L'usine a été construite au début des années 1930, pour donner plus d'ampleur à la production d'eaux en bouteilles, activité principale de la station du Boulou qui était auparavant pratiquée au coeur même des installations thermales, notamment dans la grande aile d'administration des eaux construite en 1907 (très remaniée). Les sources Jeannette et Colette ont été commercialisées dans des bouteilles en verre jusqu'en 2000. Il s'agit d'un rare exemple de bâtiment industriel thermal à l'échelle des stations thermales pyrénéennes.
- recensement du patrimoine thermal
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- (c) Inventaire général Région Occitanie
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Pyrénées
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Commune
Le Boulou
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Cadastre
2024
AX
007
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Dénominationsusine de mise en bouteilles des eaux minérales
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Dossier dont ce dossier est partie constituante
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Parties constituantes non étudiéesstation de captage
L'embouteillage de l'eau du Boulou au XIXe siècle
Deux sources, Le Boulou, et Saint-Martin de Fenouillard, sont analysées en 1754 par Venel et Bayen mais leur exploitation ne commence que dans les années 1840 après la constitution d'une société. L'acte notarié qui l'institue, passé le 13 novembre 1840 chez Me Joseph Bouix, notaire à Perpignan (Frenay, p. 99) prévoit de vendre le litre d'eau sur place à 50 centimes, dans le départements des Pyrénées-Orientales à 75 centimes et partout ailleurs à 1 F. La mise en bouteille faisait donc partie du projet d'origine et un dépôt d'eau en bouteille existe à Perpignan auprès de Philippe Massot, place de la liberté (Journal des Pyrénées-Orientales, 2 juin 1852).
Une annonce publiée en 1862 indique que les bouteilles du Boulou sont fermées par une capsule, gage de modernité et de qualité de l'eau. Leur dépôt central se trouve à Perpignan, encore chez Philippe Massot, rue de la Fusterie (Journal des Pyrénées-Orientales, 23 août 1862). La société tire ses ressources de l'exploitation de l'eau embouteillée plus que de sa fréquentation.
Les analyses du professeur Béchamp, professeur à la faculté de médecine de Montpellier, conclut en 1862 à l'identité des eaux avec celles de Vichy et il surnomme la station du Boulou "la Vichy du Midi". Cette formule, reprise par la société exploitante est considérée comme de la concurrence déloyale par la Compagnie fermière de Vichy qui intente un procès à la Société fermière des Eaux du Boulou. Cette dernière doit faire changer les étiquettes de ses bouteilles pour éviter toute confusion (Cour d'Aix, décision du 11 janvier 1898).
Les trois sources, Clémentine, Boulou, Saint-Martin, sont destinées à la boisson et sont reconnues d'utilité publique par un décret du 15 janvier 1892.
L'essor de l'embouteillage au XXe siècle.
En 1907, un bâtiment d’Administration des Eaux, implanté face à l'hôtel, est construit, soit au coeur de la station. Il est prolongé de part et d'autre par des ateliers. On y procédait au rinçage des bouteilles et à l'embouteillage de l'eau pour sa commercialisation. C'est sans doute à la même époque qu'une cité ouvrière est construite de l'autre côté de la route pour loger le personnel, situation apparemment unique dans les stations thermales pyrénéennes
La fréquentation reste modeste : la police du Perthus enregistre en 1907 140 buveurs d'eau venus avec leur famille au Boulou (Frenay, p. 169) mais le nombre de bouteilles exportées s'élève à 40 052 en 1905, 16 714 en 1906 et 34 746 en 1907, signe que l'activité d'embouteillage prime. En 1908 et 1909 les chiffres s'élèvent respectivement à 25 700 et 14 700 bouteilles. (Annales des établissements thermaux, cercles, casinos, eaux minérales). En 1919, les chiffres ne sont pas connus mais sont de 200 quintaux métriques en 1920 et de seulement 8 en 1921, plaçant le Boulou au 17e rang des stations qui pratiquent l'embouteillage (Annales des établissements thermaux, cercles, casinos, eaux minérales).
D'après les dépouillements de Carole Carribon, Le Boulou produit 650 000 L d'eaux embouteillée en 1931. C'est loin de Vichy qui atteint alors 53 millions de bouteilles produites mais cela place toujours Le Boulou au 17e rang parmi les vingt stations qui produisent le plus. C'est alors la seule station pyrénéenne qui apparaisse dans ce classement.
L'usine d'embouteillage est construite à cette époque-là, au moins avant 1935 où elle apparaît sur les vues aériennes (ign -remonterletemps, IGNF_PVA_1-0__1935-09-05__C2645-0361_1935_NP9_0001). Ce bâtiment dont le fronton à redents porte l'inscription "Eaux du Boulou" est assez emblématique de cette époque.
Deux sources ont été embouteillées : la source Colette, autorisée par arrêté ministériel du 27 octobre 1934 (dont l'exploitation est abandonnée dans les années 1990) et la source Janette, forée en 1937. Celle-ci a été autorisée un première fois au point d'émergence pour une période de 30 ans (arrêté du 22 janvier 1962) et une seconde fois après transport par canalisation et traitement de déferrisation et regazéification au gaz de source (arrêté du 27 décembre 1966). En 1997, l'Académie de médecine autorise l'emploi thérapeutique de la source Janette, en raison de la courte durée des cures et du faible niveau d'exposition aux éléments radioactifs qu'elle contient. L'emploi thérapeutique du gaz, tel que prélevé à l'émission et utilisé en injection est également jugé acceptable. En revanche, l'Académie juge que les installations ne permettent pas de respecter les normes de sécurité imposées aux eaux de boisson. L'avis est donc défavorable à l'exploitation pour l'embouteillage de la source Janette.
Une vague de modernisation a lieu entre 1950 et 1980 au cours de laquelle l'usine d'embouteillage est agrandie à l'orée des années 1970, à 500 m environ au nord-est de la station, soit plus à proximité du bourg du Boulou.
En 1984, l'établissement a été repris par la Chaîne thermale du Soleil et la fréquentation atteint 2 184 curistes. De nouveaux bâtiments remplacent l'ancien bâtiment administratif et d'embouteillage de 1907 qu'ils englobent partiellement.L'usine d'embouteillage a cessé son activité en 2000 et les installations ont été partiellement converties en salle de sport et cuisine pédagogique.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 20e siècle
L'usine d'embouteillage est implantée à 400 m au nord-est des autres installations thermales mais à proximité immédiate des captages des sources Jeannette et Colette.
L'usine initiale était constituée d'un vaisseau unique couvert d'un toit à deux pans, masqué par une fronton monumental à redents portant l'inscription "Eaux du Boulou" dans une typographie assez typique des années 1930. La façade est précédé d'un quai de déchargement plus large qu'elle, couvert d'une casquette en béton qui est postérieure au parti primitif.
Les entrepôts adjacents à ce premier bâtiment ont été construits à partir des années 1960.
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Murs
- béton
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Couvrements
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Couvertures
- toit à longs pans
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Statut de la propriétépropriété d'une société privée
- (c) Inventaire général Région Occitanie
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Documents d'archives
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AD Pyrénées-Orientales, 3 E13/78, Minutes de Me Joseph Bouix, notaire à Perpignan, année 1840, n°337.
Bibliographie
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RUIZ, Sophie, Les stations thermales du Languedoc Roussillon, étude Monuments Historiques, 1999, non publié.
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FRENAY, Etienne, Le Thermalisme dansles Pyrénées Orientales, ADPO, Perpignan, 1986 (BIB 82 AM).
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BECHAMP, A. Analyse des eaux minérales acidules-alcalines-ferrugineuses du Boulou, Bohem et fils, imp. de l'Académie, Montpellier, 1869, 40 p.
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CARRIBON Carole, Du thermalisme mondain, au thermalisme social, les villes d’eaux françaises dans l’Entre-deux-guerres (1919-1939), Thèse de doctorat d’histoire de l’Université de Bordeaux 3 sous la direction de Pierre GUILLAUME, 2001.
Périodiques
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POPOFF, Georges. Rapport du laboratoire national des études hydrologiques et thermales. Bulletin de l'Académie nationale de médecine, 1997, 191, n°9, p. 1895-1908.
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FOURNIER Etienne. Rapport sur la demande d'autorisation d'exploiter en tant qu'eau minérale naturelle, à l'émergence, après transport à distance, traitement et embouteillage l'eau du captage Janette situé sur la commune du Boulou (Pyrénées-Orientales). Bulletin de l'Académie nationale de médecine, 1997, 191, n°9, p. 1891-1894.
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Annales des établissements thermaux, cercles, casinos, eaux minérales : revue de jurisprudence, législation et statistique, janvier 1912, p. 185.
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Annales des établissements thermaux, cercles, casinos, eaux minérales : revue de jurisprudence, législation et statistiques, 1er novembre 1913, p. 369.
Documents figurés
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AD Haute-Garonne, 26 FI ROUSSILLON 248, Le Roussillon. 483. Etablissement thermal du Boulou : habitation du directeur. - Toulouse : phototypie Labouche frères, marque LF au recto ; Perpignan : édition F. Campistre, [1911]. - Carte postale (1911/1925).
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AD Haute-Garonne, 26 FI ROUSSILLON TP 819. Etablissement thermal du Boulou : annexe des établissements]. - Toulouse : maison Labouche frères, [entre 1900 et 1920]. - Photographie.