Dossier d’œuvre architecture IA66003674 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Villa Lafabrègue
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Prades
  • Adresse 15 Avenue Louis Prat
  • Cadastre 2021 AY 245

En 1870, le banquier Eugène LAFABRÈGUE et anciennement entrepreneur de travaux publics, vient s’installer à Prades. Il fit donc construire dès 1873 une vaste demeure, sur un terrain acheté en bordure de l’ancienne route de Catllar (actuelle avenue Louis Prat), dont les plans ont été dessinés par son frère Alexandre LAFABRÈGUE. Plusieurs influences stylistiques sont reconnaissables, comme celles de la maison romaine ou encore de la maison italienne à la Renaissance, avec le développement du bâti sur un plan carré et la disposition symétrique des façades. Aussi, la demeure s’appelait à l’origine « Villa Florentine », en raison de sa conception architecturale [témoignage recueilli sur le terrain].

Au décès d’Eugène en 1890, la banque de Prades est dirigée par sa veuve Cécile PORTA. De leur union naîtrons Alfred (Massiac) vers 1867, Eugénie (Barcelone) vers 1869 et Delphine (Prades) en 1873. Leur fils hérita très certainement de la propriété, en raison de la présence des monogrammes L et C entremêlés au-dessus de la porte d’entrée Est de la ville. En effet, Alfred épousa en 1893 Marie des Anges CROS-XURIGUER, originaire de Barcelone et descendante d’un des pionniers de l’industrie chimique en Catalogne du nom de François CROS [PRACA, 2009, p.p. 74-80]. Le couple alors installé dans la capitale catalane, vient chaque été dans la maison de famille.

Tout au long du 19e siècle, l’ascension sociale des deux familles transfrontalières est marquée par la notoriété de représentants politiques et industriels, qui s’inscrivent plus largement dans l’histoire des Pyrénées-Orientales. En effet, la sœur d’Alfred LAFABRÈGUE, Eugénie, a épousé l’avocat pradéen Charles ROMEU, viguier de France en Andorre entre 1887 et 1933 et fait chevalier de la Légion d’honneur en 1902. De plus, Marie Rosalie, fille d’Alexandre LAFABRÈGUE, se lie en 1886 au maître de forges Rémy JACOMY. En dehors de sa profession d’architecte, Alexandre s’est par ailleurs illustré dès 1878 dans l’exploitation de la carrière de talc au lieu-dit d’Embolla, situé à proximité de Corneilla-de-Conflent.

Enfin, la troisième génération des LAFABRÈGUE contribuera au développement de l’industrie du vin de par le mariage d’Anne-Marie LAFABRÈGUE (née en 1898 à Prades) au négociant en vins Edmond PAMS. Leur fils Pierre PAMS, domicilié à Barcelone, deviendra en 1964 P.D.G. de la General Alimenticia y Dietetica S.A., société associée à la Générale alimentaire, puis président d’honneur de la Chambre de commerce française de Barcelone en 1976 [PRACA, 2009, p.p. 74-80].

La villa a été transformée dans les années 1930 par l’architecte Edouard Mas-Chancel (1886-1955), comme l’atteste l’ouvrage « Edouard Mas-Chancel. Perpignan. Architecte Diplômé par le Gouvernement. Architecture Catalane Française », écrit par Gustave Umbdenstock. La publication est par ailleurs dédicacée à Michel Bourreil par Mas-Chancel, le 17 juillet 1932. Comme pour la plupart des constructions régionalistes, Mas-Chancel a fait appel à plusieurs corps de métiers pour l’aménagement extérieur et intérieur. Ainsi, les montants de l’escalier de la villa qui reposent sur des plots en fer forgé, ont été dessinés par l’architecte et assemblés par le ferronnier Louis Ner en 1945. Le lampadaire de la villa a également été réalisé à partir d’un dessin de Mas-Chancel [[Exposition à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine. Notre-Dame de Riquer-Catllar], 2004, pp. 22 et 30]. À cette époque, la propriété est toujours comprise parmi les possessions de la famille LAFABRÈGUE.

Durant la seconde guerre mondiale, la villa sert de siège pour les services de police allemands. Le 29 Juillet 1944, les maquis de la « Pinosa », « Henri Barbusse » et les chefs des Guerrilleros passent à l’offensive pour venger la mort du maquisard Roger Roquefort. Ils assiègent donc la villa et échangent des tirs de fusils, révolvers et mitrailleuses avec les allemands sur une durée de trois-quarts d’heure environ. Deux policiers allemands vont être capturés, tandis qu’un troisième est capturé puis gardé en otage [LARRIEU, 1994, p.314].

Entre 1945 et 1947, la villa sert de lieu de vie pour des soldats anglais, venus en renfort pour sécuriser la frontière franco-espagnole fragilisée par le régime franquiste. Des photographies conservées par les propriétaires actuels, permettent de visualiser le poste d’observation avec radar mis en place non loin du Roc Jalère. Elles donnent également à voir l’état de conservation de la villa, entre 1946 et 1947. La pergola n’était à ce moment-là pas encore couverte par un toit-terrasse.

Achetée en 2003 par un couple d’anglais, la villa Lafabrègue sert actuellement de chambre d’hôtes et de gîte. Si les peintures intérieures ont été reprises en raison de leur mauvais état de conservation, la majeure partie de l’édifice est restée dans un état de conservation compris entre la fin du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle.

La propriété de la villa jouxtant la clinique Saint-Michel au Nord, est formée d’un jardin d’agrément avec essences méditerranéennes, espace zen et piscine. Un mur maçonné en moellons de marbre rose à faîtes en briques et tuiles canal, délimite la partie est. Il est ponctué par deux pavillons de jardin, dont la plus au nord servait autrefois de laverie. Ils sont ouverts sur rue par une porte en bois rehaussée d’un oculus oblongue. Les encadrements ainsi que les chaînes d’angle ont un enduit de protection qui jouent également un effet décoratif (faux pilastres). Tout comme le corps de bâtiment principal, la toiture à quatre pentes est en tuiles canal. Elle présente également une corniche moulurée dans la continuité supérieure des pilastres.

De plan carré, la villa se compose d’un sous-sol, d’un rez-de-chaussée et de deux étages supérieurs. Sa façade ouest comprend en rez-de-chaussée une galerie d’arcades en plein cintre, à fausses voûtes sur croisée d’ogives et arcs doubleaux en plein cintre. Ces derniers reposent sur un culot mouluré en ciment. Dans le mur nord de la galerie se trouve une mosaïque, représentant la Vierge de la Esperanza Macarena (Séville), vénérée durant la Semaine sainte. La galerie communique avec une grande salle à manger, qui servait à l’origine de salon pour accueillir les convives et organiser des festivités. Celle-ci présente un sol à carreaux de briques rouge et de carreaux de ciment à motifs géométriques bleu. Son plafond mouluré en staff, est caractéristique de la fin du 19e siècle. La pièce est éclairée par quatre grandes baies en plein cintre à boiseries peintes dans les années 1940 par Mme. Lafabrègue. Ce niveau est surmonté au sud par une pergola couverte d'un toit-terrasse, rythmée de colonnes à chapiteaux décoratifs en béton et ornés de motifs géométriques d’inspiration Art déco. Formée de poutres horizontales en bois peint et reposant sur des chevrons incurvés, la pergola est similaire à celle réalisée dans la résidence principale d’Edouard Mas-Chancel au Mas Riquer de Catllar (1940-1950).

Le second étage qui devait initialement servir de combles, rappelle la disposition d’un entablement antique, composé de pieds de force moulurés et disposés individuellement ou en pair de deux entre des fausses cannelures. Les ouvertures de cet étage sont petites et carrées.

L’accès principal dans le hall d’entrée de la villa s’effectue en façade est à partir de deux portes en bois. La première comprend des panneaux moulurés à motifs géométriques en partie inférieure. Elle est encadrée sur chaque côté par une porte-fenêtre à encadrement cintré. Une frise également moulurée en ciment et disposée en gradins, se termine par un encadrement en plein cintre qui rappelle la structure des tympans d’église. Le linteau à accolade, est rehaussé d’une bande en saillie formant un crénelage, ainsi que d’un blason recouvert d’un enduit blanc, orné de la représentation d’un casque de soldat à cimier et lambrequins végétaux. Le monogramme des familles LAFABRÈGUE-CROS-XURIGUER, forme la clé supérieure de l’arc à faux claveaux. Au premier étage, les ouvertures sont à la fois d’inspiration gothique et italienne, par l’adoption d’une volumétrie rappelant celle de la loggia ainsi que la mise en œuvre de l’encadrement. Ce dernier comprend des faux pilastres à écoinçons, reposant sur un appui à degrés et taillé en quart-de-rond aux extrémités. Tout comme les ouvertures du rez-de-chaussée, les menuiseries sont en bois peint d’une couleur ocre rouge. La seconde porte peinte en blanc à imposte et panneaux centraux vitrés, possède en revers des éléments de quincaillerie en fer forgé. Elle est identique à celle qui s’ouvre sur la cuisine, dont le bois laissé brut proviendrait de Bourgogne. À son niveau se trouve le blason de la commune de Prades, avec la représentation de saint Pierre, tenant dans sa main gauche la clé du Paradis et dans sa main droite la palme de martyr.

Le hall d’entrée qui distribue l’ensemble des pièces du rez-de-chaussée, dispose au sol de dalles équarries en marbre rose et griotte. Les chambres meublées au nombre de cinq, sont actuellement situées aux 1er et 2ième étages. Elles sont distribuées par un couloir relié à un escalier balancé à repos, constitué de marches, rambardes et d’un limon en bois. Les montants reposent quant à eux sur des plots en fer forgé. De plus, les paliers intermédiaires sont éclairés par des vitraux (20e siècle ?) oblongues à motifs hexagonales reliés entre eux par des croix. Certaines chambres conservent une cheminée en marbre de style XXe. L’une d’entre elles possède une salle de bain de la même époque, avec vasque et miroir en marbre blanc.

Enfin, la partie relative au gîte est située dans le prolongement nord du corps de bâtiment principal. De plan rectangulaire, elle se compose d’une maçonnerie apparente en moellons de galets de rivières, caractéristiques du régionalisme catalan. L’angle sud-est a la particularité de former à la fois un demi-cercle et une accolade incurvée en pierre de taille (granit). Une galerie à arcades en plein cintre percées au centre par une petite baie, permet de relier les parties avant et arrière du jardin. Le gîte dispose d’un rez-de-chaussée et d’un premier étage accessible par un escalier droit. Le toit-terrasse couvert de tuiles canal, possède un débord à trois rangs de terre cuite.

  • Murs
    • brique maçonnerie enduit
    • pierre maçonnerie enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan carré régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • lambris de couvrement
    • fausse voûte
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • terrasse toit à plusieurs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant
  • Énergies
  • Jardins
    massif de fleurs, parterre de gazon, rocaille de jardin
  • Typologies
  • Techniques
    • peinture
    • vitrail
    • ferronnerie
    • miroiterie
    • sculpture
  • Représentations
    • blason
    • accolade
    • colonne
    • pilastre
    • ornement géométrique
    • saint Pierre
    • Vierge
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    villa, jardin d'agrément
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Documents d'archives

  • Sans date
  • 2010

Bibliographie

  • 2014
  • 2015
  • 2004

Périodiques

  • 2009
  • 1934

Documents figurés

  • 1946-1947
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie
Articulation des dossiers