Mentions : 1389 : Turris de Goa ; 1670 : Goua
Probablement élevée entre les 13e et 14e siècles, la tour de Goa est mentionnée pour la première fois en 1389. Elle constitue à cette époque la tour de garde de la baronnie de Sahorre, qui comprenait le village éponyme ainsi que ceux de Fuilla, Py, Mantet, Aytua et Thorrent [A.D.P.O. : 53J64]. Cet édifice est compris dans le réseau des tours à signaux, construites à partir des 11e et 12e siècles, dont le signal d’alerte en cas de danger est émis au moyen d’une épaisse fumée le jour et d’un grand feu la nuit. Les feux nocturnes sont par ailleurs appelés localement « alimaries » (illuminations). Le signal était alors reçu principalement par le château comtal (Saint-Esteve de Pomers (Clara), puis Joch) et un ensemble d’édifices fortifiés et religieux, dont l’abbaye Saint-Martin du Canigou. La tour de Goa communiquait également avec les tours de Badabanys situées à la jonction entre les territoires de Corneilla-de-Conflent et Feuilla, rasées par ordre de Vauban après 1659. Il s’agit de la « Petite Tour » (époque comtale) destinée à recevoir les signaux de la plaine et reliée au Moyen Conflent uniquement par la tour de Goa, ainsi que de la « Tour Grosse » (env. 13e siècle), dont il subsiste les vestiges du soubassement avec une citerne. Cette dernière pouvait voir le château de Corneilla-de-Conflent, contrairement à Goa [DE POUS, 1981, p.p. 42 et 45].
Ainsi, dans un rayon visuel de 50 km, la tour de Goa pouvait voir :
Badabany 1 (Petite tour, 6 km), Badabany 2 (Tour Grosse, 6 km), le clocher de Jujols (9 km), tours de Llar et de Cabrils (14 km), château d’Eus (15 km), château de Comes (16 km), tour d’Arboussols (17 km), tour de Montner (35 km), tour del Far (44 km), ainsi que les châteaux de Py, Vernet et Fuilla [DE POUS, 1981, p.43].
La tour domine un ancien lieu-dit ou domaine du nom de Goà, très certainement d’époque carolingienne [BASSEDA, Revue Terra Nostra, 1990, p.641]. Sur le cadastre napoléonien, elle apparaît à la limite entre les communes de Sahorre et Casteil, sous la dénomination « Tour Goua ».
Selon l’historienne et archéologue Anny de Pous, le type d’archère visible sur la tour ne paraît pas dans la région avant le 14e siècle [DE POUS. Notice de repérage. Tour de Goa. Juin/Juillet 1967]. L’édifice est encore en fonction au 17e siècle, notamment en 1670. En effet, il est fait mention à cette date des dépenses effectuées pour la garde de l’armée. [A.D.P.O. : 53J64].
La tour a été restaurée en 1990 lors d’un chantier de bénévoles pour le patrimoine mené par l’Union Rempart, avec le concours de la municipalité de Sahorre, de l’ancien Conseil Général des Pyrénées-Orientales, du Conseil Régional de l’ex région Languedoc-Roussillon, de la DRAC, de la DRAE et de la DRJS. Un premier prix national au concours de la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites a par ailleurs été attribué [panneau explicatif positionné sur la tour].