la frise ainsi que des têtes d'angelots figurées en bas relief sur chaque ressaut de l'entablement ; une rangée de denticules, une autre d'oves, une, enfin, de modillons ornés d'acanthe, soutiennent le larmier de la corniche profilé quant à lui en doucine droite. Un pot à feu trapu, aux flancs enguirlandés de pampres et d'épis de blé symboliques est posé à l'aplomb de chaque colonne, sur l'entablement. L'amortissement des corps latéraux est assuré par un fronton curviligne dont la corniche copie exactement la modénature de celle de l'entablement. Tel est l'encadrement architectural du premier niveau ; là, le corps central, plus spacieux que les corps latéraux, est agrémenté d'une vaste peinture sur toile figurant un "Saint Mathieu" suspect (IM34010646). Pour les corps latéraux, une niche cintrée, dont une coquille agrémente le cul de four, occupe chacun d'eux ; les tailloirs en sont soulignés par une légère règle; des bouquets en chute garnissent le tour de chaque niche ; au-dessus, et occupant ses écoinçons, un couple d'angelots en ronde bosse, rapporté et fixé à cet endroit, brandit une couronne florale ; en guise de cul-de-lampe, un télamon juvénile, figuré à mi corps, taillé en bosse presque ronde, surgit, comme d'une gaine, d'un ornement végétal aux éléments sinueux affrontés et adossés en contrapposto, et supporte de ses bras, auxquels se noue.et d'où pend une guirlande, le débord elliptique du sol de la niche. La niche du corps de gauche est occupée par une statue de bois de Saint Dominique ; celle de droite abrite un Saint Thomas d'Aquin de technique analogue. L'attique est constitué, par un panneau presque carré sur lequel est figuré, en bas relief, l'Assomption. Ce panneau est accosté de deux pilastres, ornés chacun au tailloir d'une tête d'angelot d'où pendent des bouquets en chute, qui portent l'entablement, avec son architrave (plates bandes), une frise lisse, et une large corniche en talon portée par un rang de denticules ; entablement qui ressaute au droit des pilastres. Un fronton curviligne, orné au tympan d'une étoile biseautée, à cinq branches, chargée au milieu d'un bouton rond, sculptée en relief, couronne l'attique en amortissement et reprend la moulure de la corniche sur laquelle il est posé. Deux ailerons volutés, ornés d'acanthe accostent l'attique et le raccordent au niveau inférieur.

Pour la polychromie de ce retable, les repeints ne permettent que malaisément d'en juger et, sous ce rapport, d'apprécier sereinement l'ensemble. Tous les motifs à figure ont été entièrement redorés. Les gris, gris bleu, gris vert, gris mauve qui servent de "fonds" composent un ensemble disgracieux et tout à fait désaccordé. Toute l'ornementation est rechampie à l'or. Ce que put être, pour la couleur, ce retable, le retable de Saint Joseph, composé également par SUBREUILLE en harmonie avec celui là, nous en donne une idée puisque sa chromie est demeurée à peu près intacte. En fait le retable majeur aparaît aujourd'hui comme le "négatif" du retable de Saint Joseph : de là sa lourdeur - tandis que sur le second l'or constitue le "fond" de la couleur, à l'exception de l'amortissement où l'or n'a servi qu'à rechampir l'ornement sur un fond gris bleu, le retable majeur généralise la formule utilisée là pour le seul amortissement. On peut douter d'y voir l'intention de SUBREUILLE.

Le décor. Statue de Saint Dominique. Le Saint plaque sa main droite sur la poitrine ; de la gauche, il tient le rosaire. Un chien à ses pieds, mord une torche, allusion à la vision de la mère du Saint, légende suggérée par le calembour sur le nom des Dominicains : domini canis. Statue de Saint Thomas d'Aquin. De la main droite, le Saint tient un livre ouvert, de la gauche, il tend un ostensoir. A ces deux figures, conventionnelles quant aux gestes, le costume monastique, drapé avec majesté, confère une certaine solennité. Du moins dans ces drapés, où le sculpteur fait alterner de larges méplats et de lourds tuyautés pendants, le meilleur de son habileté se révèle-t-il. On peut noter une manière très caractéristique dans le "rendu" des faces, d'en traîter "à part" les volumes charnus et osseux : arcades sourcillières, mentons, lèvres, etc, sont modelés oomme des volumes indépendants et reliés ensuite entre eux avec mollesse. C'est là un trait commun à tout le décor figuré de ce retable.

La dorure des drapés paraît originale : on ne saurait dire si l'intégralité de ces statues a toujours été dorée comme elle l'est à présent. Bas relief de l'Assomption. La Vierge est figurée de face, agenouillée, mains jointes, le regard levé, élevée parmi les nuées par deux marmousets, accostée de têtes angéliques. La bosse ne prend d'importance que sur la face et les mains, le reste demeurant traité en relief léger. Les figures sont entièrement dorées, ce qui, ici plus qu'ailleurs, ne paraît pas dans l'intention du sculpteur ; les nuées sur lesquelles elles s'enlèvent ont été coloriées d'un gris-bleu disgracieux dont l'opacité et la laideur trahissent le repeint inexpert.

Autres figures décoratives. Pour ces figures que leur fonction, leur place, faisaient plutôt ressortir de la description architecturale du retable, qu'on n'en fasse mention ici que pour caractériser plus précisément leur facture. Les marmousets qui, sur les colonnes torses, grimpent le long des ceps (ceps dont on notera qu'il leur arrive de se détacher de temps en temps du noyau de la colonne) comme ceux qui sont figurés en bas relief sur les bases de ces colonnes, et ceux qui ornent les écoinçons des niches, sont d'un rendu très mou et rond. Des ruptures brusques, des trous profonds, déterminent çà et là des accents d'ombres : c'est ce qui se produit aux commissures des lèvres, aux cavités des yeux, aux fossettes nombreuses par lesquelles le sculpteur aime caractériser ces figures enfantines.

Quant aux télamons qui servent de culs-de-lampe aux niches, on sent le malaise du sculpteur à traiter correctement leurs anatomies de ce fait ces figures, en partie détachées du noyau, paraissent raides et compassées. Bas reliefs au dessus des portes. Ce sont des panneaux oblongs encochés aux coins en quart-de-cercle et encadrés d'une moulure où alternent des séries de rosettes serties chacune dans un cercle, et des acanthes, réservées aux angles.

L'Annonciation. Dans un décor monumental - pilastres, porte à fronton curviligne - l'ange bénit la Vierge dont la figure se détache devant les rideaux d'un lit à baldaquin ; un vase garni de lys, au dessus duquel fond une colombe, sert d'axe à la composition. Le dallage de la pièce est curieusement figuré en perspective divergente.

La Visitation. Entre un chêne et une maison, dans le dégagement central qui donne sur une campagne montueuse sommée d'une tour la Vierge et Sainte Elisabeth s'étreignent : trois témoins de la scène, sur la gauche ; sur la droite, franchissant le seuil de la maison, Zacharie fait mine de venir à la rencontre des visiteurs.

Comme dans le panneau précédent, d'amples étoffes se moulent sur les membres des personnages et s'épandent, mouvementées, soulignant la solennité de leurs attitudes "à l'antique". Comme dans le panneau précédent, les proportions courtaudes, la mollesse des anatomies démentent avec naïveté la gravité de ces "citations" classiques.

C'est une impression identique que provoquent les figures des pots à feu de l'hôtel de Kanse, sensiblement contemporains de ces bas reliefs. Les types, quantité de détails (comme le vase de "l'Annonciation" dont le profil original se retrouve dans les moindres détails sur l'"Eliezer et Rebecca" de l'hôtel de Manse) et jusqu'aux faiblesses de facture, font songer à la même main.

Notons en outre la prédilection de l'artiste à suggérer l'espace ; d'abord au moyen d'une armature linéaire telle que la corniche de l'édifice, à droite, présentée en perspective scénique ; ensuite au moyen d'une répartition variée des matières : ainsi le sculpteur charge-t-il les premiers plans du sol de hachures ondulées, incisées dans le bois, et qui vont espaçant leurs méandres vers les lointains qui s'allègent à ce traitement ; ainsi use-t-il d'une taille à bords vifs dans l'arbre de gauche, accusant ainsi les ombres, et donnant au feuillage sa densité d'élément de premier plan : au contraire la taille se fait molle et émoussée dans les lointains suggérant le fondu du paysage. Ces panneaux entièrement redorés, émoussés quant à leurs volumes à force de repeints, ont perdu leur aspect original. Ils ne soutiennent pas une vision de trois quart : ceci tient à ce que le sculpteur ne se réfère pas toujours à son plan de base, et somme toute, qu'il pense plutôt en décorateur, en scénographe, qu'en sculpteur.

  • Catégories
    sculpture
  • Matériaux
    • marbre, polychrome
    • bois, taillé, peint, doré
  • Précision dimensions

    h = 93 ; l = 280 ; la = 60 ; Dimensions de l'autel ; tabernacle : h = 90 ; retable : h = 1100, la = 960. Le corps central est de 3m20 de large. Les statues des niches mesurent environ 2m de haut. Les portes latérales sont de 1m90 de hauteur. Les panneaux historiés au dessus de ces dernières sont de 105 x 65.

  • Iconographies
    • saint Dominique
    • saint Thomas d'Aquin
    • Annonciation
    • Visitation
    • Assomption
    • saint Mathieu et l'Ange
    • ornementation : feuilles de vigne, angelots, pots à feu
  • Précision représentations

    Autel en marbre polychromes. Retable architecturé à niches formé de trois niveaux, soubassement à deux bas-reliefs, corps central rythmé par quatre colonnes torses et attique

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé au titre objet, 1972/10/23
  • Précisions sur la protection

    le tableau est enregistré dans Palissy sous le n° PM34001002

  • Référence MH

Donation à la ville en 1829

Annexes

  • Documentation
  • PRIX-FAIT CONCERNANT LE GRAND RETABLE DE L'EGLISE SAINT MATTHIEU (5 mai 1674)
Date(s) d'enquête : 1967; Date(s) de rédaction : 2009
(c) Inventaire général Région Occitanie
Édifice
ancien couvent de dominicains, église paroissiale Saint-Mathieu

ancien couvent de dominicains, église paroissiale Saint-Mathieu

Commune : Montpellier
Adresse : 5 rue Germain