Verrière de l’Arbre de vie, d'après le Lignum vitae de saint Bonaventure, posée vers 1310-1320 au-dessus de l'autel de la chapelle Sainte-Croix. Vitrail considérablement restauré, modifié, restitué et complété de façon souvent fautive par Alfred Gérente en 1860. Cette restauration est faite sans que soit bien comprise l'iconographie originale si bien que la reconstitution de la partie inférieure de la verrière ne convient pas (18 panneaux entièrement neufs) ; les nombreuses inscriptions, elles aussi le plus souvent non comprises ne sont pas restituées, mais au contraires leur désordre est le plus souvent augmenté, le principal souci du restaurateur étant de rétablir la cohérence formelle de l'ensemble. Le premier à établir un lien avec le Lignum vitae de saint Bonaventure est probablement Nathaniel-Hubert-John Westlake (Westlake, 1882). L'identification claire du sujet revient à l'abbé Cals (Cals, 1920). Une proposition de restitution est avancée par Gustave-Joseph Mot dans son article de 1947 (Mot, 1947), depuis précisée et détaillée dans les travaux de Jacques Guéret-Laferté (Guéret-Laferté, 1962) et de Jean-Pierre Suau (Suau, 1983).
- recensement du vitrail
- (c) Inventaire général Région Occitanie
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Aude
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Commune
Carcassonne
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Adresse
place Saint-Nazaire
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Dénominationsverrière
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Dossier dont ce dossier est partie constituante
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Période(s)
- Principale : 1er quart 14e siècle
- Principale : 3e quart 19e siècle
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Dates
- 1860, daté par source
Baie 8 (MH 17). Vers 1310-1320 et 1860.
3 lancettes trilobées, tympan à 9 grands trilobes, 8 petits trilobes et 6 écoinçons.
Description de l'état actuel
Registre inférieur entièrement composé en 1860. Au pied de l’arbre, évocation du péché originel avec Adam et Eve, inscription QUO LIGNO VETUS ADAM/MORTEM PROTULIT NOVUS/ADAM VITAM RETULIT (restitution imaginée en référence à la narration de l'invention de la croix dans la Légende dorée de Jacques de Voragine ? et à diverses autres sources (Suau, 1983) ; à gauche l'Arche de Noé : signature dans un cartouche ALF. GERENTE/PEINTRE VERRIER/QUAI D'ANJOU 13, et inscription dans le toit de l'arche CETTE VERRIER A ETE RESTAUREE/ET COMPLETEE AN L'AN 1860 PAR/ALFRED GERENTE, PEINTRE VERRIER/A PARIS/BEAUCOUP DE PARTIES DANS CETTE/FENETRE, ET NOTAMMENT LES DIX HUIT/PANNEAUX DU BAS MANQUAIENT./AU LECTEUR SALUT. ALFRED GERENTE. A droite l'Arche d’alliance, inscription dans un cartouche CETTE VERRIERE/A ETE/ RESTAUREE ET COMPLETEE EN L'AN DE NS/ MDCCCLX.
Au centre de la 2e lancette, Christ en croix Au centre de la verrière dans la lancette médiane, Christ en croix sur le tronc de l'arbre.
Le tronc de l’arbre porte 14 branches chargées de feuillages donnant autant de fruits, dotées d'inscriptions se rapportant à l’Incarnation, à la Passion et à la Résurrection; elles portent de longues inscriptions où se déploient les chapitres du traité de saint Bonaventure à la gloire du Christ ; chaque branche est chargée de 9 bouquets de 3 feuilles ; dans les première et troisième lancettes, le long des bordures, superposition d'arcatures qui abritent des prophètes tenant des phylactères où sont inscrites leurs prophéties.
Sur les fruits de l'arbre, 14 inscriptions latines, les deux du bas (panneaux A3, A5, C3 et C5) étant modernes et les suivantes reprenant les titres des 12 mystères de l'origine, de la souffrance et de la glorification selon saint Bonaventure relevées (nombreux désordres dans la disposition actuelle, surtout dans la lancette gauche ; inscriptions souvent abrégées et fautives ; restaurations) (tableaux détaillés dans Suau, 1983).
Phylactères portés par les branches. 2e et 3e registres (panneaux A4, A6, C4 et C6 modernes), textes tirés de la Genèse, choisis par Gérente en rapport avec le thème central du registre inférieur restitué par ses soins ; du 4e au 9e registres textes versifiés de l'arbre de vie de saint Bonaventure (nombreuses erreurs anciennes de transcription, remaniements, et restitutions opérées au XIXe s. nombreux) (tableaux détaillés dans Suau, 1983).
Au sommet des lancettes de droite et de gauche, anges thuriféraires et astrophores (quelques restaurations : têtes des anges des lancettes de droite et de gauche).
Au sommet de la lancette médiane, pélican symbolique de la Rédemption et oiseau perché sur la tige de l'arbre ; inscriptions en grand désordre dans lesquelles ont pu être identifiés l'énumération des sept dons du Saint-Esprit et deux strophes versifiées en quatrains du prologue du Lignum vitae de saint Bonaventure (textes actuellement en très grand désordre et presque incompréhensibles), qui laissent penser que la première des strophes composant ce prologue se trouvait initialement au bas de l'arbre (Suau, 1983).
Prophètes des parties latérales des lancette de gauche et de droite disposés chacun sous des arcatures trilobées et tenant un phylactère où sont portées des prophéties annonçant ou complétant les quatrains de saint Bonaventure (inscriptions bouleversées, coupées, interverties et parfois très refaites). La restitution la plus récente est celle de Jean-Pierre Suau (Suau, 1983), dans la lancette de gauche, de bas en haut : Sophonie (moderne, remplaçant Jérémie), Michée (moderne), Jérémie (remplaçant Amos), Isaïe, Daniel (remplaçant Isaïe), David, Joël (remplaçant Daniel), Moïse remplaçant Jacob), Zacharie ; à droite : Nahum (moderne), Osée (moderne), Aaron (remplaçant Michée), Amos (remplaçant Habacuc), Ezechiél (remplaçant Jérémie), Salomon (?), Job, Samuel (remplaçant Moïse?).
Tympan : ornements végétaux dans les trilobes inférieurs ; dans la rose, fermaillets sur fonds de couleurs cernés d'un filet
Technique, conservation : extrême déformation des verres due à une cuisson un peu poussée, les verres ayant probablement été superposés dans le four, grisaille relativement peu adhérente sur des verres vraisemblablement sodique ; recuisson lors de la restauration de Gérente (?).
« de nombreuses pièces de phylactères présentent un curieux remaniement des grisailles avec surimpression de traits de grisaille pour cacher une lettre et dépouillement de la nouvelle lettre sur la même pièce, preuve supplémentaire de la difficulté du peintre verrier à copier les inscriptions qui lui étaient fournies par le concepteur de l'iconographie. Les restaurateurs du XIXe s. n'ont pas mieux compris l'iconographie originale.
Restauration : Avant la restauration du XIXe siècle, la partie basse de la verrière manquait, ayant été masquée par le haut d'un retable baroque. Les pièces retirées lors de l'installation de ce retable ont été pour une part utilisées comme bouche-trous dans le vitrail ; beaucoup sont encore en place. Ferdinand de Guilhermy signale que la verrière, déposée dès 1858, a été restaurée en 1860 dans l'atelier Gérente à Paris (inscriptions) et qu'elle était reposée en 1861 ; à l'occasion de l'observation des panneaux dans l'atelier, Guilhermy a-t-il pu conseiller Gérente pour la restitution des parties manquantes ? Lors de cette intervention, les 18 panneaux perdus du bas de la verrière sont recomposés suivant une iconographie fautive. Le découpage des panneaux est probablement revu, ce dont témoigne le renouvellement de la presque totalité des bordures. De nombreuses pièces sont remplacées et des panneaux déplacés souvent de façon erronée, comme le remploi du saint Jean l'évangéliste initialement au registre inférieur, à la place du prophète Michée (3e registre), qui ajoute du désordre aux perturbations déjà subies par les inscriptions, souvent, aujourd'hui, quasi impossible à restituer, surtout pour les textes prophétiques.
L'intervention menée par Richard Burgsthal peut être décelée par la présence de verres spécifiques, de plombs plus larges et de nombreuses « bretelles » masquant des casses. Les panneaux des registres 6 à 8 du vitrail, soit 18 panneaux sont restaurés dans l'atelier Pinto à Tusson (Charente) en janvier-février 1998, pour être présentés au Grand-Palais à Paris, de mars à juin de la même année dans l'exposition L'art au temps des rois maudits. Philippe le Bel et ses fils. L'ensemble de la verrière se trouve pour restauration en 1999 à l'atelier Parot à Aizeray (Côte-d'Or). Les deux ateliers de restauration soulignent le bon état de la mise en plombs, la faible altération de la masse vitreuse, à l'exception des verres rouges, de très nombreux plombs de casse ; la peinture trahit de nombreuses zones d’effacement du trait et des écailles, spécialement dans les inscriptions. Plusieurs inscriptions fautives sont reprises. Quelques retouches à froid. Pose d'une double-verrière de protection.
Évocation de la disposition originale : Registre inférieur, divers personnages de la Crucifixion, dont « (...) les saintes femmes qui pleurent et saint Jean l’Évangéliste », si l'on se fie au témoignage de Guilhermy.
Forme semblable à Carcassonne malheureusement mutilé par les restaurateurs et mal compris cf. travaux du chanoine Cals (Cahiers d’histoire et d’archéologie, Nîmes, II, p. 166-172) : « comme à Puigcerda, les douze fruits latéraux se détachent des riches frondaisons de l’arbre, autant de vertus salutaires que Jésus nous enseigne et qu’expliquent pour chaque fruit, quatre banderoles appropriées se rapportant à la Passion et à la glorification du Christ avec au total 48 inscriptions léonines qui constituent dans le Lignum vitae de saint Bonaventure le titre même de ses 48 chapitres et méditations. A chaque fruit correspond également sur le vitrail un phylactère prophétique que tiennent sur les bords de la verrière des personnages, prophètes, rois de l’ancien testament ».
les restaurateurs du XIXe siècle croyant reconnaître l’Arbre du bien et du mal y ont placé : l’arche de Noé et son pendant l’Arche d’Alliance, Adam et Eve et le péché originel avec sentences et prophéties se rapportant à la tentation, à la chute et à la punition. Ainsi l’arbre de vie est devenu arbre de mort, celui là même dont les fruits ont valu à Adam et Eve avec la science du bien et du mal le péché originel et ses conséquences de mort.
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Catégoriesvitrail
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Structures
- lancette
- tympan ajouré
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Matériaux
- verre transparent
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Mesures
- h : 1 250 cm
- la : 340 cm
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Statut de la propriétépropriété de l'Etat
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Protectionsclassé MH, 1840/01/01
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Référence MH
- (c) Inventaire général Région Occitanie
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Bibliographie
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LASTEYRIE, Ferdinand de. Histoire de la peinture sur verre d'après ses monuments en France. Vol. texte, 1857, p. 120, et 1853, PL XLV.
p. 280 -
CROS-MAYREVIEILLE, Jean-Pierre. Les monuments de Carcassonne. Paris, 1850.
p. 83 et note 16, p. 181 -
WESTLAKE, Nathaniel Hubert John. A History of design in painted glass. Londres-Oxford, Parker. 4 vol.
vol. 2, 1882, p. 84-86, pl. LXXIII, p. 86-88 -
BIGET, Jean-Louis. « Recherches sur les financements des cathédrales du Midi au XIIIe siècle », Cahiers de Fanjeaux n° 9, 1973, p. 127-164.
-
MOT, Gustave-Joseph. « Le vitrail du Bois de Vie à Saint-Nazaire de Carcassonne », Bulletin de la société archéologique du Midi de la France, t. V, Toulouse, 1942-1943, 1944, p. 314-316.
-
SABLAYROLLES, J. « Rétrospective sur les verrières de Saint-Nazaire », Bulletin de la Société d’études scientifiques de l’Aude, t. 1, 1949, p. 28-34.
p. 28-34 -
DURLIAT, Marcel. L'art dans le royaume de Majorque. Toulouse, 1962.
p. 313 et sq -
DURLIAT, Marcel. L'arbre de vie de Puigcerda, 20 p.
-
Mazières, abbé ; et MONTS, Bruno de, abbé. « Le vitrail de l’Arbre de vie à la basilique Saint-Nazaire de Carcassonne », Mémoires de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne, t. X, 4e série, 1979-1981, p. 244-247.
p. 244-247 -
GRODECKI, Louis ; BRISAC, Catherine. Le vitrail gothique, Genève, 1984.
p. 244 -
SUREDA I PONS, Joan. « El Lignum vitae protogótico de la iglesia parroquial de l’Arboç », De la création à la restauration. Travaux d’histoire de l’art offerts à Marcel Durliat pour son soixante quinzième anniversaire, Toulouse, 1992, p. 351-363.
p. 351-363 -
LAUTIER, Claudine. « Vitrail : Arbre de vie », L’art au temps des rois maudits. Philippe le Bel et ses fils (1285-1328), cat. exp., Paris, Galeries nationales du Grand Palais 17 mars-29 juin 1998, Paris, 1998.
p. 388-389 -
DONADIEU-RIGAUT, Dominique. Penser en images les ordres religieux : XIIe-XVe siècles, Paris, 2005.
-
MARTIGNETTI, Richard. L'arbre de vie de saint Bonaventure. Théologie du voyage mystique, Éditions franciscaines, 2014.
Né à Mulhouse. Conservateur en chef du patrimoine - Centre André Chastel (Laboratoire de recherche en Histoire de l'art - UMR 8150 du CNRS) Institut national d'histoire de l'art, 2, rue Vivienne.
Directeur du Comité français du Corpus vitrearum.
Vice-directeur de la Revue de l'art.
Docteur habilité à diriger des recherches (Université François Rabelais, Tours).
église Saint-Nazaire de Carcassonne
Adresse : Place Saint-Nazaire
Né à Mulhouse. Conservateur en chef du patrimoine - Centre André Chastel (Laboratoire de recherche en Histoire de l'art - UMR 8150 du CNRS) Institut national d'histoire de l'art, 2, rue Vivienne.
Directeur du Comité français du Corpus vitrearum.
Vice-directeur de la Revue de l'art.
Docteur habilité à diriger des recherches (Université François Rabelais, Tours).