Dossier d’œuvre architecture IA66003671 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Maison Felip
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Prades
  • Adresse 17 Place de la République
  • Cadastre 1807 E 698 Corps de bâtiment principal ; 1807 E 710 Partie Nord du bâti ; 1807 E 694 Dépendance ; 1807 E 695 Dépendance ; 1807 E 697 Jardin ; 1807 E 708 Grand jardin ; 2021 BE 100
  • Précisions
  • Dénominations
    maison
  • Appellations
    Maison Felip
  • Destinations
    maison

L’édifice est une ancienne maison de notable située au plus près de l’église Saint-Pierre et de la place centrale de Prades, lieu qui concentre dès le 16e siècle un petit centre d’activités (marchés, manifestations religieuses et civiques). En effet, l’émergence de la bourgeoisie locale et d’une société composée de commerçants et d’artisans, amène le développement de demeures patriciennes au cœur du centre ancien, dont la maison Felip.

Les éléments architecturaux visibles en façade et à l’intérieur de l’édifice, témoignent d’une occupation comprise entre les 17e et 19e siècles. Le bâti serait toutefois plus ancien, car il résulte très certainement de la fusion de deux ou trois maisons, pouvant être datées de la fin du Moyen Âge [TJOYAS, 2011, p.4]. En effet, le cadastre napoléonien de 1807 permet de visualiser le découpage du corps de bâtiment actuel en deux parcelles. Celles-ci ont donc été regroupées postérieurement, pour former un seul ensemble. De plus, un jardin d’agrément occupait toute la partie Ouest de la propriété. La famille Felip possédait encore la demeure dans la seconde moitié du 19e siècle, comme l’atteste l’étude de la matrice cadastrale réalisée en 2011 par l’historien M. Aymat Catafau. En effet, elle appartenait à François Felip en 1811 puis à Joseph Felip en 1887 [TJOYAS, 2011, p.14].

La famille Felip possédait un important patrimoine mobilier, dont un hôtel particulier développé à l’origine entre la rue du Palais de Justice et la place Catalogne. Il jouxtait à l’Ouest la chapelle du Rosaire (mairie en 1854) et aurait eu plusieurs propriétaires, dont la famille Garau au 16e siècle, Romeu entre les 16e et 18e siècles, Saint-Jean au 19e siècle, puis Felip au 20e siècle [JANDOT, 2020, p.p. 126-132]. Celui-ci était le petit-fils du père de Maurice Felip, dernier propriétaire connu à ce jour de la maison Felip [témoignage recueillie auprès de Mme. Céline JANDOT, archéologue à l’Inrap].

Une étude sur l’hôtel particulier et plus largement sur l’îlot dans lequel se trouve la parcelle, a été réalisée en 2020 par Mme. Céline JANDOT, dans le cadre du projet immobilier « Cœur de ville », porté par la société Agir-Promotion. En effet, un programme de fouilles archéologiques préventive (Juillet à mi-novembre) est en cours de réalisation sur l’îlot d’habitations, dont la plupart d’entre elles ont été détruites pour construire un hôpital de jour et des logements [KOTARBA, 2017, p.p. 35-37]. Ainsi, des recherches approfondies ont pu être faites sur les maisons édifiées entre les 15e et 19e siècles en bordure de la rue du Palais de Justice, axe mentionné au 14e siècle sous le terme de « Ruha » (du catalan médiéval « Arruga » signifiant « sillon » et traduit en français par « Grande Rue ») [HUSER, CATAFAU, 2011, p.p. 25 et 26]. À l’intérieur, les éléments architecturaux recensés datent principalement du 18e siècle, tels qu’un jambage de cheminée en stuc, une niche pour l’éclairage avec des carreaux en terre cuite moulés et décorés, ainsi qu’une fenêtre croisée placée devant une ouverture bouchée [JANDOT, 2020, p.p. 126-132].

Inhabitée depuis 1990, la Maison Felip est identifiée dans les années 2000 par la ville de Prades, dans le but d’y développer un pôle d’activité culturelle et touristique au cœur du centre urbain ancien. Plusieurs études de faisabilités vont donc être faites, notamment en 2011 par l’architecte Mimi Tjoyas et l’agence de conseil spécialisée dans le secteur culturel LordCulture en 2012. Les projets de réaménagements ont ainsi mis en avant la volonté d’aménager un centre d’interprétation dédié au musicien Pablo Casals, aux peintres Martin Vivés et François Branger, ainsi que des locaux pour la gestion, la valorisation et la promotion du Festival. L’agence d’innovation culturelle 9b+ (Toulon) proposera également en 2014 des projets de réaménagement dans son rapport intitulé « Etude de définition pour la création d’un espace à vocation culturelle, patrimoniale et touristique dans la maison Felip à Prades : Espace Casals ».

L’ensemble de la propriété fut acheté au début des années 2000 par l’Office 66. Un important aménagement extérieur lié à la transformation du jardin en parking public est alors réalisé. Les dépendances Sud ont été détruites, afin de bénéficier d’un espace supplémentaire.

Acquise par la Mairie de Prades en 2016, la propriété Felip est actuellement au cœur d’un important projet de développement culturel du territoire, porté par la Communauté de communes Conflent Canigó. Il consiste à intégrer les locaux du futur Pays d’art et d’histoire au sein d’un pôle de tourisme intercommunal, le CIAP (Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine) et les bureaux du Festival Pablo Casals. Ce projet s’inscrit plus globalement dans le Schéma de développement culturel, réalisé en 2019 par le cabinet d’étude Bénédicte Dumeige Conseil. Aussi, la mission de programmation et d’assistance à maîtrise d’ouvrage pour la rénovation de la Maison Felip mise en œuvre entre 2020 et 2021, a consisté à proposer plusieurs scénarios d’implantation des activités prévues et des premières pistes muséographiques du futur CIAP [Filigrane Programmation, 9 Juillet 2020, 39 pages]. L’équipe de l’architecte DPLG et urbaniste Philippe Pous active à Perpignan, a été retenue pour mettre en œuvre le projet architectural. Au rez-de-chaussée, les espaces comprendront l’Office de Tourisme intercommunal Conflent Canigó (accueil, billetterie, boutique) et le CIAP ; les salles d’activités seront établies au 1er étage et les bureaux du Pays d’art et d’histoire ainsi que du Festival Pablo Casals au 2ième étage. Des espaces extérieurs, à savoir le « Cloître » et le « Théâtre de plein air » sont également prévus. L’extension projetée dans la continuité de l’existant et à l’emplacement d’une partie de l’ancien jardin, consiste à construire une grande salle d’activité et à aménager un parking semi-enterré. L’accès à l’Office de Tourisme et au CIAP s’effectuera depuis la place de la République, par la façade principale. Dans ce sens, la façade principale sera restaurée dans le respect de la volumétrie d’origine. Des accès secondaires sont projetés au niveau de la rue Voltaire pour se rendre aux espaces verts et à la grande salle d’activités. Celle-ci pourra également être accessible depuis la placette des Pyrénées. Tous ces accès seront régulés, en fonction des horaires d’ouverture et des animations prévues.

Enfin, le démarrage des travaux (Hiver 2022) s’effectuera quelques mois après une opération de fouille archéologique, conduite par Mme. Céline JANDOT. La présente notice sera donc complétée ultérieurement.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age , daté par travaux historiques
    • Principale : 17e siècle, 18e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 19e siècle, 20e siècle , daté par source, daté par travaux historiques

La propriété d’une surface de 1448 m2, est actuellement formée d’un corps de bâtiment trapézoïdal, d’un espace ouvert correspondant à l’ancien jardin (actuellement parking). Six travées de baies ordonnancées à contrevents en bois pleins et pentures (fer forgé), composent la façade principale orientée Est. Cette dernière est développée sur un rez-de-chaussée et deux étages supérieurs. La porte d’entrée axiale à guichet central et cloutée, est caractéristique du 18e siècle. Elle conserve des éléments de quincaillerie pouvant être datés du 19e siècle, dont deux encadrements décoratifs de serrures en fer forgé. Le heurtoir à pendentif ajouré également réalisé dans du fer, semble plus ancien (18e siècle ?). La porte dispose d'un encadrement chanfreiné droit à claveaux en granit taillé, dont les joints présentent des traces d'un enduit. La clé du linteau est rehaussée d’un monogramme sculpté de la famille Felip, faisant apparaître un entrelacement ingénieux de toutes les lettres du nom. L’ouverture placée sur le côté latérale à l’entrée, conserve un encadrement en anse de panier et des jambages en cayrous, probablement réalisé au 19e siècle. Le linteau droit en bois brut permet quant à lui de supporter l’arc de décharge. Cet espace servait de local au studio photo « FOCI », comme l’atteste encore la présence de l’enseigne et de la grille de fermeture. Un dernier accès à l’intérieur du rez-de-chaussée est présent dans la continuité de l’ouverture précédemment décrite. La porte d’origine n’existe plus, une activité artisanale ou commerciale occupait également cette partie fermée par un battant récent en bois. Également pourvue d’un arc en anse de panier, son encadrement est toutefois chanfreiné (17e siècle ?) et constitué de claveaux taillés dans du marbre rose dit « de Villefranche-de-Conflent ». La pierre de taille en marbre se retrouve au niveau des appuis des deux fenêtres latérales droites à la porte d’entrée principale et sur quatre des six baies du premier étage. Celui-ci est également formé de deux fenêtres à balcon en fer forgé. Entre les deux étages supérieurs, les baies sont axées aux dimensions décroissantes vers le haut. Elles possèdent toutes des volets bois peints, dont ceux du 1er étage ont des pentures en ferronnerie et des portes-fenêtres caractéristiques du 18e siècle.

L’enduit de protection de la maçonnerie est usé par le temps et les lacunes observées permettent de visualiser une maçonnerie traditionnelle constituée de pierres locales. Par ailleurs, l’avant-toit de la façade principale est décoré d’une génoise en terre cuite à un rang, également enduite. Au vu de la multiplicité des ouvertures en rez-de-chaussée, la Maison Felip a bel et bien fait l’objet de remaniements postérieurs à sa construction. De plus, l’étude apportée en 2011 par l’architecte Mimi Tjoyas et l’historien Aymat Catafau, indique que les murs porteurs divisent la demeure en trois ensembles séparés [TJOYAS, 2011, p.13].

À l’arrière du bâtiment, la façade possède une maçonnerie apparente composée de moellons et de galets de rivière en granit, gneiss et schiste, à joints beurrés à la chaux. Elle comprend cinq travées de baies plus ou moins ordonnancées entre elles. Celles du rez-de-chaussée ont été bouchées par du ciment ; elles conservent toutefois un arc de décharge en gneiss et schiste ainsi que pour certaines un linteau droit en bois. Aux étages supérieurs, les fenêtres disposent de volets bois peints à lames verticales et pentures en fer forgé. Elles prennent appui sur une assise de briques (1er étage) et sur de la pierre de taille (2ième étage). Plusieurs remaniements de façades ont été apportées, dont la reprise des encadrements des baies avec du ciment. L’avant-toit a également été modifié, avec la pose de chevrons sur un voligeage en briques. Un escalier droit extérieur, permet d’accéder au premier étage. Ses marches sont en briques et le mur d’échiffre dispose à l’angle de blocs équarris en marbre rose.

Avant l’aménagement du parking, la propriété comprenait un jardin composé de différentes plantations, dont un figuier, un palmier ou encore des framboisiers. L’irrigation de cet espace s’effectuait grâce à une rigole, localisée à proximité d’un puits et d’une fontaine. De plus, un mur de clôture maçonné en pierres et bordant la rue des Pyrénées, délimitait le jardin au Nord [TJOYAS, 2011, p.22]. Les anciennes dépendances étaient quant à elles accolées aux actuelles parcelles BE 95 (p) et 96 et venaient prolonger l’angle Sud-Ouest de la maison Felip. Elles possédaient un toit en appentis et des ouvertures typiques des dépendances agricoles, avec des linteaux droits en bois brut. La suppression de ces dépendances laisse entrevoir la maçonnerie ancienne des habitations n°4 rue Voltaire (BE 96) et n°15 Place de la République, composée de galets disposés pour certains en opus spicatum, liés à un mortier de hourdage en terre.

L’intérieur de la Maison Felip éclairé par un puits de jours, comprenait un escalier balancé supprimé en raison de son instabilité. Il comporte plusieurs éléments d’intérêt patrimonial, dont des carreaux en faïence ou encore des plafonds à la française du 18e siècle (en partie disparus aujourd’hui), dans les pièces du rez-de-chaussée qui donnent sur l’emplacement de l’ancien jardin. Ces plafonds ont des poutres moulurées, des solives entaillées par les couvre-joints et des lambourdes de plancher formées de corbeaux en bois à tête de chat. Par ailleurs, les plafonds des pièces qui donnent sur la place sont en staff. Des cheminées sont encore conservées ainsi que des papiers peints. Certains d'entre eux peuvent se rapprocher de la production du début du 20e siècle. En effet, une des pièces conserve un papier peint à bandes verticales ocre et dorées (plus épaisses), reliées en partie haute par un bandeau décoratif à motifs géométriques et florales. Il peut se rapprocher de celui qui se trouvait dans le salon du bijoutier Quès (rue du Palais de Justice), caractéristique de l’époque Art Nouveau [JANDOT, Archéo-66, n°35. 2020, p. 130].

L’étude du bâti réalisé en 2011, démontre l’existence de désordres structurelles, dont la présence de termites et plusieurs remontées capillaires. La façade sur la place de la République est désolidarisée, peut-être en raison des infiltrations d’eau.

  • Murs
    • granite moellon
    • granite galet
    • gneiss moellon
    • gneiss galet
    • schiste moellon
    • enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur
  • Typologies
  • État de conservation
    remanié
  • Techniques
    • papier peint
    • ferronnerie
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à étudier
  • Éléments remarquables
    maison
  • Sites de protection
    abords d'un monument historique

Documents d'archives

  • 1807

Bibliographie

  • 03 Mars 2014
  • 2011
  • 10 Octobre 2011
  • 15 Février 2011

Périodiques

  • 2020
  • 2017

Documents multimédia

  • 2021
  • 9 Juillet 2020
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie
Articulation des dossiers