Les bains de la Preste sont situés au fond de la vallée du Vallespir, dans les escarpements des gorges du Tech, à 1 130 m d'altitude. Connues depuis le 14e siècle, le site est l'objet de l'attention des intendants au 18e siècle, notamment après l'analyse des eaux en 1734 et 1753 mais les installations restent rudimentaires. Un établissement neuf est édifié à l'initiative du docteur Hortet en 1817 mais la fréquentation reste relativement modeste, notamment en raison des difficultés d'accès. Le classement de la route comme route thermale en 1870 améliore la desserte de la station mais elle reste malaisée. Les héritiers Hortet font reconstruire l'ensemble à partir de 1882, conjuguant dans un long corps de bâtiment différentes fonctions : installations balnéaires, lieux de sociabilité et logement hôtelier. Ce parti adopté est relativement original à une époque où au contraire les bâtiments s'individualisent selon les fonctions qu'ils abritent, mais on le retrouve aux bains de Thuès, également dans les Pyrénées-Orientales.
- recensement du patrimoine thermal
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- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Médiathèque de Perpignan
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Pyrénées
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Commune
Prats-de-Mollo-la-Preste
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Lieu-dit
La Preste
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Dénominationsstation thermale
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Parties constituantes étudiées
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Parties constituantes non étudiéeschapelle, jardin d'agrément
Les eaux de la Preste sont signalées au XIVe siècle, en 1327 sous l'appellation "bain des Ayades". En 1597, le roi d'Argagon donne à la commune de Prats-de-Mollo la maison, l'eau des bains et un terrain associé. il s'agit d'un bail emphytéotique, concédé la commune qui exploite déjà une piscine voûtée, en activité jusqu'en 1813 (Aubergé, 1861, p. 31-34). Dans une délibération de 1772, la communauté renvoie encore à cet acte de 1597 pour affirmer sa propriété sur les bains : "la communauté, par un titre bien authentique, est propriétaire desdits bains de puis l'an 1597, ayant à cette époque inféodé au roy le local desdits bains et les terres qui en dépendent, avec faculté d'y faire telles constructions que bon luy semblerait, à la charge de trois sols de censives et de quarante sols à chaque mutation de roy, pour tenir lieu de lods et d'indemnité" (AD 66, 1 C 1229, cité par Frenay, 1987, p. 86).
Lambron évoque dans son ouvrage de 1853 un bains des lépreux (Bans d'als Mazelles), nom donné à un trou qui n'est alors plus utilisé mais qui est alimenté par une eau abondante qui correspond peut-être à d'autres aménagements à l'époque moderne.
L'action difficile des intendants à la fin du XVIIIe siècle.
Au XVIIIe siècle, plusieurs médecins de la Faculté de médecine de Montpellier vantent l'efficacité des eaux, mais les bains de la Preste, mal desservis depuis Arles-sur-Tech, ne sont pas aussi recherché que leurs voisins à Amélie-les-Bains. Les eaux sont analysées en 1734 par le Dr. Louis Coste dont les résultats sont publiés en 1753 par son élève le docteur Marcé (Marcé, 1753). Elles sont à nouveau analysées par le médecin Thomas Carrère en 1756. En l'année 1768, le vicomte d'Albaret, fils du gouverneur de la province de Roussilon, vient prendre les eaux de La Preste et décide, aidé par l'état, de procéder aux réparations nécessitées par l'état des bains ainsi qu'à la construction de logements. La communauté de Prats-de-Mollo lui afferme les bains pour douze ans et un premier établissement est construit, avec un bassin pour les bains collectifs couvert par une voûte et cloisonné de façon à permettre quatre bains concomitant. A l'expiration du bail, la communauté reprend l'exploitation mais sans savoir en tirer profit. Autour de 1770 (cf. annexe) si les bains semblent dans un état correct, leur vidange pose problème tout comme le cadre de ces bains : lieux d'aisance inadaptés, entrée de la place trop étroite, cochons qui divaguent à proximité immédiate pendant la saison des eaux, mauvais état des chemins. La communauté afferme pour 50 livres annuelles l'exploitation de la maison associée aux bains mais garantit un droit d'usage des eaux par ses habitants.
En 1772, le premier consul de Prats-de-Mollo, Michel Sors est convoqué le comte de Mailly, commandant en chef de la province de Roussillon. Ce dernier, informé des effets merveilleux des eaux de la Preste, projette d'y faire construire un logement commode et décent pour ceux qui en font usage. il demande à la communauté de Prats-de-Mollo de prendre en charge les travaux où de se démettre de la propriété des bains en faveur de celui qui l'entreprendrait, ce au nom de l'intérêt public. L'estimation des travaux projetés par le comte de Mailly s'élève à 14 ou 15 000 livres ce dont la communauté ne peut s'acquitter. Ne tenant pas à perdre le contrôle des bains, elle fait traîner les choses jusqu'à l'abandon des plans (AD 66 1 C 1229, cité par Frenay, 1987, p. 50). En 1775, l'intendant Jean-Baptiste de la Porte se contente de faire réparer les bains existants ainsi que les petits bâtiments tenant lieu de logements.
En 1776, comme en de nombreux autres endroits, les thermes sont constitués d'un simple bassin couvert et d'un masure attenante. L'intendant du Roussillon, Raymond de Saint Sauveur, à l'initiative d'un plan de développement des ressources thermales du Roussillon fait rénover les bains et élever à côté un logement pour les malades. Il installe un médecin-inspecteur en 1785 (Frenay, 1987, p. 50-59), poste occupé en premier par le docteur Xatart, chirurgien major de l'hôpital militaire de Prats-de-Mollo.
A la veille de la Révolution, la Preste fait partie des cinq stations du Roussillon (avec les bains d'Arles, Molitg et Vernet en Conflent et les Escaldes en Cerdagne) à être équipées pour recevoir des baigneurs, dont l'aire de recrutement est essentiellement locale, mais s'étend aux contrées espagnoles qui fournissent une part importante des baigneurs selon le médecin Anglada. La frontière espagnole par le col de Pragon, situé face aux bains, n'était qu'à environ 5 km de l'établissement.
L'action du docteur Hortet - 1817
En 1813, la commune cède les bains à la Caisse d'Amortissement qui les revend à Jacques Hortet, propriétaire à Prats-de-Mollo. Ce dernier l'offre en cadeau de mariage à son fils, prénommé également Jacques, qui vient d'achever ses études de médecine. Les jeunes époux font édifier un établissement plus confortable en 1817, qui comporte huit cabines de bains en marbre blanc, utilisés jusqu'en 1910. Ces nouveaux aménagements sont décrits par le Dr. Hortet à la veille de la saison de 1817 : "l'ancien bassin a été démoli ; une belle fontaine, ornée de deux colonnes de stalagmites, reçoit l'eau des sources et va la conduire dans un grand réservoir où l'eau très chaude a le temps de se tempérer ; des canaux la distribuent dans différents cabinets, contenant chacun une baignoire, à robinets d'eau chaude et d'eau tiède, construite en marbre blanc, taillée à Montpellier ; les parquets des cabinets sont aussi en marbre" (Feuilles d'affiches, 17 mai 1817, cité par Frenay, 1987 p. 112-113). Le chevalier de Basterot, dans son Voyage pittoresque dans le département des Pyrénées-Orientales publié en 1824, indique que l'édifice a été embelli par des terrasses où ruisselle les eaux du Tech en contrebas de l'établissement thermal. Une allée plantée est mentionnée et il est précisé que la fontaine à stalagmites de l'établissement est surmontée d'une copie de l'Apollon du Belvédère.
Autour de 1860 (Aubergé, p. 37), des travaux sont en cours pour édifier une petite salle de bain avec buvette qui doit contenir quatre baignoires en marbre blanc. Une grand douche ainsi qu'un local pour les inhalations sont alors également en projet de même que l'amélioration du captage des sources.
En 1862, la commission préfectorale qui établit le revenu net des établissements thermaux du département base ses estimations sur les rapports des médecins-inspecteurs. Celui de La Preste s'élève assez modestement à 1 204 F (pour 147 baigneurs) soit loin derrières les deux bains d'Amélie (thermes Pujade 3 990 F et Hermabessière 4 300 F), celui de Molitg (7 183 F) ou ceux du Vernet (Lacvivier 5 000 F et Mercader 1 725 F). Ce revenu est dépassé par celui des Escaldes ( 1 675 F) et surpasse de peu celui du Boulou (1 001 F). (AD 66, M, cité par Frenay, 1987 p. 106 et 154).
Des investissements mais une rentabilité difficile
La station ne bénéficie d'une route d'accès convenable qu'à partir de 1870 après son classement en route thermale en vue d'une cure que Napoléon III devait venir faire à la Preste. L'amiral Rigault de Genouilly, ministre de la marine lui avait fait l'apologie des lieux qu'il avait lui--même fréquenté. Jusqu'alors, le chemin étroit bordait les précipices ; s'y croiser y était dangereux et il n'existait pas de ponts sur les torrents si bien que Victor Dujardin écrire en 1890 qu'aller à La Preste était alors une excursion dans un cimetière.
Charles, fils du Dr Hortet, poursuit les aménagements mais meurt en 1874 avant qu'ils aient abouti. La station possède alors des logements pour les curistes et de vastes terrasses ombragées de belles plantations. Une nièce, née Hortet, hérite des bains : son mari Paul Faure construit en 1882 un nouvel établissement thermal, long corps de bâtiment de 70 m de long sur 11 m de large élevé sur trois étage où les curistes pouvaient à la fois se loger et se soigner. L'édifice abrite 60 baignoires individuelles, deux buvettes, trois salles de douches et deux salles d'hydrothérapie, une centaine de chambres, des salons de musique, de lecture et de conversation (Grenier, 1985, p. 340). Le docteur Jeanbrau souligne en 1902 l'intérêt de la large terrasse qui longe le bâtiment et permet aux baigneurs de faire de la marche en terrain plat sans s’éloigner de la buvette. Faure améliore les infrastructures : il fait réaliser le captage des sources et relier le site à Arles-sur-Tech par une grande voie carrossable mais, voyant trop grand, les dépenses qu'il engage s'avèrent excessives. Le 25 mars 1890, le tribunal civil de Céret procède à la saisie des nouvelles constructions et les met aux enchères en avril 1890. L'adjudicataire, Bauny, commerçant à Narbonne, dépose le bilan cinq ans plus tard et l'ensemble est à nouveau mis en vente en 1895 par le tribunal de Céret. Paul Faure rachète alors les thermes mais en est dépossédé en 1897 par Donnadieu qui publie en 1896 un opuscule sur l'établissement thermal de la Preste. En 1900, station n’accueille que 269 baigneurs avec leurs familles.
L'accès s'améliore encore autour de 1890 quand le train dessert Arles-sur-Tech. Un omnibus affrêté par l'établissement thermal permet de parcourir les 28 km restant.
Dans les premières années du XXe siècle, Donnadieu fait construite le pavillon d'extrême gauche (restaurant et cuisine), mais meurt prématurément. Sa veuve s'en dessaisit en 1903 au profit de Jean Carbonnell le maître d'hôtel de l'établissement mais lui non plus n'arrive pas à rendre rentable la station qui n'est ouverte que trois mois par an. Il fait appel à des financiers, dont le docteur parisien Emile Boix. La station se spécialise peu à peu dans les soins liés aux problèmes urinaires.
En 1905, l'homme d'affaire Edmond Bartissol, député du département, envisage de créer un quartier thermal à Perpignan, alimenté par les eaux de La Preste après un parcours de 70 km.
Le 14 mars 1910 est constituée la Société des Eaux de La Preste qui fait remplacer la partie la plus ancienne de l'établissement par un nouveau pavillon central. L'écrivain Paul Valéry y séjourne en juillet 1914.
Un tennis a été aménagé dans la première moitié du XXe siècle sur un replat ; en lieu et place d'un club-house se trouvait un bâtiment en pierre intitulé "ferme du tennis" sur des photographies anciennes.
En 1940, les inondations que connaît le département endommagent les lieux qui sont occupés pendant deux ans par les forces allemandes. Malgré les réparations d'après-guerre, notamment de la route, la réouverture n'est possible qu'en 1974. La station est rachetée en 1981 par la Chaîne thermale du Soleil qui mène une grosse campagne de travaux en 1997 avec un budget de 5 M de francs. La chapelle est restaurée et dotée de vitraux réalisée par Maurice Lerner, maître-verrier à Perpignan. 21 studios viennent remplacer 38 chambres tandis que les autres chambres sont rénovées. La capacité totale du grand hôtel et de ses annexes est portée à 52 studios et 51 chambres.
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Période(s)
- Principale : 4e quart 19e siècle
Les bains de la Preste sont situés au fond de la vallée du Vallespir, dans les escarpements des gorges du Tech, à 1 130 m d'altitude. Le long édifice abritant l'établissement thermal et le grand hôtel est implanté sur une terrasse au pied du pic de Costabona. Le site des bains est à 8 km en amont de Prats-de-Mollo et à 500 m du hameau de la Preste. Les abords de l'édifice sont constituées d'allées plantées aménagées en jardin. La chapelle est implantée légèrement en contrebas.
Deux sources sont identifiées. La source inférieure, la plus puissante qui possède une température de 44°c est celle qui est utilisée par l'établissement. Elle est désignée sous le nom de Grande Source ou de Source d'Apollon.
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Statut de la propriétépropriété d'une société privée
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Médiathèque de Perpignan
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Documents d'archives
Bibliographie
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Marcé (Dr), Dissertation en forme de lettre sur la nature, les vertus et l'usage des eaux thermales de La Preste, J. B. Reynier, Perpignan, 1753, 1906, 45 p.
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CARRERE, Thomas(1714-1764), Traité des eaux minérales du Roussillon, J.B. Reynier, Perpignan 1756 réimpression 1898. [En ligne]
-
LAMBRON, Ernest, Études historiques dur les principaux établissements thermaux des Pyrénées au point de vue de la fortune publique, 1853. (Vernet, les Escaldes, Molitg, La Preste, Amélie)
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Aubergé, Pierre-Joseph François, Hydrologie médicale de l'établissement thermal de La Preste (Pyrénées-Orientales), Perpignan : impr. de Mlle A. Tastu, 1861, 84 p.
-
DUJARDIN, Victor, Voyages aux Pyrénées Souvenirs du Midi par un homme du nord, le Roussillon, 1890.
p. 235-236 -
FRENAY, Etienne, Le Thermalisme dansles Pyrénées Orientales, ADPO, Perpignan, 1986 (BIB 82 AM).
-
Grenier Lise (dir.), Le voyage aux Pyrénées ou la Route thermale, Paris, Institut français d'architecture, Randonnées Pyrénéennes, 1987.
-
RUIZ, Sophie, Les stations thermales du Languedoc Roussillon, étude Monuments Historiques, 1999, non publié.
-
Jeanbrau Emile (docteur), Notice médicale sur l'établissement thermal de la Preste, près de Prats-de-Mollo (Pyrénées-Orientales), L. Roques : Céret, 1902, 30 p.
Périodiques
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Sirven, Joseph, "Voyage aux bains de La Preste, 16 juillet 1835", dans Bulletin Société Agricole, Scientifique et Litteraire des Pyrénées-Orientales, 1904.
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Ferrer, Léon, "Compte-rendu d'une notice sur l'établissement de La Preste" dans Bulletin Société Agricole, Scientifique et Litteraire des Pyrénées-Orientales, 1868, 1904, p. 233-240.
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Documents figurés
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AD Haute-Garonne, 26 FI 66 1134, L'eau de La Preste tue le colibacille. 1. La Preste (P.O.) : les jardins de l'établissement thermal. - Toulouse : édition Pyrénées-Océan, Labouche-frères, [entre 1937 et 1950]. - Carte postale.
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AD Haute-Garonne, 26 FI 66 TP 2326, 303. La Preste[-les-Bains] : chapelle de l'établissement / photographie Henri Jansou (1874-1966). - Toulouse : maison Labouche frères, [entre 1900 et 1920]. - Photographie.
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AD Haute-Garonne, 26 FI 66 754, Les Pyrénées-Orientales. 992. La Preste[-les-Bains] : ensemble de l'établissement. - Toulouse : phototypie Labouche frères, marque LF au verso, [entre 1918 et 1937], tampons d'édition des 4 mars 1924 et 12 juillet 1923. - Carte postale.
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AD Haute-Garonne, 26 FI 66 1149, La Preste les Bains chasse le colibacille. 18 - 429. La Preste-Les-Bains (Pyr.-Or.) : vue d'ensemble des établissements. - Toulouse : édition Pyrénées-Océan, Labouche-frères, [entre 1948 et 1960]. - Carte postale.
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AD Haute-Garonne, 26 FI 66 NEG 3510, [La Preste-les-Bains : vue plongeante sur l'ensemble de l'établissement]. - Toulouse : maison Labouche frères, [entre 1900 et 1940]. - Photographie.
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AD Haute-Garonne, 26 FI 66 755, Les Pyrénées-Orientales. 994. La Preste[-les-Bains] : le parc. - Toulouse : phototypie Labouche frères, marque LF au verso, [entre 1918 et 1937], tampon d'édition du 14 juin 1921. - Carte postale.