La fontaine présente deux époques de constructions distinctes : la cuve circulaire en plomb remonte au parti d'origine (2e moitiée du 13e siècle) et évoque les cuves baptismales de la même époque. Elle a été surmontée au 17e siècle d'un groupe d'enfants montés sur des dauphins. En mauvaise état, elle échappe à la destruction en 1881 pour être placée dans le jardin du musée archéologique d'Albi. Elle a depuis l'an 2000 regagné la place de Lisle-sur-Tarn.
- dossier ponctuel
- (c) Inventaire général Région Occitanie
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Pays du Vignoble Gaillacois, Bastides et Val Dadou - Lisle-sur-Tarn
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Commune
Lisle-sur-Tarn
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Adresse
place Paul Saissac
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Cadastre
1833
H
812
;
2011
H 02
domaine public
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Dénominationsfontaine
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AppellationsGriffoul
Le Griffoul a été réalisé entre 1250 et 1270 : il correspond à la fontaine offerte à la ville par Alphonse de Poitiers et Jeanne de Toulouse. Il a occupé la place centrale de Lisle-sur-Tarn du 13e au 19e siècle où selon des vues anciennes, il était associé à un abreuvoir, visible notamment sur le plan cadastral de 1833 ainsi que sur une photographie autour de 1870 (publiée par Arvengas, 1981, p. 53).
Après deux réparations, l'une en 1586 par Nicolas Nalze maître maçon et la seconde en 1606 par Antoine Golce, maître maçon à Rabastens (avec des tuyaux fournis par Bertrand Valas, maître potier à Giroussens), la vasque initiale a été modifiée : un pivot en bronze a été dressé en 1614 par Arnaud Boudret, maître-fondeur de Toulouse d'après un modèle d'Oratio Feraii (AD Tarn, 145 EDT DD). Il a été complété en 1661 par un groupe d'enfants en bronze montés sur des dauphins, oeuvre d'Antoine de Pouzoles, maître-fondeur toulousain sur un modèle donné par le sculpteur rabastinois Jacques Boucher. L'eau doit sortir de la coquille de chacun des enfants, par la bouche des dauphins et en cinq endroits de la fleur de lys.
La fontaine est l'objet de travaux à la fin du 17e siècle (en 1666 par Bergis, fontainier de Montauban, en 1686) et au début du 18e siècle pour réparer la conduite des eaux entre la source et la bassin (Arvengas, 1981, p. 73-79). En 1713, la fontaine est restaurée par Antoine Barrau cadet, fontainier à Toulouse d'après le devis dressé par Bridel qui signe "Bridel ingienieur idrolique" (AD Tarn, 145 EDT DD) En 1731, il est fait défense d'aller y laver le linge, d'y nettoyer les chaudrons, broches et autres batteries de cuisine. Interdiction est également faite d'y aller laver le blé.
Des travaux sont à nouveau réalisés au milieu du 19e siècle : en 1867, M. Lacaux, ingénieur, dépose ses plans et devis pour les fontaines de Lisle-sur-Tarn. Le projet prévoit deux conduites, l'une vers la fontaine de la place qui doit être reconstruite en grès rouge, l'autre vers le quartier Saint-Louis. La commission de suivi exige que du griffoulet aux tuyaux de fontes, il n'y ait qu'une conduite unique et qu'à ce point seulement, une deuxième conduite desserve le quartier Saint-Louis. Le maire s'oppose à cette deuxième conduite : toute l'eau disponible à la source doit être conduite à la fontaine de la place d'où l'eau, après avoir jailli, alimentera toutes les autres bornes-fontaines de la ville. Il demande grâce pour l'ancienne fontaine, mais elle est condamnée par 15 voix contre 5. Les travaux réalisés ne donnent pas totalement satisfaction. M. Maruéjouls, maire en 1879 indique lors de la réunion du conseil municipal du 22 juin 1879 "le mauvais état des fontaines dont la ruine est imminente, la salubrité et les travaux que les administrations précédentes ont fait exécuter à grand frais pour amener les eaux dans la ville, l'engagent à proposer à l'assemblée la construction de plusieurs bornes fontaines d'une fontaine monumentale en remplacement de celle qui existe au centre de la place qui malheureusement tombe en vétusté". La destruction entérinée suscite des oppositions, dont celle du docteur Crouzet qui défend ce monument, contemporain de la création de la ville, suggère des aménagements pour la conserver partiellement et s'adresse au préfet.
Le préfet du Tarn, transmet la lettre de Crouzet à M. Jolibois, président de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du Tarn, qui propose que l'ensemble, cuve et groupe sculpté, soit transféré à Albi, dans le musée départemental alors situé à l'hôtel Rochegude, projet approuvé par le conseil municipal de Lisle le 19 juin 1881.
Pour permettre de mener à terme la restauration de la place médiévale de Lisle-sur-Tarn, le retour de la fontaine à sa place d'origine a été approuvé (délibération du conseil municipal d'Albi des 15 juillet 1991 et 29 mai 2000, protocole d'accord entre les deux communes du 8 septembre 2000, délibération du conseil municipal de Lisle-sur-Tarn du 27 mars 2000). Le groupe d'enfants montés sur des dauphins n'a pas été réintégré après le retour de la fontaine à Albi : les nombreuses fuites de la fontaine ont nécessité sa mise à l'abri au musée de la commune. Le bassin resté en place a été rempli de pots de fleurs pour décourager les passants d'y monter (Rapport LRMH 2015). Les problèmes de fuite proviennent essentiellement de la zone d'alimentation qui rejoint la zone de fixation de l'arbre central avec son groupe sculpté.
Pendant la durée de son déplacement à Albi, la fontaine de Lisle avait été remplacée par une copie, achetée 2 200 F en 1891 (Journal du Tarn, 05 décembre 1891).
Fontaine composite constituée d'un groupe central en bronze placé sur un piédestal en pierre, l'ensemble étant placé au centre d'une cuve en plomb de forme circulaire qui repose sur 8 piliers. Cette dernière mesure 8,35 m de circonférence et ses parois ont une hauteur de 0,34 cm. Celle-ci résulte de l'assemblage de cinq éléments moulés et soudés qui, au vu de la façon dont ils interrompent la frise, ont visiblement été modifiés par rapport au parti d'origine. La disposition avec 8 piliers semble dater du transfert de la fontaine à Albi : les témoignages plus anciens montrent un support maçonné.
La cuve est constituée de deux frises superposées, d'égales largeurs, séparées par un cordon. La frise supérieure est constituée de quadrilobes en bas-relief dont chacun abrite un musicien (trompette, viole) ou un grotesque. La frise inférieure présente une série d'arcatures en plein cintre qui abritent une série de trois personnages récurrents traités en moyen relief : un évêque encadré par deux desservants. Cette frise est interrompue par endroits par une fleur de lys et une croix occitane, référence aux deux mécènes de la fontaine. Cette disposition de deux frises superposées évoque les cuves baptismales qui ont reçu le même type de décor, comme à Lombez, Cintegabelle ou Vias (Arvengas,1981, p. 57 à 71).
Au centre de la cuve, un groupe sculpté en alliage cuivreux, porté par un arbre central, représente quatre enfants montés à cheval sur des dauphins, tenant chacun une trompe dans laquelle ils soufflent et d'où jaillit l'eau.
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Murs
- pierre
- métal
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Techniques
- sculpture
- fonderie
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Représentations
- fleur de lys
- homme
- quadrilobe
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Statut de la propriétépropriété de la commune
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Intérêt de l'œuvreà signaler
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Protectionsclassé MH, 1914/04/18
classé MH, 2001/12/10
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Précisions sur la protection
La fontaine avec le groupe d'enfants et de dauphins (autrefois située dans le parc de Rochegude à Albi) (cad. domaine public, non cadastré) : classement par arrêté du 10 décembre 2001, modifiant le classement par J.O. du 18 avril 1914
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Référence MH
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
Documents d'archives
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Archives départementales du Tarn 3 P 145 : plan cadastral de Lisle-sur-Tanr, 1833, secontion H.
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AD Tarn 145 EDT : Lisle-sur-Tarn, I. Archives antérieures à 1789 DD - Biens communaux - Eaux et forêts - Travaux publics - Voirie Réparations à la fontaine ou Griffoul de la ville, 1586-1770.
Bibliographie
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Azéma Aurélia, Texier Annick, LISLE-SUR-TARN - 81, Tarn (Midi-Pyrénées). Fontaine du Griffoul : examen technique, état de conservation et avis sur le projet de restauration ; étude et rapport. Champs-sur-Marne : LRMH, juin 2015 - 2015
Périodiques
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Arvengas (Denise), La fontaine de Lisle, dans Revue du Tarn, n° 101, printemps 1981, p. 51-96.
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Journal du Tarn, 05 décembre 1891
Documents figurés
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Photographie de Georges Estève : fontaine de Lisle-sur-Tarn dans le parc Rochegude.