La chapelle Notre-Dame-du-Rosaire ou del Roser, fut établie au 16e siècle sur un terrain acheté à Joseph Boixo et concédé à Bernard David, par l’intermédiaire des consuls et du Conseil général de la ville de Prades. Cette transaction apparaît dans une délibération générale de la communauté de Prades, prise le 23 mai 1573 [DELAMONT, 1997, p.191]. Selon les conditions émises par la communauté, la chapelle devait être terminée « dans l’espace de trois ans à compter du jour de la concession et si elle ne l’était pas, la ville se réservait le droit de la reprendre et de la faire terminer [DELAMONT, 1997, p.191]. La construction est terminée le 1er octobre 1581, date de la consécration par l’évêque d’Elne, Monseigneur Jean Terès. Celui-ci décida d’accorder des indulgences aux personnes qui viendraient visiter la chapelle le jour anniversaire de la consécration. De plus, il plaça dans l’autel des reliques de Saint-Sébastien, Saint-Blaise et Saint-André [DELAMONT, 1997, p.192]. Une statue de la Vierge est par ailleurs mentionnée en 1651 par le Père Camos.
Au 18e siècle, des réparations de l’édifice s’imposent, en raison du mauvais état de la chapelle. Le manque de moyens amène le Conseil de Prades à demander la charité auprès de la population, afin de « subvenir à l’entretien d’une lampe qui devait toujours être allumée [DELAMONT, 1997, p.192].
Le conseil de la ville de Prades s’est régulièrement assemblé dans la chapelle, jusqu’à la révolution française. En effet, la fonction de consul a été supprimée le 14 décembre 1789, par décret de l’Assemblée nationale. Initialement conservée dans la chapelle, la statue de la Vierge est déplacée dans l’église paroissiale après la révolution.
Plusieurs projets de réaffectation de la chapelle ont été émis dans le courant du 19e siècle. C’est le cas de la translation de la prison alors située dans une tour du « castrum » [A.D.66 : 123 EDT 98]. Finalement, l’édifice sera détruit en 1854, afin d’élever la nouvelle Mairie de Prades [DELAMONT, 1997, p.193]. Les travaux ont été confiés à l’architecte M. Laffon, qui possédait son cabinet à Perpignan. Dans une lettre du 23 Mai 1846 adressée par l’architecte à M. Paillarès, Maire de Prades, il est également question de placer la justice de Paix au second étage du bâtiment. Selon lui, « l’établissement de la justice de paix au rez-de-chaussée, détruira la grandiose de l’entrée » il « privera d’un marché couvert, et donnera assez de difficultés pour faire l’entrée de la Mairie d’une manière convenable. A Rivesaltes, la justice de paix est au second étage, et l’escalier est bien loin d’être aussi grandiose que celui projeté pour (la) Mairie » [A.D.66 : 123 EDT 93]. La lettre évoque également la distribution des espaces du nouveau bâtiment, prévoyant au rez-de-chaussée une halle ou marché couvert ainsi que la loge du concierge ou le corps de garde. Le premier étage comprend le cabinet particulier du Maire, la salle du Conseil, le secrétariat et les archives de la Mairie. Enfin, le second étage illustré sur un plan joint à la lettre, dispose du Prétoire de la justice de paix, le cabinet du juge de paix, le bureau du commissaire de police et la salle des témoins. De plus, l’architecte prévoit de défendre l’escalier intérieur par « une porte en bois avec panneaux en fer à claire-voie, ou par une grille », dans le cas où le marché devait se faire au rez-de-chaussée [A.D.66 : 123 EDT 93]. Si le projet de placer le tribunal dans l’ancienne chapelle a été abandonné, la halle appelée localement « Pallol », a bien été intégrée au rez-de-chaussée. Actuellement, l’édifice est occupé par la mairie annexe de Prades.
Le cadastre napoléonien permet de visualiser l’emprise bâtie de la chapelle avant sa démolition. Cette dernière se trouvait entre la maison du viguier rasée en 1959 pour ouvrir vers la rue Jean Jaurès, et un hôtel particulier édifié au 16e siècle (actuel N°3 place de la République [JANDOT, Archéo-66, n°35, 2020, p.p. 126-132]. De plus, l’emplacement du second cimetière de Prades qui se trouvait à proximité de la chapelle du Rosaire entre le 17e siècle et la seconde moitié du 18e siècle (déplacement dans le quartier dit du Peyró) [LOEILLET, 2003], correspond sur le cadastre à la cour de l’hôtel particulier.