Dans un courrier daté du 28 avril 1966 concernant l'aménagement et l'agrandissement de l'externat du lycée Pierre de Fermat, l'architecte Sylvain Stym-Popper propose d'employer la somme de 66.825 Francs (solde restant au titre de la décoration à la réalisation des six réfectoires au moyen de peintures qui seraient confiées aux peintres Jacques Fauché, Jean Edelman et Maurice Mélat. Ce document précise que les peintures seront "exécutées sur des panneaux de grandeur variable diposés sur les parois pleines et de chaque côté des passages réunissant les réfectoires. Elles seront peintes sur papier Canson collé panneaux en contreplaqué type "marine" et recouvert d'un verni stratifié qui les mettra à l'abri des détériorations".
Une note manuscrite datée du 25 août 1975, conservée aux Archives Nationales, signale que l'architecte a attendu le blocage définitif des crédits et qu'il a déjà fait travailler les artistes avant que la commission nationale ait validé leurs candidatures. Le programme est jugé "désolant mais insauvable".
Il n'y a pas de traces dans les documents de la commission nationale, réunie le 25 avril 1968 de l'acceptation de ces oeuvres.
L'enquête de terrain n'a permis de retrouver que deux de ces oeuvres. Elles sont en réalité des cartons de tapisserie. Celui de Marc Saint-Saëns est bien documenté. Il s'agit d'un carton pour une tapisserie intitulée "Le Chant" réalisée en 1951 par l'atelier Tabard pour le théâtre du Capitole. Il appartient à un ensemble de quatre cartons dont l'Etat prit en charge la réalisation des trois premiers. Ce carton, qui théoriquement était propriété de la municipalité de Toulouse, a donc été réutilisé par l'artiste pour la décoration du lycée Pierre de Fermat. Il appartient aux 37 cartons de tapisserie consacrés par l'artiste à la Musique, à la Poésie ou au Théâtre (Heng, Michelle, p. 332). Le texte qui figure sur le bas de l'oeuvre pourrait appartenir à Eluard, qui contribua à plusieurs oeuvres de l'artiste. Comme le signale Michelle HENG (op. cit. p. 336), ce carton résume bien la vision "panthéiste" commune à Saint-Saëns et à certains surréalistes avec la communion du végétal, de l'animal, de l'humain et l'union des contraires.
Lors des travaux de réaménagement de l'établissement en 2014, les oeuvres ont été décrochées par le restaurateur Eric Ouley avant mise en conservation préventive.
Chercheur associé à l'Inventaire général en 2002
Chercheur à l'Inventaire général depuis 2008