Les fonts baptismaux de l'église Saint-Paul sont aujourd'hui constitués de deux éléments bien distincts, une cuve magnifiquement sculptée du XVIe siècle et une superstructure du XIXe siècle. Quatre registres de sculpture recouvrent la totalité visible de la vasque : une large assise de godrons, une ligne d'oves séparés par des dards feuillus, une rangée moins répétitive mais symétrique de part et d'autre des armoiries, faite de fleurs différentes, du soleil, de la lune, d'une étoile. Le dernier registre est de feuilles d'acanthes. Trois reliefs plus importants scandent le cercle : des armoiries, le buste d'une femme qui doit être la donatrice, détail courant dans la sculpture de la Renaissance et un espace en carré sur pointe laissé vide (ou martelé) mais bordé de riches feuillages ; des têtes de lion, des visages, grimaçants ou non, complètent le décor.

Le relief principal de la cuve est entouré de feuilles de chêne avec les armoiries de la famille beaucairoise des Thieuloy ou Tieuloy, encore visibles dans une cour de la rue Jean-Jacques Rousseau, ancienne rue Tilloy. L'historien Eyssette affirme que la famille portait d'azur au sautoir de gueules accompagné de quatre merlettes de sable (Pour le non averti en matière d'héraldique, il s'agit d'une croix de saint André rouge (de gueules) sur un fond bleu (azur) ; dans chaque espace vide du fond un oiseau (merlette) noir (sable). Eyssette semble cependant avoir fait une petite erreur puisqu'une des règles de base de l'héraldique est l'interdiction de mettre une couleur (azur) sur une couleur (gueules) ; il faut toujours alterner couleur et métal. L'association avec les Tilloy reste néanmoins correcte). La famille Thieuloy apparaît à Beaucaire dans les textes à partir du XVe siècle sans discontinuer jusqu'à la Révolution.

La structure en pierre du XIXe siècle n'est pas sans rappeler les tours eucharistiques utilisées pour conserver les hosties consacrées, jusqu'à ce qu'elles soient supplantées de façon définitive par le tabernacle. Sur une armoire fermée, s'élèvent trois niveaux sculptés à l'imitation d'un clocher gothique de la fin du Moyen Age. Très éclectique, le travail montre aussi un bas-relief du Baptême de Jésus selon un modèle de Poussin.

Il semble y avoir un lien entre un piédestal conservé au Musée Auguste Jacquet et la cuve des fonts baptismaux.

Les mesures des deux éléments additionnées indiquent que la pièce d'origine était plutôt un bénitier, conclusion à laquelle incitaient déjà les représentations d'armoiries privées et du buste de femme (des armoiries en relief sont présentes dans le fond des trois bénitiers de marbre rouge qui se trouvent dans l'église), iconographies bien éloignées du respect dû au sacrement du baptême. Le piédestal, daté de septembre 1571, replace l'ensemble quelques années après la consécration de la nouvelle église des Cordeliers, pour autant que le bénitier vienne de cette église. Comme sur la vasque, le décor sculpté est à registres : au niveau inférieur, sont représentés les symboles des quatre Evangélistes, sur lesquels s'appuient deux atlantes barbus adossés.