À l’origine, la prison se trouvait dans une tour du castrum de Prades [CAMPS, 2015, p.16]. Les archives du premier quart du 19e siècle, donnent des précisions sur les profils des détenus, l’organisation du rationnement et les divers travaux de réparations. Ainsi, l’état de situation des prisons dressé en 1812, mentionne 10 détenus, dont 1 femme. Les prisonniers ont une moyenne d’âge comprise entre 25 et 58 ans et exercent des métiers différents (servante, tisserand, berger, négociant, maçon etc.). Ils viennent de Prades et des villages alentours, ainsi que de plusieurs communes du département, dont Canet, Millas, Céret, Perpignan ou encore Taillet [A.D.66 : 123 EDt 57]. Plusieurs adjudications pour la fourniture de pains aux détenus ont été faites, notamment en 1815 pour 1816 et en 1816 pour 1817. Cette dernière se rapporte à un marché conclu avec le sieur Pierre Subra, boulanger domicilié à Villefranche-de-Conflent. Par une lettre en date du 27 Décembre 1816, celui-ci s’engage à « fournir tout le pain nécessaire aux détenus de la prison (…) pendant le cours de l’année mil huit cent dix-sept ». Selon les termes du marché, le pain à fournir par le boulanger « sera de farine de froment pur » [A.D.66 : 123 EDt 57].
Entre 1818 et 1824, plusieurs réparations vont être apportées à la prison. Elles concernent dans un premier temps la remise en état du plancher au second étage, qui sépare les détenus de l’appartement du concierge [A.D.66 : 123 EDt 57]. Il est également question de construire un nouvel appartement destiné à la détention des femmes, comme l’atteste l’avis public du sous-préfet de Prades en date du 23 Janvier 1819. En 1822, le plancher de ce même appartement est réparé et le ressort de la serrure de la porte d’entrée de la prison est rétabli [A.D.66 : 123 EDT 98].
D’importants travaux vont être apportés en 1824, notamment la réparation de la toiture avec pose de nouvelles tuiles et du plancher de l’appartement du geôlier, le recrépissage de l’appartement du concierge et de celui des femmes, le rétablissement de la rampe de l’escalier du 1er étage, le remplacement de trois solives, ainsi que le remplacement de la clef de serrure de la porte d’entrée [A.D.66 : 123 EDT 98].
Divers projets de translations de la prison non retenus vont être proposés dans le courant du siècle, dont ceux à la chapelle du Rosaire alors en état de ruine et dans la propriété de la maison Izos (emplacement futur du Palais de justice-Tribunal) [CAMPS, 2015, p.16].
La prison a finalement été construite sur un terrain de 448 m² situé plus en amont de la rue, appartenant alors à un receveur d’enregistrement à Prades du nom de Circan Gaudérique [LOEILLET, Février 2013, p.2]. Localisé entre le chemin public dit « La carrera » (Route de Catllar) et la Route Royale (actuelle avenue du Général de Gaulle), le terrain était constitué d’une écurie, d'une grange, de lavoirs et de jardins [LOEILLET, Février 2013, p.1]. En 1823, il est échangé au département pour la construction de la prison, ainsi que de la caserne de Gendarmerie, prévoyant 10 logements pour les gendarmes et 16 cellules pour les détenus, dont 4 femmes [CAMPS, 2015, p.16]. Le plan de la Caserne conservé aux archives départementales, fait apparaître deux entrées, au niveau de la rue du Palais de justice et de l’avenue du Général de Gaulle. La principale, située sur l’avenue, correspond actuellement à celle de l’Association Sésame, aménagée dans les locaux de l’ancienne gendarmerie.
L’ensemble fut construit entre 1827 et 1830 ; très vite, les propriétaires voisins de la prison se plaignent de cette promiscuité, notamment en raison de la faible hauteur du mur de séparation. Par ailleurs, les latrines sont communes avec celles de la Caserne. Des transformations vont ainsi être faites dans la prison par les maçons locaux (Perebosch, Patuel, Dento), dont la création d’un puits et l’aménagement d’une sacristie dans la chapelle. En 1831, la réception définitive des travaux a lieu [CAMPS, 2015, p.16]. Le plan d’alignement et de redressement des rues de la ville de Prades dressé en 1847 par l’architecte Auguste Caffes, permet de visualiser l’emprise bâtie des bâtiments. La prison est construite sur un plan en T, tandis que la caserne de part et d’autre d’un patio centrale à puits [A.D.66 : 123 EDt 101]. Avec la proclamation provisoire de la deuxième république en 1848, la prison abrite dès 1849 ses premiers prisonniers politiques [BLAIZE, D’ARTHUYS, PONSAILLÉ TOSTI, 1992, p.33].
En 1927, la prison est désaffectée et mise en vente. Elle est achetée par un dénommé Jules VIDAL, fabriquant et réparateur de charrettes, qui installe son local commercial au rez-de-chaussée. Sa famille sera également logée dans l’édifice. Le carrossier Georges VIDAL, fils du précèdent, hérita par la suite de l’ensemble. En 1969, le mécanicien Georges BONNEIL ouvre son entreprise dans l’ancienne prison, après l’avoir achetée. Ce dernier prévoit par ailleurs un bail de location à l’Association Sésame (Centres d'Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS)). En 2009, il vent l’édifice à la commune [CAMPS, 2015, p.19].
En 2012, une première restauration du bâti est réalisée par Roussillon Habitat. La seconde est entreprise deux ans plus tard, afin d’accueillir l’espace Martin Vivès. Ce dernier est lieu d’exposition inauguré le 30 Mai 2015, qui présente les collections des peintres natifs de Prades Martin Vivès (1905-1991) et François Branger (1912-1994). Il permet également de découvrir des expositions temporaires relatives au patrimoine du Conflent [Prades. Culture & Patrimoine. Espace Martin Vivès [en ligne]]. Il n’occupe pas entièrement l’édifice et correspond à l’actuelle parcelle AY 279.
Architecte de la ville de Perpignan au 19e siècle