"L'autel est en marbre blanc, décoré de petites colonnettes romanes extrêmement variées dans les dessins qui ornent les fûts et les chapiteaux. Ces colonnes supportent de petits frontons triangulaires, alternant avec des arcades à plein cintre et garnis dans leurs intervalles, par des grappes de raisin et des épis de blé.
Le retable contient le tabernacle ; c'est par conséquent, la partie la plus précieuse de tout l'édifice; aussi l'architecte l'a-t-il conçu en or, enrichi de pierreries et d'émaux. Mais pour le moment, il faudra se contenter d'un provisoire et d'une richesse simulée. Il en est de même de la partie supérieure ou reliquaire, qui sera susceptible de toute la richesse que les ressources de la fabrique ou les dons des fidèles pourront lui apporter. Au devant de l'autel, et comme marchepied, se trouve un degré qui, au milieu de belles incrustations en mosaïque renferme trois médaillons dont les cartons ont été dessinés par M. Flandrin. Au milieu, le péché originel ; de chaque côté, les quatre fleuves du Paradis : le Tigre, l'Euphrate, le Gehon, le Phison. Ces médaillons, gravés au burin et rehaussés d'un stuc de couleur rouge, sont reliés par des bandes circulaires qui vont se rattacher elles-mêmes à l'encadrement général de la dalle. Tout cela est renfermé dans un ciborium de la forme la plus élégante, qui à lui seul est un véritable monument, et que nous devons décrire avec soin à cause de l'importance qu'il occupe dans l'ensemble de la décoration du choeur.
On entend par ciborium une espèce de dais, élevé sur des colonnes au-dessus du maître-autel, et qui a donné naissance aux baldaquins, adoptés plus tard dans certaines basiliques de Rome et de Paris. Son usage remonte aux temps les plus reculés de l'art religieux et il est de toute probabilité qu'il fut pour les premiers chrétiens ce qu'était l'Arche sainte pour les Hébreux. On donnait à cette partie de l'édifice la plus grande splendeur, car elle contient la table des mystères, la relique précieuse, la sainte hostie, et résume ainsi à elle seule tout le principe religieux. La voûte et l'élévation, qui en forment en quelque sorte le dôme, sont, comme la châsse, destinées à la préserver et à l'abriter. L'espace qu'il occupait dans le sanctuaire s'appelait le Saint des Saints (sancta sanctorum).
Le ciborium de l'église St-Paul repose sur trois degrés de marbre blanc : quatre colonnes en griotte d'Italie, surmontées d'élégants chapiteaux, servent de points d'appui à la partie supérieure de l'édifice. Sur chaque face, s'élève un tympan triangulaire ayant une archivolte pour base, et percé au centre par quatre lobes à jour, qui ajoutent à la légèreté de l'ensemble, et contribuent à lui donner plus spécialement le caractère d'une châsse. Le fond des tympans est garni d'un quadrille sculpté avec rosaces en blanc, se détachant sur un fond légèrement coloré. La crète dorée (dorures faites par M. Vieillard) qui couronne le monument se compose d'un ornement sculpté, terminé par une palmette, diadème brillant qui offre un aspect de grande splendeur. Le dessous du ciborium forme une voûte d'arêtes, peintes en bleu et semée d'étoiles d'or, image du ciel. Enfin, des anges tenant des encensoirs, des calices et des oliphans, reposent sur les chapiteaux, à chaque angle extérieur et complètent cette décoration remarquable, qui fait le plus grand honneur à M. Questel et ajoute beaucoup à l'importance et à l'effet intérieur de son église.
Nous citerons aussi, pour leur accorder une grande part d'éloges, M. Colin, l'auteur de ces quatre figures d'anges, rappelant si bien la simplicité naïve du XIe siècle, et de ces élégants chapiteaux que nous ne saurions trop recommander à l'examen des connaisseurs; enfin, M. Denuelle qui, dans l'ornementation a fait preuve du meilleur goût en harmonisant cette partie avec l'ensemble de la décoration générale."
Photographe prestation Fish Eye dans le cadre de l'étude du patrimoine industriel du département de l'Hérault de 2011 à 2013