Dossier d’œuvre architecture IA66003700 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Abbaye de Saint-Martin du Canigou
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Casteil
  • Lieu-dit Sant Martí de Canigó
  • Adresse Chemin de Saint-Martin
  • Cadastre 1810 B1 438 Abbaye et bâtiments monastiques ; 1810 b1 436 Chapelle Saint-Benoît  ; 2022 0B 234 Abbaye et bâtiments monastiques ; 2022 0B 232 Chapelle Saint-Benoît
  • Dénominations
    abbaye, église, cloître, clocher, chapelle
  • Vocables
    Saint Martin
  • Appellations
    Saint-Martin du Canigou

Mentions : 997 : domus Sancti Martini ; 1005 : Sanctus Martinus in monte Canigone ; 1031 : Sancti Martini coenobium in Kanigoni ; 12e siècle : S. Martini de Canigone ; 17e siècle : Sant Martí de Canigò [BASSEDA, Revue Terra Nostra, 1990, p.669].

1. L'abbaye du 10e au 19e siècles :

Les sources historiques comprises entre 997 et l’an Mil, font état d’un premier lieu de culte dédié à saint Martin de Tours [MALLET, 2003, p.215]. L’abbaye est véritablement fondée en 1005 par Guifred II, comte de Cerdagne et du Conflent, ainsi que son épouse Guisla, afin de loger une communauté de bénédictins. Guifred fut pour cela aidé de son frère Oliba (911-1046), abbé de Saint-Michel-de-Cuxa. Cette fondation est actée dans une charte du 14 juillet 1007, qui évoque également les donations reçues [MALLET, 2003, p.215]. De plus, la volonté de créer un lieu de culte respectueux de la règle de saint Benoît est clairement définie, comme l’atteste un parchemin conservé au notariat de Villefranche-de-Conflent. Guifred explique vouloir « édifier un monastère en l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ et de Saint-Martin, (et) y attacher des hommes militant sous la règle du Bienheureux Père Saint-Benoît pour y servir perpétuellement le Dieu Tout-Puissant » [DE CHABANNES, 1975, p.11].

La première partie de l’église est consacrée le 13 Novembre 1009 par l’évêque d’Elne Oliba de Besora, tandis que la seconde en 1026. L’acte de consécration de 1009 mentionne un certain Dom Sclua, qui fut l’architecte de Saint-Martin-du-Canigou. Ce dernier deviendra par la suite abbé de Saint-Martin, au côté de Guifred qui se fit moine en 1035 [DE CHABANNES, 1975, p.11]. Par ailleurs, c’est à cette date qu’est également consacrée la chapelle dédiée à saint Michel [DURLIAT, 1958, p.105].

Une dernière consécration a vraisemblablement été faite en 1014 ou 1026, période marquée par l'agrandissement de l'abbaye et la construction d'un premier cloître voûté [DE CHABANNES, 1975, p.p. 11 et 27].

Les origines de l’abbaye de Saint-Martin du Canigou sont étroitement liées à la légende de son fondateur, Guifred, comte de Cerdagne. Celle-ci s’est très certainement développée suite à la publication d’une bulle papale de Serge IV en faveur du monastère, qui indique la construction de l’édifice dès 1011 par le comte, afin d’expurger ses propres pêchés et ceux de ses ancêtres [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa. Numéro 3, Juin 1972, p.107]. En voici la traduction partielle ; « Or, attendu que vous nous avez demandé, cher comte Guifred, la concession de l’église de Saint-Martin, afin d’y construire un monastère pour la rémission de vos péchés et ceux de vos parents, en cédant toutefois à cette sainte église une partie de vos domaines (…) » [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa. Numéro 3, Juin 1972, p.107]. Ce type de formulation semble récurent dans les actes de fondations du 11e siècle et n’a semble-t-il pas de lien avec de quelconques pêchés commis par Guifred. Toutefois, la légende de Guifred s’est vraisemblablement appuyée sur ce document, comme l’atteste l’Histoire des rois d’Aragon et des comtes de Barcelone écrite en en 1438 par de Père Tomich, publié pour la première fois en 1495, sous le titre « Histories y Conquestes dels comtes de Barcelona y reis d’Arago » [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa. Numéro 3, Juin 1972, p.103]. Selon Tomich, « Les Maures ayant envahi la Cerdagne, le comte Guifred confia le commandement de ses troupes à son neveu. Ce dernier qui engagea le combat avec les Maures sans l’ordre de son oncle, fut vaincu et s’enfuit vers le Barida. Le comte fondit sur ses ennemis, les mit en déroute et les poursuivit jusqu’au château appelé Sant Marti dels Castells. Etant entré dans l’église, il y trouva son neveu qui s’y était réfugié et qui tenait un Christ embrassé. Fou de colère, il le tua de ses propres mains, et à cause de ce meurtre, le pape lui ordonna d’édifier un monastère sous l’invocation de saint Martin » [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa. Numéro 3, Juin 1972, p.103]. Aussi, la légende de Guifred apparaît au 13e siècle dans la chronique latine des Gesta Comitum Barcinonensium rédigée au monastère de Ripoll, attestant également de la construction de Saint-Martin du Canigou par le comte de Cerdagne [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa. Numéro 3, Juin 1972, p.106].

Au sein même du monastère, Guifred creusa sa propre tombe ainsi que celles de ses deux épouses respectives, les Comtesses Guisla et Elisabeth. Cet évènement est relaté par l'abbé Miró dans une encyclique mortuaire, indiquant : Huius sacrato conduntur membra sepulcro Quod prius ipse sibi miro construxerat actu. Iulius exactam dum mensis clauderat horam excessit seculo quem poscite vivere Christo, (Traduit : « Dans ce tombeau sacré est enterré le corps de celui qui l'avait admirablement construit pour lui-même. Quand se termina la dernière heure du mois de juillet, pour laquelle il est demandé de vivre à travers le Christ ») [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p. 342]. Cette mention pourrait correspondre à celle qui se trouvait sur la dalle qui recouvrait à l'origine la tombe du comte. Par ailleurs, une autre pierre tombale retrouvée dans l'ancienne église du château de Vernet (Saint-Martin-le-Vieux ?) et actuellement conservée au palais des rois de Majorque, comporte une inscription en vers léoniens du 12e siècle, mentionnant les cendres de Guifred II. Peu de temps après la sécularisation du monastère en 1786, les tombeaux ont été déplacés à l'église paroissiale de Saint-Martin à Casteil [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p. 342].

L’abbaye décline après la mort de Guifred en 1049 ou 1050, et conduit Bernard Guillaume, comte de Cerdagne (1105-1117), à la donner à celle de Lagrasse (Aude) au 12e siècle. De vives oppositions se font ressentir entre les moines des deux communautés religieuses, notamment en 1159 avec l’élection d’un moine de l’abbaye de Sainte-Marie-de-Ripoll. A la demande des moines de Lagrasse, cet évènement est annulé par l’archevêque de Narbonne [DE CHABANNES, 1975, p.13]. Plusieurs pillages vont être faits au cours des siècles suivants, comme ce fut le cas au 14e siècle lors des conflits opposants l’Infant de Majorque et le roi d’Aragon.

Un important tremblement de terre survenu dans la région en 1428, vient ébranler le clocher, l’église et une partie des bâtiments monastiques [A.D.P.O. : 53J64]. Les travaux de réparations se révèlent infructueux, malgré l’investissement de l’évêque d’Elne dans la recherche de financements. Placée sous commende en 1506, l’abbaye est sécularisée en 1782 [DELATTRE, DELATTRE-ARNOULD, 2014, p.46]. Abandonnée par les moines peu de temps avant la révolution, l’abbaye décline et le bâti prend l’allure d’une ruine, pillée par les habitants qui l’utilise en tant que carrière de pierres. Les éléments sculptés (colonnes, chapiteaux, bases) d’un second cloître daté de la fin du 12e siècle et du 13e siècle et superposé à celui du 11e siècle, ont également disparu [DE CHABANNES, 1975, p.15]. De nombreuses lithographies produites par des érudits et architectes dans le courant du 19e siècle, rendent compte de l’état de ruine dans lequel se trouve alors l’abbaye. C’est le cas de Prosper de La Barrière (dit le Chevalier de Basterot), architecte du département des Pyrénées-Orientales durant la Restauration, qui réalise entre 1824 et 1825 une série de lithographie dans son « Voyage pittoresque dans le département des Pyrénées-Orientales dédié à la ville de Perpignan ». Au milieu des ruines, la tour du clocher est encore debout.

2. L'abbaye du 20e siècle à nos jours :

Un second souffle est donné à l’abbaye dans la première moitié du 20e siècle, avec sa reconstruction à l’initiative de Jules-Marie-Louis Carsalade du Pont, évêque de Perpignan entre 1902 et 1932 [MALLET, 2003, p.217]. L’église est réparée dans un premier temps, suivie de celle du clocher où quatre cloches ont été installées. Le clocher abrite six cloches, dont deux fondues en 1483 et quatre datées de 1904 [A.D.P.O. : 53J64]. Les plus récentes en bronze, ont été faites par la fonderie Jeanne d’Arc, Farnier-Bulteaux & Fils, à Mont-devant-Sassey (Meuse). Celles du 15e siècle sont ornées de sceaux, dont l’une porte un saint Martin.

C’est également au cours de cette étape de restauration que le cloître est reconstruit. Les chapiteaux et les colonnes de ce dernier dispersés à la révolution, ont été récupérés et placés dans un premier temps au rez-de-chaussée [DE CHABANNES, 1975, p.18].

Une seconde phase de restauration de l’abbaye est faite de 1952 à 1974, sous la conduite du Père Bernard de Chabannes, moine bénédictin de l’abbaye d’Encalcat (Tarn). Aidé de jeunes bénévoles et de l’expertise des architectes des monuments historiques, le Père fit construire trois étages à partir des anciennes fondations et reprendre le dallage en schiste des terrasses et du cloître ainsi que les toitures du monastère et de l’église. Les matériaux de reconstruction ont été apportés sur le site au moyen d’un téléphérique, dont le départ s’effectuait depuis la vallée du Cady [DE CHABANNES, 1975, p.18].

La communauté des Béatitudes, qui accueille actuellement les pèlerins et réalise des visites régulières pour les randonneurs et touristes, est installée sur le site depuis 1988 [DELATTRE, DELATTRE-ARNOULD, 2014, p.46]. Aussi, le bâtiment d’accueil situé à l’écart au nord de l’abbaye, a été construit entre 1971 et 1972, parallèlement à l’aménagement du Chemin de Saint-Martin pour le passage des véhicules [DE CHABANNES, 1975, p.23].

Caractéristiques générales :

L'abbaye est située sur un plateau rocheux, à 1055 m d’altitude. Ses contreforts ouest sont occupés par des feixes (terrasses), qui témoignent d’une ancienne activité agricole. Les bâtiments monastiques de plan quadrangulaire et développés de part et d’autre du cloître, ont une maçonnerie apparente en moellons de schiste et de granit, à joints tracés en creux. Bâtis en légère pente, ils possèdent un soubassement semi-enterré et deux niveaux rehaussés d’un comble. Leur toiture à double pente et en tuiles canal ou en lloses. Les baies remaniées sont en plein cintre, avec un encadrement en claveaux de granit et ont à l’étage des volets ainsi que des fenêtres à menuiseries bois. A l’est, le bâti qui donne sur la place dite de la Madone, a en façade nord cinq grandes baies inspirées des formes romanes. Sa toiture en ardoise comprend deux cheminées et trois lucarnes jacobines.

La façade sud du bâtiment monastique accolée au sud-ouest du cloître, conserve une poivrière (15e-16e siècles ?), qui repose sur un encorbellement à degrés, taillé en quart-de-rond dans la pierre de taille (granit). Celle-ci a une petite baie cintrée à ébrasement.

Les tombes de Guifred et de son épouse Elisabeth creusées dans le roc, correspondraient aux sépultures retrouvées derrière la nef latérale nord de l'église haute. La chapelle Saint-Benoît cadastrée 0B 232 (présente sur le cadastre de 1810), est quant à elle isolée au nord de l’abbaye et surplombe la vallée du Cady. De plan carré, elle comprend une toiture à double pente couverte de tuiles canal. Sa maçonnerie est en moellons et blocs de pierres locales (granit et schiste). Les rives de toit et les corniches sont en blocs épais de schiste. A l’ouest se trouve l’entrée, délimitée par un linteau cintré à claveaux de granit et protégée par une grille en fonte. Elle est surmontée d’une croix chrétienne de même matériau, à cercle central gravé. Une ouverture à ébrasement est située en façade nord, tandis que le mur intérieur est dispose d’une niche aveugle à encadrement outrepassé, abritant une statue polychromée en plâtre de saint Benoît. La partie sud de la chapelle est bâtie contre la roche existante, comme cela s’observe à l’intérieur. Le sol en dalles de schiste est en effet prolongé par un affleurement.

Les églises et le clocher-tour :

Saint-Martin du Canigou a la particularité de posséder deux églises superposées, tout comme à l'abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa. Celles-ci sont de plan basilical et larges de 9, 60 m. Elles comprennent une nef centrale et deux collatéraux. La maçonnerie des voûtes et des murs est en pierres de granit et gneiss cassées au marteau, liées à un abondant mortier. Certaines parties ont des joints tracés en creux à la truelle et peints en ocre.

L’église basse semi-enterrée dédiée à la Vierge et également appelée crypte, mesure 21,60 m de long. Selon les études architecturales du bâti, les éléments en place se rapportent à deux phases de construction [MALLET, 2003, p.217]. La partie la plus ancienne située à l’est (consécration de 1009), comprend trois absides semi-circulaire et aveugles, taillées dans la roche, précédées d’une travée couverte de voûtes d’arêtes. Des colonnes monolithes galbées et taillées dans un granit local, ont été noyées à la base des massifs maçonnés, au moment de la construction de l’église haute. Elles comportent un annelet au niveau du fût et un chapiteau évasé mouluré. Leur base est quant à elle enfouie dans le sol. La seconde campagne de construction (consécration de 1014-1026), correspond aux six travées couvertes de berceaux sur doubleaux, retombant sur des piliers massifs de plan cruciforme.

L’église haute d’une longueur de 26 m et dédiée à saint Martin, présente un voûtement en berceau plein cintre continu sur les trois nefs, partagé à mi-hauteur en un unique doubleau retombant sur des piliers cruciformes. Les arcades en plein cintre des collatéraux constituées de claveaux allongés, reposent sur des colonnes monolithes galbées à base enterrée. Celles-ci sont couronnées d’un chapiteau à décor sculpté en méplat, à motifs végétaux (fleurons, palmette) et animal (lion et une sorte de loup). Selon Marcel Durliat, les décors végétaux « appartiennent à l’héritage des anciennes civilisations méditerranéennes », largement diffusé durant le 11e siècle [DURLIAT, 1958, p.106]. Pour l’historienne d’art Géraldine Mallet, cette sculpture serait plutôt « de toute évidence contemporaine de l’architecture avec laquelle elle fusionne parfaitement » [MALLET, 2003, p.218].

Les absides de l’église haute, légèrement décalées vers l’est, prennent appui sur la roche existante. Elles sont éclairées par une unique baie axiale en plein cintre et à double ébrasement, surmontée d’une frise d’arcatures aveugles, terminée sur les côtés par des lésènes. Ces dernières sont caractéristiques du premier art roman méridional. La chapelle Saint-Gaudérique, élevée contre l’abside latérale sud, est quant à elle contemporaine.

L’accès au clocher-tour accolé contre le flanc septentrional de l’abbaye, s’effectue par une porte placée au niveau du mur intérieur nord de l’église Saint-Martin. Haut de 19 m, le clocher-tour dispose en façade nord-est d’une porte en bois à deux vantaux, accessible depuis l’extérieur par un escalier droit. Celle-ci a un encadrement cintré, formé de pierres posées de chant. La porte est couronnée d’un élément en encorbellement semi-circulaire percé d’une fenêtre à ébrasement, qui correspond à l’absidiole de la chapelle Saint-Michel, mise en œuvre à ce niveau du clocher. Au premier étage, le clocher-tour dispose sur chaque face de deux baies en plein cintre à arcatures et lésènes. Le pourtour de ce niveau conserve des peintures murales très effacées, identifiées dans les années 1960 par l’Inventaire Général des Monuments et des Richesses Artistiques de la France [A.D.P.O. : 53J64]. Elles ont été décrites en 1927 par l’architecte Josep Gudiol i Ricart, indiquant un décor composé de roses rouges et de compositions de carreaux associant du blanc et du violet, ainsi que des bandes verticales [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p. 343].

Le second étage a des baies géminées en face nord, tandis que celles des autres faces sont axées avec les baies du niveau inférieur. Enfin, la partie supérieure du clocher, restaurée à la suite du tremblement de terre de 1428, est terminée par un couronnement crénelé.

Le cloître :

Développé au sud des églises et de forme plus ou moins trapézoïdale, le cloître a été bâti sur deux niveaux. Les galeries inférieures à arcades en plein cintre sont typiques des cloîtres catalans du 11e siècle, malgré les importantes restaurations qu’elles ont subies. Celle située au sud et donnant sur les contreforts abrupts de l’enceinte, comprend une série d’arcades à colonnes en pierre de taille (marbre). Les chapiteaux sculptés dans le même matériau, correspondent à ceux qui avaient été récupérés chez les particuliers, lors de la restauration de Jules-Marie-Louis Carsalade du Pont. À l’origine, ces pièces sculptées supportaient un toit en appentis. Elles ont par la suite été réunies en 1924 au rez-de-chaussée, pour former l’actuelle galerie méridionale. Ainsi, treize chapiteaux provenant de Casteil, Vernet et des environs, ont été placés dans leur position actuelle. La galerie est couverte d’une charpente apparente en bois, rythmée par des arcs doubleaux en plein cintre, supportant une toiture à double pente en lloses. Trois pierres tombales en marbre blanc non endommagées durant la révolution française, ont été intégrées par Monseigneur de Carsalade sur les faces intérieures de trois piliers du cloître. Leur iconographie se rapporte à trois Pères Abbés présents à l’abbaye de 1280 à 1334. Aussi, les têtes sculptées du comte Guifred et de sa seconde épouse, la comtesse Elisabeth, sont également insérées dans les piliers [DE CHABANNES, 1975, p.26].

Deux périodes bien distinctes caractérisent la production des chapiteaux de Saint-Martin-du-Canigou. Les plus anciens au nombre de six et produits dans les alentours de 1170, ont une iconographie qui se rapprochent de la production des ateliers de Serrabone et de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa. De plus, leur style est similaire aux chapiteaux attribués au cloître de l’église Saint-André-de-Sorède, réalisés à la fin du 12e siècle [MALLET, 2003, p.218]. Certains de ces chapiteaux ont des tailloirs « ornés d’un rinceau de palmettes, (…) taillés dans un filon de marbre blanc piquetés de gris, reconnu à une petite distance de Saint-Martin » [DURLIAT, 1958, p.108]. Ils représentent des lions à gueules imposantes positionnées sous les volutes d’angle, dont leurs queues placées entre les pattes postérieures sont rejetées sur le ventre. Des visages humains avec des yeux ciselés à la manière de l’atelier du Maître de Cabestany, sont situées entre les volutes.

Le second groupe sculpté daté du 13e siècle, se compose d’éléments en marbre griotte de Villefranche-de-Conflent [DURLIAT, 1958, p.108]. L’iconographie se rapporte à un répertoire à la fois pittoresque et fantastique, mêlant dragons ailés, monstres à queue de serpent, béliers aux ailes rigides reliées au museau, ou encore la figure du singe et du chien qui se lient d’amitié. Des personnages de la vie liturgique sont aussi représentés.

  • Murs
    • schiste moellon
    • granite moellon
    • granite pierre de taille
  • Toits
    ardoise, tuile creuse
  • Plans
    plan allongé, plan rectangulaire régulier, plan carré régulier
  • Étages
    étage de soubassement, 2 étages carrés, étage en surcroît
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte en berceau plein-cintre
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
  • Typologies
    galerie ;
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • damier, fleuron, palmette, rinceau, volute
    • lion, singe, serpent, chien, bélier, dragon
  • Précision dimensions

    Église supérieure : Longueur totale : 26 m / Longueur de la nef : 24 m / Largeur du vaisseau central : 3 m à 3 m 40 Largeur des bas-côtés : 2 m à 2 m 30 / Hauteur du vaisseau central : 6 m 10 / Hauteur des collatéraux : 4 m 70 / Épaisseur des murs : 0 m 85 Église inférieure : Longueur totale : 21 m 60 / Largeur totale : 9 m 20 à 9 m 60 / Largeur du vaisseau central (partie occidentale) : 3 m 10 / Largeur des collatéraux (partie occidentale) : 2 m 20 / Hauteur des vaisseaux : 3 m / Profondeur des absides : 1 m

  • Statut de la propriété
    propriété privée, Propriété du diocèse de Perpignan-Elne
  • Éléments remarquables
    abbaye
  • Sites de protection
    parc naturel régional, site classé, site inscrit
  • Protections
    classé MH, 1889/01/01
  • Précisions sur la protection

    Classement MH : 1889/01/01 : classé MH

    Site classé : 1927/06/30 (arrêté)

    site inscrit : 1943/01/22 (arrêté)

  • Référence MH

Documents d'archives

  • 1810

Bibliographie

  • Médiathèque de Perpignan : LD 900 DEL
    2014
  • 2005
  • 2003
  • 1995
  • 1977
  • 1975
  • 1958

Documents figurés

  • 1893

Documents multimédia

  • 1992-2021
  • Sans date
  • 1824-1825
  • FONT, François. Histoire de l'abbaye royale de Saint-Martin du Canigou (diocèse de Perpignan) ; suivie de la Légende et de l'Histoire de l'abbaye de Saint-André d'Exalada. [en ligne]. Perpignan. Imprimerie de Charles Latrobe. 1903. 254 pages.

    1903
  • 2016
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie
Articulation des dossiers