Dossier d’œuvre architecture IA66003672 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Puits à glace
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Prades
  • Adresse 6 Impasse de l'Agriculture
  • Cadastre 1807 E 11  ; 2021 AL 4

L’intérêt pour les puits à glace également appelés « glacières », remonte à la seconde moitié du 20e siècle, avec la redécouverte par les archéologues locaux de ce type de construction. Plusieurs études scientifiques ont donc été réalisées parallèlement, dont celles d’Anny de Pous entre 1969 et 1970 [DE POUS. Revue Conflent. Numéro 51. 1969-1970, p.p. 123-127].

L’archéologue autodidacte indique alors les premières listes de glacières, sans pour autant les distinguer des puits à neige. C’est dans le cadre d’un D.E.A. d’Etudes catalanes, que l’historien, chercheur et archiviste Denis Fontaine et le Maître de conférences à l'Université de Perpignan Michel Martzluff, ont effectué des recherches archivistiques afin de constituer un inventaire des glacières [FONTAINE, MARTZLUFF, 1999]. Grâce aux travaux effectués par ces derniers, il est possible de connaître la première mention du puits à glace de Prades, connu dans les sources archivistiques dès 1689 (Tableau n°3 : classement par zones géographiques). De plus, il subsiste en façade principale (Sud-Ouest) un bloc de pierre en marbre rose, portant la date « 1690 » gravée, soit un an après sa première mention (durée de la construction ?). Les chiffres sont séparés au centre par deux clés croisées, qui correspondent très certainement aux clés du paradis remis par Jésus à saint Pierre (Nouveau Testament). Aussi, ces éléments renvoient de façon plus générale à l’église paroissiale Saint-Pierre de Prades, ce qui pourrait justifier l’appartenance du puits à glace à un corps de communauté religieuse. En effet, les ventes par adjudication de la glace mentionnées dès le 18e siècle, font état de la « glasiera de la fabrica de leglise de Saint-Pierre ». La glace est régulièrement vendue aux enchères publiques, qui ont lieu devant l’église paroissiale [A.D.P.O. : 123 EDT 5]. Cette pratique marchande apparaît dans les bons de livraisons dits « albarans » en catalan, dont l’un des premiers indiqué date de 1701. À Prades, l’affermage de la glace est convenu entre les fermiers et la viguerie du Conflent (siège à Villefranche-de-Conflent). De plus, la gestion est contrôlée, comme l’indiquent les « albarans » de 1702. En effet, entre le jour de Pâques de l’année 1702 et la Toussaint, les fermiers sont obligés de garder leur provision en glace, afin qu’il puisse en rester pour les consuls de la ville. Ils pourront toutefois la vendre à « la gent de guerre » pour quatre deniers. Aussi, la glacière devra être vide du jour de Pâques à la Saint-André, pour pouvoir la remplir à nouveau l’année suivante [A.D.P.O. : 123 EDT 5]. Par ailleurs, la communauté ecclésiastique des Capucins, fondée au 16e siècle au lieu-dit les Planes à Prades, était en droit de prendre de la glace, tels que l’indiquent les dossiers du fonds de l’Intendance de Roussillon au 18e siècle. L’établissement est pauvre et ne peut assurer de lui-même l’achat de la glace. De ce fait, l’état des charges de la communauté de Prades à payer par les ordres des consuls sur le produit des revenus du consulat entre 1744 et 1755, fait état de charges dites « extraordinaires » estimées à 10 deniers, pour permettre aux Capucins de prélever la glace. Il s’agit en réalité d’une donation réalisée par la communauté laïque de Prades, que le Conseil de la ville ne pouvait honorer faute de moyens financiers [A.D.P.O. : 1 C 1976].

Contrairement à certaines glacières qui pouvaient être en partie alimentées par un cours d’eau situé à proximité, celle de Prades était approvisionnée par de la neige de montagne. L’édifice qui abrite actuellement le puits à glace (N°6 Impasse de l’Agriculture), apparaît sur le cadastre de 1807. Il s’agit d’un corps de bâtiment de profondeur réduite, dont la forme urbaine rappelle celle des granges agricoles. En effet, il se trouve dans une impasse qui regroupait autrefois plusieurs cortals, dont l’actuelle habitation n°4 qui jouxte le bâtiment. Cette dernière conserve une travée centrale de baies axées aux dimensions décroissantes vers le haut ; la dernière possède encore le dispositif d’une poulie, afin de hisser les ballots de foin.

Le corps de bâtiment fut transformé postérieurement en habitation. Le premier niveau était déjà habité au cours du 20e siècle, comme l’atteste les propriétaires actuels. Des travaux de rénovation financés en partie par la Fondation du Patrimoine ont été réalisés entre 2010 et 2011 afin de réparer la toiture. C’est à cette occasion que le linteau de la porte de garage a été repris, par reprise de la maçonnerie alors formée de parpaings.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 17e siècle , daté par source, porte la date
    • Principale : 18e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1689, daté par source
    • 1690, porte la date

L’habitation N°6 Impasse de l’Agriculture de plan quadrangulaire, comprend une cour intérieure accessible par deux portes en bois (entrée latérale et garage) ainsi qu’un premier niveau. La porte latérale possède un encadrement à arc surbaissé et jambage gauche en cayrous, tandis que le garage est surmonté d’un linteau en bois et d’un arc de décharge en briques. Entre ces deux éléments se trouve un bloc de marbre rose gravé de la date « 1690 », entrecoupée de la représentation des clés de Saint Pierre. La maçonnerie extérieure est constituée de galets et de moellons de granit et gneiss, avec des joints au mortier de ciment et chaux comblés par des brisures de terre cuite.

La cour intérieure en partie protégée par un plancher en bois, comprend un sol en terre battu, laissant apparaître des vestiges de l’ancien puits à glace. Ce dernier ayant été comblé postérieurement à sa construction, il ne subsiste actuellement plus que les bordures en pierres de granit disposées en assise régulière. Les soubassements Nord, Ouest et Est forment un alignement pratiquement circulaire, qui continu avec des éléments disparates au centre de la cour. L’emplacement du puits à glace n’est pas anodin, puisque le corps de bâtiment se trouve à proximité de canaux d’irrigation, à savoir le Rec de Baix et le canal Eus Marquixanes. En effet, les puits à glace pouvaient être alimentés de plusieurs façons ; soit à partir de la neige récoltée des massifs montagneux, soit à l’aide de bassins de congélation [FONTAINE, MARTZLUFF, 1999]. Dans le cas de Prades, les deux modes d'alimentation combinés sont probables, malgré le fait que l'absence de sondages archéologiques ne permet pas de l'affirmer de façon certaine.

En dehors des restes d’une glacière, il subsiste des tonneaux et un pressoir vinicole, attestant de l’usage agricole de cet espace, probablement dès le 19e siècle. Aussi, l’angle Sud-Ouest abrite une latrine, qui aurait pu être utilisée par un métayer. La comparaison est faite avec la maison Ginestou de Finestret construite au 17e siècle, dont l’espace agricole au rez-de-chaussée distinct des pièces domestiques à l’étage, conserve deux latrines jouxtant une pièce à vivre et des étables.

Enfin, un escalier droit construit postérieurement, donne accès au niveau supérieur de l’habitation n°6. Des blocs de marbre (rose et blanc) retrouvés sur place par les propriétaires, ont été positionnés le long des marches. Depuis cet espace, les traces d’une toiture sont visibles. Elles semblent se rapporter à un ancien toit de protection en appentis, qui devait couvrir l’ensemble du puits à glace.

  • Murs
    • granite galet
    • granite moellon
    • gneiss galet
    • gneiss moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan carré régulier
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
  • Couvertures
    • appentis
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier droit
  • Énergies
    • énergie hydraulique
  • Typologies
  • État de conservation
    vestiges
  • Techniques
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler, à étudier
  • Éléments remarquables
    fondations et sols
  • Protections

Documents d'archives

  • 1807
  • 1696-1736
  • 1696-1736
  • 1744-1755

Bibliographie

  • 2019

Périodiques

  • 1969-1970

Documents multimédia

  • 1999
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie
Articulation des dossiers