Une confrérie majeure, celle du Très-Saint-Sacrement :
Dans le courant du XVIIe siècle, des vols ont lieu au maître-autel, décidant le clergé de Notre-Dame à conserver exceptionnellement le Saint-Sacrement dans la chapelle du Corpus Domini qui possède une grande grille. Le Visiteur pastoral de février 1688, Mgr de Monteil de Grignan accepte cette pratique et en fait une règle que ses successeurs confirment. La confrérie du Saint- Sacrement devient ainsi détentrice d'importantes charges et droits : du côté des charges tous les frais de luminaires et le devoir de porter le Saint-Sacrement partout où il est utile, l'entretien d'une chapelle au contenu précieux – il s'y trouve même, dans une armoire, deux châsses d'argent, l'une de Notre-Dame et l'autre de sainte Anne, un reliquaire d'argent où il y a une relique des souliers que la tradition attribue à la Vierge (AD13, 3 G 301, visite de 1715). Du côté des droits, la confrérie du Saint-Sacrement reçoit de la part des autres confréries de l'argent pour les luminaires et elle a toujours le premier rang dans les grandes processions. Tous les biens matériels de la confrérie disparaissent avec la Révolution. Lors du récolement d'avril 1795, apparaît encore « l’ornement complet appartenant à la confrairie du saint sacrement servant pour la procession de la Fête-Dieu en damas blanc galonné en grands et petits galons, composé de deux chapes, la chasuble, deux [d]a[l]matiques, le voile du calice, les étoles et manipules nécessaires audit ornement et la bourse». Lorsque l'église Notre-Dame est rendue au culte, en 1802, la chapelle du Saint-Sacrement est aussi dépouillée que le reste mais attire rapidement à elle des dons. Monsieur Gilles Lambert offre alors
« tout le fer nécessaire pour le grillage de ladite chapelle (AD30, V 109)». Au cours du XIXe siècle, un autel en marbre, des lambris de bois polychromé et doré, un décor peint du Christ de l'Eucharistie sur les voûtes, les tableaux de la confrérie des Trinitaires au pied de la Trinité et de la confrérie du scapulaire créent un écrin à l'œuvre la plus intéressante, qui est le tableau des Pélerins d'Emmaüs
qui forme une paire avec le tableau de la Résurrection du Christ accroché dans le déambulatoire de la nef.
La confrérie peine sans doute à rétablir ses revenus du XVIIIe siècle. Surtout, en 1821, Beaucaire change de diocèse avec le rétablissement de l'évêché de Nîmes. Mgr de Chaffoy ordonne que
le Saint-Sacrement soit désormais conservé dans le tabernacle du maître-autel. Les privilèges de la confrérie sont d'abord maintenus mais les membres de la fabrique prennent peu à peu les responsabilités, et donc la place honorable, des membres de la confrérie qui perdent aussi
progressivement leurs moyens de financement. Le prétexte à rupture définitive est atteint en 1835 (dossier aux archives de l'évêché ; la confrérie y présente son point de vue).
quand le curé demande à la confrérie 600 francs de participation à l'achat d'un grand ostensoir en argent, pour la paroisse, et qui coûte 2 800 francs. L'association ne peut offrir que deux cents francs, ce qui fragilise encore sa position. Dans une lettre à la fabrique, la confrérie du Saint-Sacrement renonce à tous ses anciens privilèges, redevient une confrérie comme les autres, se limitant désormais à l'entretien de sa chapelle et à une place ordinaire dans les processions.