En octobre 1756, Joseph Vernet écrit au marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du Roi : "Selon l'itinéraire que vous eûtes la bonté de m'envoyer, je dois peindre le port de Cette, étant le seul du Languedoc. Je me propose, pour profitter de la belle saison, de m'y rendre vers le huit ou le dix du mois prochain, puisque, selon les plants que j'en ai vu, le plus beau point de vue sera du côté de la mer; ainsi j'auray besoin du calme pour en faire les études. J'auroy là occasion de faire sur le devant du tableau une mer un peu en mouvements et peut-être fairoy-je une tempête, ce qui produiroit un effet assez rare dans le nombre des tableaux que j'ay à faire pour le Roy, [qui] peignent ordinairement l'intérieur des ports [...] Il me semble qu'après avoir fait toutes les études nécessaires pour le port de Cette, surtout si je le prends du côté de la mer, qu'il serait assez inutile de m'établir dans cette méchante petite ville, où je serois mal à mon aise pour y peindre ce tableau, et, si je vois que la chose n'exige pas résidence sur ce lieu, je pourrois l'aller exécuter à Bordeaux où je trouverais plus de secours pour les parties accessoires qui doivent orner le tableau de Cette."
Lettre du 9 octobre 1756 du marquis de Marigny à Joseph Vernet : "Quelque envie que j'aye de vous procurer dans vos traveaux tous les agréments possibles, je ne puis consentir au désir que vous aves, après vos études faittes de ce port, finir votre tableau à Bordeaux, et je crois devoir vous faire observer que le Roy paye vos tableaux de façon à exiger de vous que vous leur donniés toute la perfection et que vous ne sauriés mieux les finir que sur les lieux. Ainsi je compte que vous achèverez votre tableau du port de Cette à Cette même [...] Je doute que le port de Cette représenté en vue du côté de la mer soit reconnu par le grand nombre de ceux qui ne l'ont vu que du côté de la terre. La tempête que vous aves dessein d'y ajouter rendroit encore votre tableau moins ressemblant, atendu qu'il est rare de voir la mer dans un port agité de la tempête. Il faudrait que le devant de votre tableau fût la pleine mer, et par conséquent que le port fût reculé dans le lointain, ce qui vous empêcherait de le détailler de façon caractéristique. Il me semble que le projet de ce tableau, tel qu'il est dans l'Itinéraire que je vous ai remis rempliroit mieux l'objet que vous deves vous proposer. D'un côté la plus grande partie de l'étang de Thau, de l'autre côté le commencement du canal du Languedoc donneroient à votre tableau un caractère distinctif."
Lettre du 11 novembre 1756 de Joseph Vernet au marquis de Marigny, écrite de Sète : j'ay à mon ordinaire parcouru tous les divers points de vües, et après avoir tout vû et bien examiné, je n'en trouve pas de plus beaux et qu'il remplisse mieux l'intention du Roy et la mienne que celuy du côté de la mer; car si je le prends du côté de la terre, à quel endroit que je me place, je ne puis voir que des parties du port, ce qui rendroit ce tableau pauvre d'objets et qui ne rendroit qu'en partie ce qu'on demande, à moins de faire trois tableaux de ce port, mais on n'en demande qu'un seul, et il en faudroit bien six pour représenter tout ce qui est indiqué dans l'Itinéraire, ou bien il faudroit faire une carte géographique [...] M. Pelerin, premier commis de la Marine, qui m'a dit avoir fait ce projet d'itinéraire, peut bien être entendu à bien des choses mais il ne l'est guère à ce qu'il faut pour faire un bon tableau. La plupart des autres ports sont décrits dans ce même goust ; je ne l'ay point suivis, et il m'aurait été impossible de le faire au port d'Antibe, Toulon et Marseille, encore moins le suivray-je dans celuy-ci [...] l'intention où je suis de représenter une tempête dans ce tableau ne m'oblige pas à me mettre plus éloigné du port que si je le faisoit avec un temps calme, je me place vis à vis l'entrée, et c'est là ou la mer se brise avec le plus de violence et où se perdent assez souvent des bâtiments."
23 décembre 1756, lettre de Joseph Vernet au marquis de Marigny : "Mrs le Commandant de cette ville et le commissaire ordonnateur de ce port, n'ont point encore reçu aucun ordre de la cour à mon sujet. La nécessité où j'ay été de profitter de quelques beaux jours qu'il a fait, m'a fait les prier de me laisser faire les opérations nécessaires au tableau de ce port ; j'ay deû montrer les lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire à ce sujet qui constatents ma commission, et sur cela, on m'a laissé faire. J'ébauche actuellement le tableau de ce port."
Lettre de Joseph Vernet au marquis de Marigny, le 5 janvier 1757 : "Le lendemain de la dernière fois que j'ay eu l'honneur de vous écrire, le commissaire ordonnateur de ce port a reçu les ordres de M. le Ministre de la Marine au sujet des opérations que je fais icy pour le Roy."
Lettre de Joseph Vernet au marquis de Marigny, le 26 mars 1757 : "Quand j'ay repris le tableau de ce port il y a deux mois, j'y avais déjà travaillé six semaines ; et celuy d'Antibe que j'ay fini icy ettoit fort avancé quand je partis d'Avignon. Je roulleray ces deux tableaux dès que le dernier finy sera assez sec. J'attends vos ordres pour sçavoir ce que j'en dois faire. Je vous prie d'observer, Monsieur, que moins ils resteront roullez, moins ils voyageronts, et moins ils courrons risque de ce gatter".
Lettre du marquis en juin : "J'ay reçu, Monsieur, les deux tableaux que vous m'aviés annoncé [...] ils sont arrivés très bien conditionnés ; j'en suis on ne peut plus satisfait, et les personnes auxquelles je les ay fait voir le sont également ; ils tiendront très bien leur place dans le sallon prochain".
Photographe prestation Fish Eye dans le cadre de l'étude du patrimoine industriel du département de l'Hérault de 2011 à 2013