VORAGINE, Jacques de. La légende dorée. Paris, Garnier Flammarion, 1967, t. II, p. 169-171.
Aegidius vient de e, sans, geos, terre, et dyan, illustre ou divin. Il fut sans terre en méprisant les choses terrestres, illustre par l'éclat de sa science, divin par l'amour qui assimile l'amant avec l'objet aimé.
(Aegidius) Gilles, né à Athènes, de lignée royale, fut, dès son enfance, instruit dans les belles-lettres. Un jour qu'il se rendait à l'église, il donna sa tunique à un malade gisant sur la place et demandant l'aumône : le malade s'en revêtit et fut aussitôt guéri. Après quoi, son père et sa mère étant morts dans le Seigneur, il fit J.-C. héritier de son patrimoine. Une fois, en revenant de l'église, il rencontra un homme qui avait été mordu par un serpent. Saint Gilles alla au devant de lui, fit une prière et expulsa le venin. Il y avait dans l'église un démoniaque qui troublait les fidèles par ses clameurs, saint Gilles chassa le démon et rendit cet homme à sa santé. Or, comme le saint redoutait le danger de la faveur humaine, il s'en alla en cachette sur le rivage de la mer où, ayant vu des matelots luttant contre la tempête, il fit une prière et calma les flots. Les matelots abordèrent et ayant appris que Gilles allait à Rome, ils le remercièrent de sa bienfaisance et lui promirent de le transporter sans frais. Après être arrivé à Arles, où il resta deux ans avec saint Césaire, évêque de cette ville, il y guérit un homme attaqué de la fièvre depuis trois ans : mais conservant toujours le goût du désert, il s'en alla secrètement et demeura longtemps avec un ermite d'une sainteté remarquable, appelé Vérédome : et il mérita de faire cesser la stérilité de la terre. Partout ses miracles le rendant illustre, il craignit donc le danger dans lequel l'entraînerait la louange des hommes. Il quitta Vérédome et s'enfonça dans un désert où trouvant un antre avec une petite fontaine, il rencontra une biche sans doute disposée par Dieu pour lui servir de nourrice, elle venait à des heures fixes l'alimenter de son lait. Les gens du roi vinrent chasser en cet endroit ; dès qu'ils virent cette biche, ils laissèrent les autres bêtes et se mirent à la poursuivre avec leurs chiens : comme elle était serrée de près, elle se réfugia aux pieds de celui qu'elle nourrissait. Gilles, étonné de ce que la biche bramait contre son habitude, sortit, et quand il eut entendu les chasseurs, il pria le Seigneur de lui conserver celle qu'il lui avait donnée pour nourrice. Or, pas un des chiens n'eut la hardiesse de s'approcher de lui plus près que d'un jet de pierre, mais tous revenaient sur les chasseurs en poussant de grands hurlements. La nuit étant venue, les chasseurs rentrèrent chez eux, et le lendemain, ils revinrent au même endroit et furent encore obligés de retourner après s'être fatigués en vain. Le roi, instruit de cela, soupçonna ce qu'il y avait et s'empressa de venir avec l'évêque et une multitude de chasseurs. Mais comme les chiens n'osaient pas s'approcher plus qu'auparavant, et qu'ils revenaient tous en hurlant, on entoura cet endroit que les ronces rendaient inaccessible. Or, un archer, pour débusquer la biche, décocha à la volée un trait qui fit une blessure grave à saint Gilles en prière pour la bête ; après quoi les chasseurs s'étant ouvert un passage avec leurs épées, parvinrent à la caverne où ils aperçurent un vieillard, en habit de moine, vénérable par ses cheveux blancs et par son âge, et à ses genoux la biche couchée. L'évêque seul et le roi ayant mis pied à terre, allèrent le trouver, après avoir fait rester leur suite en arrière. Ils lui demandèrent qui il était, d'où il était venu, pourquoi encore il s'était enfoncé dans la profondeur de ce vaste désert, et enfin quel était l'audacieux qui l'avait blessé d'une manière aussi grave. Gilles répondit à chacune de leurs questions ; alors ils lui demandèrent humblement pardon, promirent de lui envoyer des médecins pour guérir sa plaie et lui offrirent beaucoup de présents. Mais il ne voulut pas employer les médecins, ne daigna pas même regarder les présents qu'on lui offrait ; bien au contraire, convaincu que la vertu se perfectionne dans l'infirmité, il pria le Seigneur de ne pas lui rendre la santé tant qu'il vivrait. Mais comme le roi en lui faisant de fréquentes visites en recevait la nourriture du salut, il lui offrit d'immenses richesses, que le saint refusa d'accepter, donnant conseil au roi d'en fonder un monastère où la discipline de l'ordre monastique serait en vigueur. Et quand le roi l'eut fait, saint Gilles, vaincu par les larmes et les prières du roi, se chargea après bien des résistances de la direction de ce monastère.
Dès que le roi Charles eut été informé de la réputation du saint, il le sollicita de venir le trouver, et le reçut avec respect. Pendant qu'ils s'entretenaient des choses du salut, le roi lui demanda en grâce de vouloir bien prier pour lui, parce qu'il avait commis un crime énorme qu'il n'oserait confesser à personne, pas même au saint lui-même. Le dimanche suivant, pendant que saint Gilles, en célébrant la messe, priait pour le roi, un ange du Seigneur qui lui apparut mit sur l'autel une cédule sur laquelle était écrit à la suite d'abord le péché du roi, enfin la rémission qu'en avait obtenue le saint par ses prières, à condition toutefois que le roi s'en repentirait., s'en confesserait et ne le commettrait plus. Il était ajouté à la fin que quiconque invoquerait saint Gilles pour n'importe quel péché, s'il cessait de le commettre, il aurait la certitude d'en recevoir la rémission par ses mérites. La cédule fut présentée au roi qui, ayant reconnu son péché, en demanda humblement pardon. Saint Gilles revint comblé d'honneurs, et en passant par la ville de Nîmes, il ressuscita le fils du prince qui venait de mourir. Très peu de temps après, saint Gilles annonça par avance que son monastère allait être bientôt détruit par les ennemis, puis il alla à Rome. Il obtint un privilège pour son église et à sa demande le pape lui accorda encore deux portes en bois de cyprès sur lesquelles étaient sculptées les figures des apôtres. Il les jeta dans le Tibre en les confiant à la conduite de Dieu. Comme il revenait, il rendit l'usage de ses jambes à un paralytique auprès de Tyberon. Arrivé à son monastère, il trouva, dans le port, les portes dont il vient d'être parlé, et après avoir rendu des actions de grâces à Dieu de ce qu'il les avait conservées entières au milieu des périls de la mère, il les plaça à l'entrée de son église pour en faire l'ornement et pour être un témoignage de son union avec le siège de Rome. Enfin le Seigneur lui révéla en esprit que le jour de sa mort approchait. Il en fit part à ses frères en réclamant leurs prières, et s'endormit heureusement dans le Seigneur. Beaucoup de personnes assurèrent avoir entendu les chœurs des anges qui portaient son âme au ciel. Il vécut vers l'an 700 du Seigneur.
Melchior Doze est né à Uzès. Mais, alors qu'il n'a que deux ans, son père (vérificateur des poids et mesures) meurt. La mère ramène ses quatre enfants à Nîmes. Il entre à 15 ans dans l'école de dessin de Nîmes, dirigée par Numa Boucoiran. Il propose des tableaux au Salon de Nîmes en 1849, dont l'Innocence protégée. C'est un succès et une première vente, qui lui permet d'arrêter ses tâches manuelles. Le 22 mars 1855, il devient professeur au lycée. Il y restera jusqu'en 1886. Il profite de la présence à Nîmes du peintre bordelais Felon. Surtout, il rencontre Hippolyte Flandrin, venu travailler à l'église Saint-Paul en 1849. Le 4 mars 1875, il devient directeur de l'école de dessin et Conservateur du Musée avant d'être évincé en 1881 par une nouvelle municipalité. Il obtint des Mentions honorables au Salon de Paris, en 1861 et 1863.