Le premier hôpital de Prades est mentionné au 14e siècle, en 1350 et 1359. À cette dernière date, il apparaît dans un reçu de vingt-deux florins [DELAMONT, 1997, p.209]. C’est également le 12 avril 1385, que l’édifice est inscrit dans une quittance indiquant la somme de quatorze livres et dix sous, faite par le prêtre Bernard Féliu [Llibre Rotg, fol.528, In DELAMONT, 1997, p.209]. Plusieurs biens sont donnés ou légués à l’hôpital entre les 15e et 16e siècles, notamment à travers la donation faite en sa faveur le 30 septembre 1462 par le camérier de la Grasse et le testament d’un certain Bernard Rehenyer, daté de 1558 [Llibre Rotg, fol.672 et 326, In DELAMONT, 1997, p.209].
Les dispositions testamentaires actées le 21 mars 1564 par Jeanne Noguer, veuve du pareur Pierre Noguer de Prades, indiquent le souhait de fonder un hôpital pour accueillir les plus pauvres, dans lequel il pourra être construit une chapelle avec son autel, sous l’invocation de la Vierge Marie d’Espérance (« Als meus manuminors han de fundar un espital o la casa pora receptar o accullir los pobres de Jhesu-Christ de la dita bila de Prada y vull en loqual espital qui hagi y sighi feta une capella ab son altar a invocacio de la berge Maria de esperansa » [Llibre Rotg, fol.561, In DELAMONT, 1997, p.210]. Avant les travaux de réaménagement successifs effectués au cours des 18e, 19e et 20e siècles, il était encore possible de voir la date « 1588 » au-dessus de la porte d’entrée de l’hôpital, qui devait certainement se rapporter à la dernière année de construction de l’édifice [DELAMONT, 1997, p.211].
Les archives de 1705 et 1750 font état de l’existence du « cimetière de l’hôpital », qui se trouvait non loin de l’établissement. Il pourrait s’agit de celui situé devant le portail de l’église paroissiale Saint-Pierre, translaté en 1780 à proximité de l’église Saint-Côme et Saint-Damien [DELAMONT, 1997, p.p. 213-214].
La chapelle de l’hôpital est agrandie en 1769, telle que l’atteste une délibération du Conseil de la ville. L’agrandissement s’est porté sur la longueur du chevet, la construction d’une nouvelle sacristie et la mise en œuvre d’une tribune « avec un grillage de la première chambre de la galerie qui communique avec l’église » [DELAMONT, 1997, p.211]. Cette galerie toujours existante, donne également sur la cour centrale.
Le retable dédié à Notre-Dame d’Espérance (Vierge enceinte) conservé dans la chapelle de l’hospice, a été réalisé à la fin du 16e siècle par l’arrière-grand-père du portraitiste du roi Louis XIV, du nom d’Honoré Rigaud. La partie médiane du retable est occupée au centre par la statue de Notre-Dame d’Espérance en bois doré, sculptée au 17e siècle [A.D.66 : 53 J 236]. Des réparations sont faites au siècle suivant, notamment en 1706 avec l’autel. Malgré cela, l’hôpital dont l’administration est gérée par des « hospitalers » ou « obrers », reste en très mauvais état ; le procès-verbal d’une délibération du 7 mars 1770, mentionne le fait que « l’état actuel de l’hôpital des pauvres de cette ville est des plus pitoyables malgré la prévoyance et l’application qu’ont donné de tous les temps les Conseils généraux de cette communauté à procurer les avantages et le bonheur des pauvres » [DELAMONT, 1997, p.212].
L’emprise bâtie de l’hôpital apparaît sur le cadastre de 1807, en rive gauche du ruisseau de la Basse. L’ensemble est développé sur un plan en L, autour d’une cour centrale. Cette disposition est complétée dans les années 1840 par une construction Sud, comme l’atteste le plan d’alignement et de redressement des rues de la ville de Prades, dressé entre 1847 et 1848 par l’architecte de la ville Auguste Caffes [A.D.66 : 123 EDt 101]. Celui-ci permet d’identifier le plan désormais en U et l’entrée d’origine de l’hôpital, qui se trouve à la jonction des actuelles rue de la Basse et de l’Hospice. Le cours d’eau de la Basse couvert à la fin du siècle (1869 et 1885) est également projeté [BLAIZE, D’ARTHUYS, PONSAILLÉ, TOSTI, 1992, p.51].
La façade principale de l’hospice sur le Rerevall (actuelle Allée Arago) et l’entrée de la chapelle ont été décorées par Gustave Violet et Joachim Eyt en 1908. Si l’ensemble décoratif a été détruit dans les années 1950, il est possible de visualiser les bas-reliefs sur ciment frais de Violet, à travers des photographies réunies dans le Catalogue de ses œuvres publié en 2018 [BATTLE, GUAL, 2018, p.p. 186-188]. Celle réalisée autour de la porte de l’hospice comportait deux médaillons composés d’entrelacs végétaux, illustrant des personnes âgées soutenues par des jeunes infirmiers. Une guirlande de feuillage ornait le débord de toit et les deux étages supérieurs étaient délimités par une frise à motifs similaires de ceux de la porte. La chapelle de l’hospice comprenait quant à elle une frise représentant des scènes de la vie du Christ. Elle disposait en son sommet d’une croix en fer forgé, actuellement conservée sur celui de l’église Saint-Félix de Codalet [BATTLE, GUAL, 2018, p. 186].
Des travaux de réparation ont été entrepris dans l’hospice dans le courant de l’année 1935 [A.D.66 : 123 EDt 228] ainsi qu’en 1942. Les plus importants ont été réalisés à partir des plans des architectes Edouard Mas-Chancel et David (actifs à Perpignan), comme l’atteste les documents relatifs à la création d’un centre chirurgical ou d’une clinique chirurgicale au sein de l’hôpital-hospice de Prades [A.D.66 : 123 EDt 167].
Le mémoire explicatif dressé le 15 Octobre 1942 par Mas-Chancel, évoque la nécessité pour la commune de se doter d’un service compétent en chirurgie, en raison de l’accroissement du nombre d’interventions chirurgicales. De plus, cela permettrait de décongestionner les cliniques et l’hôpital de Perpignan ainsi que de « ravitailler les malades directement sur leurs lieux habituels de consommation » [A.D.66 : 123 EDt 167]. Dans ce sens, la municipalité a décidé de créer un « bloc chirurgical utilisant une petite partie des locaux primitifs de l’Hospice et l’aménagement en chambres d’un bâtiment existant et inutilisé, situé à proximité, l’ensemble étant relié par une passerelle » qui permettrait « d’améliorer la circulation entre les différents services ». Le plan du premier étage comportant les aménagements du nouveau service de chirurgie, indique les différentes salles à créer/garder : salle aseptique d’opérations, aseptique de première urgence (déjà constituée), de préparation des malades, de stérilisation, des chambres d’isolement et W.C. (déjà existants) et des chambres à deux lits avec W.C., lavabos collectifs, tisanerie et lingerie. Il est également prévu d’aménager un monte malades entre le rez-de-chaussée et le premier étage. L’ensemble de ces travaux s’est élevé à 289.000 francs [A.D.66 : 123 EDt 167].
Le service de chirurgie disparaît après 1949, période marquée par la construction de la clinique Saint-Michel (avenue Louis Prat) [Maison de retraite. La résidence Guy Malé. L’historique de l’hôpital [en ligne]]. Les locaux accueillent actuellement la Maison de retraite Guy Malé, composée de chambres simples et doubles. Celle-ci accueille 79 résidents en hébergement [Maison de retraite. La résidence Guy Malé. L’historique de l’hôpital [en ligne]]. Des travaux de rénovation ont été réalisés en 2017, dont l’extension Nord-Est (AB 200).
Sculpteur-décorateur originaire de Prades (66)