B. S. : Ce tableau a été vraisemblablement commandé par les Carmes déchaussés pour l'ornement de leur église Montpelliéraine du sixain Vincens, au faubourg, route de Toulouse (actuellement 22, avenue Georges Clémenceau). En effet, l'allusion très précise que fait notre peinture à la construction de cette église, qui se voit, dans le deuxième plan, en état avancé de construction, figurée avec une exactitude toute documentaire, semble pouvoir préciser sa date d'exécution autour de l'année 1707. C'est cette année, justement, que se terminèrent les travaux entrepris en 1699» avec la consécration, sous le vocable de Saint Joseph, de l'église des Carmes.
Tableau commémoratif, le "Saint Jean de la Croix" doit être de peu contemporain des événements qu'il illustre. Enlevé au cours des saisies révolutionnaires (qui eurent lieu aux Carmes dans les jours qui suivirent le 27 avril 1790), déposé quelques temps au "Collège" - l'ancien Lycée et l'actuel Musée Fabre - c'est à la confusion qui fit prendre le froc de Saint Jean (dont l'identité avait été oubliée) pour celui d'un dominicain, qu'au moment du concordat, vers 1805, le tableau dût d'être "placé" au couvent des frères prêcheurs -Saint Mathieu.
Dans ce tableau, nous reconnaissons, à peu de variantes près, un type semble-t-il assez répandu de Saint Jean de la Croix : celui des "visions de Saint Jean de la Croix" de Rivesaltes (Pyrénées Orientales), et de Leucate (Aude) ; ces deux dernières compositions dérivent vraisemblablement d'un modèle commun non encore identifié que sa diffusion par la gravure avait pû rendre populaire.
Cf. L'art du XVIIIe siècle dans les Carmels de France. Paris, Musée du Petit Palais, 1982-1983. (Cat. exp.). Tableau d'autel commandé pour le couvent montpelliérain des Carmes-Déchaussés, (actuellement La Providence) construit entre 1688 et 1704 (sur la droite représentation de la construction de l'église conventuelle). En 1794, le tableau est enlevé du couvent et déposé dans les classes de dessin de l'Ecole Centrale où il est inventorié en 1797, puis attribué entre 1801 et 1806 à l'église Saint-Mathieu. Attribué à Jean Ranc, fils d'Antoine, élève de Hyacinthe Rigaud à Paris à partir de 1697, reçu à l'Académie pour le portrait en 1703.