Il est très tentant de rattacher au grand couvent des Ursulines situé à cent mètres des deux églises de Notre-Dame-des-Pommiers et des Cordeliers les six tableaux de Notre-Dame-des-Pommiers concernant les vies de sainte Ursule et de saint Augustin. Lors de la Visite pastorale du 27 février 1688 (AD13, 3 G 301), tout est trouvé parfait dans ce couvent, autant la richesse des lieux que la «manière de vie » des religieuses. Il est notamment précisé que 'autel est en fort bon estat et fort propre aussy que le retable et l'église qui est toute entourée de tableaux avec frises et lambris surdorés. Le texte implique donc la mise en place de parements de murs en boiseries avec des encadrements sculptés et dorés, dont la richesse correspond bien aux cadres très ouvragés des tableaux actuels. Qu'en est-il de l'auteur ? Etienne Parrocel, descendant de la grande dynastie de peintres, écrit dans sa Monographie des Parrocel publiée en 1861 : «Pierre Parrocel peignit à Beaucaire, où existe encore cette œuvre, l'histoire de sainte Ursule en cinq tableaux» (texte accessible sur Gallica). Pierre Parrocel naît en 1670 à Avignon où il décède en 1739 ; ces œuvres ne pouvaient donc être dans l'église en 1688 mais les Ursulines de Beaucaire expriment à la fin du 17e siècle une recherche de la beauté qui a certainement continué de se manifester pendant les décennies suivantes et de nouvelles œuvres ont pu venir embellir leur église. L'accrochage dans Notre-Dame révèle deux cycles, un de saint Augustin et l'autre de sainte Ursule. C'est saint Charles Borromée lui-même qui soumet les Ursulines à la règle de saint Augustin en 1572, alors qu'Angèle Merici, en présidant à leur fondation en 1535, n'avait pas prévu d'obligation de vie en communauté pour ces femmes dévouées à l'éducation des jeunes filles et aux soins des malades et des pauvres. En 1630, dix religieuses viennent de Pont-Saint-Esprit pour fonder un monastère à Beaucaire, où elles ne s'installent vraiment qu'en 1645. Elles jouissent d'une excellente réputation dans la ville où elles font beaucoup de bien. Des lettres patentes royales confirment leur établissement en 1725 ; cette reconnaissance ouvre la possibilité de bienfaits supplémentaires qu'elles purent vouloir traduire en œuvres d'art dans l'église. Il n'y a pas cinq tableaux sur l'histoire de sainte Ursule mais trois, et les trois autres concernent saint Augustin.