Dossier d’œuvre architecture IA66006121 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine thermal
Présentation de la station thermale de Molitg-les-Bains
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pyrénées
  • Hydrographies Cady (le)
  • Commune Molitg-les-Bains
  • Lieu-dit
  • Adresse
  • Cadastre 2021 C02

Molitg-les-Bains est une coquette station thermale des Pyrénées-Orientales, nichée dans les gorges de la Castellane. Cet écrin abrite désormais la station historique de la Chaîne Thermale du Soleil.

Au-delà de la carte postale, Molitg-les-Bains a une histoire. Ses eaux sont exploitées dès 1780. La station se situe à 49 km de Perpignan et à 7 km de Prades, dans le département des Pyrénées Orientales. Elle est implantée en fond de vallée sur la rive gauche de la rivière Castellane. Molitg est l’une des stations des Pyrénées les moins élevées au-dessus du niveau de la mer, et culmine à 450 m d’altitude. Sa voisine la plus proche est la station de Vernet-les-Bains à 20 km. Elle est distante de 45km d’Escouloubre-les-Bains par le col de Jau et Roquefort de Sault. Sa situation géographique est particulièrement hostile et l’aménagement tardif des routes carrossables a impacté la fréquentation.

Les eaux de Molitg sont sulfurées et modérément chaudes, variant entre 25° et 37° ; elles émergent d'un substrat constitué de granit.

Prémices de l’exploitation des eaux

Un établissement de bain apparaît sur le plan cadastral de 1811, au lieu-dit Bains de Santé. L’utilisation des eaux est beaucoup plus ancienne et la première mention des bains de Molitg apparaît dans un acte de 1024 (Rosenstein, 2004, p.15). Les premières analyses de Carrère en 1754 décrivent les bains comme formés dans une excavation naturelle du rocher. Au XVIIIème siècle, seuls les habitants de la vallée utilisent les eaux. En 1785, le Marquis de Llupia fait construire un établissement de bains qui porte son nom, à la demande de Raymond de Saint Sauveur, intendant du Roi en Roussillon. En 1817, les bains Mamet sont construits 50 mètres en dessous, par Jean Calt. Les bains ne sont pas bien entretenus, les deux propriétaires ne vivent pas sur place. Mais cette concurrence joue tout de même en faveur d’une certaine amélioration des installations. Vers 1824, le marquis de Llupia achète les bains Mamet (ADPO-9S31). Les malades logent toujours sur Prades et la route est seulement praticable à cheval. Cette distance est accentuée par une pente abrupte d’une centaine de mètres descendant du chemin aux bains (BOUIS et MASSOT, 1861 ; p.5). En 1829, le Conseil Général décide d’aménager une route carrossable de Prades aux bains, qui ne sera achevé qu’en 1852, et seulement jusqu’à la pente (ADPO-1N21 et 1N22). En 1836, François de Massia reprend les thermes Llupia et Mamet, les fait reconstruire, et entreprend la construction du château de Riell. En 1840, Clément Barréra, médecin-inspecteur aux bains de Molitg depuis 1819, fait construire un petit établissement thermal près des bains de Llupia : les Thermes Barrera (ADPO-9S31). Une source est captée pour aménager une buvette et alimenter huit baignoires en fonte émaillée. En 1844, Barréra vend sous la pression de son concurrent, le Dr François de Massia (PICON, 1888 ; p.7). Dès 1856, un service d’omnibus effectue les navettes entre Prades et Molitg. En 1866, il fallait 5h pour se rendre de Perpignan à Molitg. Le village n’est accessible en voiture qu’en 1880.

La famille de Massia

Ainsi, la famille de Massia réunit la totalité des terrains, des sources, et les trois établissements thermaux en 1844. François, puis Edouard ne cessent de les améliorer dans le but d’augmenter la capacité d’accueil, la fréquentation est en augmentation croissante (ADPO-9S31). En effet, on donne ici le nombre de bains le plus élevé du département à cette époque, en raison de l’efficacité des eaux contre les affections de la peau, et Molitg est une des stations spécialisées dans ce type de traitements dans les Pyrénées Orientales (GENYES, 1862 ; p.53). Elle est surnommée la station de la dartre. Mais un autre souci se pose : il n’y a pas encore de logements pour les baigneurs aux thermes, qui doivent se rendre au village, distant de quelques kilomètres, pour se loger. Le chemin est pentu et mauvais, ils doivent, après les soins, regagner leur logement à dos d’âne ou à cheval. En 1833, Joseph Anglada, dans son traité des eaux minérales, décrit la situation (ANGLADA, 1833, p.233) : « Les bains de Molitg ne sont pas à beaucoup près, comme les bains des Escaldes, au milieu même de la commune ; ils n’ont pas, comme ceux de Vernet, l’avantage d’une maison d’habitation attenante aux thermes, ou celui d’être très rapprochés du village. Ici, les deux établissements thermaux ne sont que trop éloignés du logement des baigneurs. On met à la descente, plus d’un quart d’heure pour arriver. Il est aisé de concevoir, à la longueur du trajet, et surtout à la rudesse des pentes, combien le retour doit être pénible pour remonter au village après le bain. On ne connaît pas à Molitg l’usage des chaises à porteurs […] ». En 1862, un escalier à larges marches est construit, et le propriétaire, Edouard de Massia, fait aménager, en 1880, une large avenue de 200 m de long, permettant aux baigneurs d’arriver en voiture jusqu’à l’entrée de l’établissement thermal (ADPO-1N28 et PICON, 1888 ; p.10).

Construction de logements à l’établissement thermal

Les thermes Barrera transformés communiquent avec l’aile droite des thermes de Llupia, qui se prolongent à la rive gauche par une nouvelle construction, le Pavillon Castellane. Des logements sont mis à la disposition des curistes. Puis, la construction de maisons et hôtels (hôtel des bains, hôtel Auter et hôtel dit récent) formera peu à peu le hameau des bains (ENDES-AJLANI, 1990 ; p.72). Il n’y a pas de salle de jeux ni de casino. La station est recommandée aux familles et aux jeunes personnes seules. Les gorges de la Castellane, les seules promenades de la route au village de Molitg, et le chemin aux ruines du château de Paracolls doivent suffirent aux curistes, qui cherchent uniquement à recouvrer la santé et le repos dans ce lieu isolé. En 1866, le premier Congrès d’Hydrologie visite les lieux. Les trois anciens établissements thermaux forment alors un seul grand ensemble (PICON, 1888 ; p.20). En janvier 1877, la ligne de chemin de fer arrive jusqu’à Prades. Les docteurs François Garrigou et Louis Companyo procèdent à l’analyse des eaux à l’occasion d’une étude pour l’Exposition Universelle de Paris l’année suivante (COMPANYO, 1878). Ils recensent dix sources utilisées par l'établissement thermal dont le débit cumulé moyen est de 485 000 litres. Deux sources sont utilisées en bains et douches, deux autres en bains, les six dernières aux buvettes. L'établissement compte alors 40 baignoires en marbre blanc. En 1892, les thermes sont encore modernisés avec l’installation d’une salle d’inhalation et une nouvelle salle de douches en 1894. Une chapelle et un bureau de poste et de télégraphe sont installés dans l’établissement pour éviter aux baigneurs de monter jusqu’au village (PICON, 1888 ; p.10). En 1894, le Dr Willm procède à un examen chimique des eaux.

En 1913, les héritiers de Massia vendent l’ensemble des établissements à Marcel Escoiffier. En 1927, une SARL est constituée de Marcel Escoiffier, René et Jean De Massia. En 1945, un des de Massia se retire et Adrien Barthélémy rentre au conseil d’administration. Il en devient président puis principal actionnaire en 1947. La station est alors en grande partie reconstruite, avec l’intervention de l’architecte Edouard Mas Chancel. Il construit l’hôtel thermal en granit et marbre rose, ainsi que le bloc médical. Il crée le lac au moyen d’un barrage pour ralentir le débit de l’eau, et réaménage le parc de l’établissement thermal.

Molitg, station historique de la Chaîne Thermale du Soleil

En 1947, Adrien Barthélémy fonde la Chaîne Thermale du Soleil et fait de Molitg la station historique du groupe. Avec le remboursement des cures thermales par la sécurité sociale, Adrien Barthélémy prend le tournant du thermalisme social, tout en maintenant un standing élevé à Molitg. En 1952, Il crée la marque Biotherm et exploite l’extraction du plancton thermal. En 1966, il inaugure le centre thermal d’esthétique, à l’emplacement des bains Mamet. En 1976, Biotherm est vendu à L’Oréal, l’exploitation du plancton thermal s’achève en 1986. En 2001, Molitg obtient l’agrément pour la rhumatologie. En 2002, la piscine thermale panoramique est ouverte. En 1986, l’architecte perpignanais Pierre Calvet opère les différents travaux d’aménagements et de restauration pour la CTS, comme à la Preste et Amélie-les-Bains.

Le carillon de Pablo Casals

Le pavillon de l'horloge (anciens thermes Barréra) fait partie des installations du grand hôtel. Il abrite depuis 1959 un carillon à quinze cloches, fondu par Paccard à Annecy dont l'installation est due aux liens existant entre Mme Barthélémy et le violoncelliste Pablo Casals qui résida dans la station. L'inscription sur la plus grosse cloche porte l'inscription : Avec le chant des oiseaux/Casals a dit au monde/La tristesse et le regret des catalans/Qu'il soit pour eux demain/Le chant de paix et d'espérance. Lorsqu'il résidait à Molitg, Casals jouait et composait au carillon depuis un clavier électronique placé dans son appartement. Il signalait son arrivée par El cant dels ocells (Le chant des oiseaux), mélodie populaire catalane de Noël. Le carillon fut inauguré en 1959 en présence de la rine de Belgique.

Le carillon est réparti dans trois arcades où cinq cloches sont superposées. Chaque cloche est fixe et tintée de l'intérieur par un battant actionné par un câble métallique. Système courant pour les carillons manuels traditionnels, il est ici animé par une commande électrique qui peut être actionnée depuis la direction de l'hôtel pour souhaiter la bienvenue aux curistes et rythmer leurs journées.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 18e siècle , daté par source

Les bâtiments thermaux se dressent au milieu d’un cadre de verdure, entouré d’escarpements rocheux, avec un plan d’eau aménagé au pied des ruines du château de Paracolls. Un torrent et de multiples sentiers parcourent le parc de 50 ha, doté d’aménagements de loisirs et sportifs : toboggans, plongeoirs, pédalos, et deux courts de tennis. Une piscine est aménagée dans le solarium.

o La réception

o Le parking couvert hélicoïdal, aménagé sur plusieurs étages

o L’établissement thermal et le Grand Hôtel, Bains de Llupia

o Des hôtels et résidences proposent des studios aux curistes

o Le lac

o L’horloge, anciens Thermes Barréra

o Mamet, anciens bains Mamet

o Château de Riell, Relais et Châteaux, centre thermal de beauté, piscine, tennis et club privé

  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée, La station de Molitg-les-Bains est propriété de la Chaîne Thermale du Soleil.

Documents d'archives

  • AD Pyrénées-Orientales, ADPO-1Z93, Classement des stations hydrominérales et climatiques.

Bibliographie

  • Chemin de fer, Guide illustré du Département [Pyrénées Orientales) 1910, principales stations thermales, balnéaires ou hivernales.

    1910
  • PROVOST, Etablissements thermauxbains de mer et sources minérales des Pyrénées orientales, médiathèque Perpignan fonds local numérisé CDNO000385 et suivantes, 1900, 53 f.

    En ligne : https://perpinianum.fr/Perpinianum/digital-viewer/c-375567

    Médiathèque de Perpignan : fonds local numérisé CDNO000385 et suivantes
  • RUIZ, Sophie, Les stations thermales du Languedoc Roussillon, étude Monuments Historiques, 1999, non publié.

    1999
  • ANGLADA, Joseph. Traité des eaux minérales et des établissements thermaux du département des Pyrénées Orientales. Baillière, Paris/Sevalle, Montpellier, 2 volumes, 1833 (réimpr. 1899).

    En ligne : https://books.google.fr/books?id=GU_u8O9zDs8C&pg=PA149&lpg=PA149&dq=anglada+trait%C3%A9+eaux&source=bl&ots=xb_KbPEA1_&sig=V2KAK7gAKD7Rf85zjvOER50zV6o&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjDopvVmYDaAhWF6RQKHe9hAWwQ6AEISDAG#v=onepage&q=anglada%20trait%C3%A9%20eaux&f=false

    1833
  • BOUIS, Dominique. Vallée de la Têt, affluents et itinéraire. Société agricole, scientifique et littéraire. 1858.

    Bibliothèque nationale de France
    1858
  • ARAGON, Henry, Les Stations climatiques et thermales de la Cerdagne et des vallées du Tech et de la Têt, 1929, Médiathèque de Perpignan R_8795v004

    Médiathèque de Perpignan : R_8795v004
    p.196-215.
  • COMPANYO, Louis, Quelques mots sur la station thermale de Molitg-les-Bains, Perpignan, 1878. Médiathèque de Perpignan

    Médiathèque de Perpignan : R__0744v000_0001pn
    1878
  • ENDES-AJLANI, Ada, Le thermalismedans les Pyrénées Orientales au XIXe siècle, de la cure thermale au tourisme desanté, mémoire de maitrise d’histoire, UPV Montpellier III, 1990.

  • BRUNET Michel, Le thermalisme en Roussillon au 18e siècle, in Centième volume d’études sur le Roussillon, Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales., Perpignan, 1992.

    AD Pyrénées-Orientales : H1-84
  • PORCHERON, Louis (Dr). Villes d'eaux, les stations climatiques françaises. 1911. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5849135c]

  • BOUIS, Dominique. Vallée de la Têt, affluents et itinéraire. Société agricole, scientifique et littéraire. 1858.

    Bibliothèque nationale de France
  • BOUIS, Dominique, Eaux minérales sulfureuses de Molitg, département des Pyrénées-Orientales,1841 avec une notice médicale par M. Paul Massot, Alzine, Perpignan, 1861.

    Bibliothèque nationale de France : En ligne
  • CARRERE, Thomas(1714-1764), Traité des eaux minérales du Roussillon, J.B. Reynier, Perpignan 1756 réimpression 1898. [En ligne]

  • PICON, Alexandre (Dr). Notice et observations cliniques sur les eaux minérales de Molitg-les-Bains (Pyrénées-Orientales), Latrobe, Perpignan, 1868.

    Bibliothèque nationale de France : Gallica (en ligne)
    1868
  • FUZIER, Théodore, De Béziers à Molitg : croquis à la mine de plomb, 1859. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k35029h]

    Bibliothèque nationale de France
    1859
  • LEFEBVRE Thierry, RAYNAL Cécile, La Chaîne Thermale du Soleil, la saga d’une entreprise de famille aux sources de l’aventure, 1947-2017, Editions IN8, Périgny, 2016.

    2016
  • ROSENSTEIN Jean Marie, Els Banys-Les Bains de Molitg, historique d’une station thermale, revue Terra Nostra n°97 ter, 2004.

Périodiques

  • BETTI Catherine, « La chaîne thermale du Soleil », dans Terres Catalanes n°91, mars, avril, mai 2018, p.30-49.

    p.30-49.
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Université de Perpignan Via Domitia, laboratoire CRESEM