Dossier d’aire d’étude IA66003631 | Réalisé par
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Présentation de la commune de Codalet
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  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Conflent-Canigou
  • Adresse
    • Commune : Codalet

Le village de Codalet apparaît pour la première fois en 850 sous la dénomination Cotaletum, dans le cadre d’une vente d’une propriété faite auprès de Protais, futur abbé de Saint-Michel-de-Cuxa [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.101]. Il doit son nom à la présence d’un sol formé de galets de rivière, particulièrement présents en bordure de la Lliterà. A l’origine, le hameau primitif se trouvait sur la rive gauche. Il aurait été transféré à son emplacement actuel au 12e siècle [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, pp.315 et 399].

L’église paroissiale, dédiée à Saint-Félix, est mentionnée en 865 (Sanctus Felix), dans un document relatif à un litige sur la propriété du « Vilar de Mata », situé dans les limites de la « villa » de Prada [CAZES, 1977, p.12]. Considéré comme étant le plus ancien document écrit conservé aux Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, le plaid évoqué est présidé par le comte Salomon, issu de la lignée des comtes de Cerdagne. Selon le texte historique, la « villa » de Prada ainsi que le « vilar de Mata » confrontent Saint-Félix. A l’origine, l’édifice caractéristique de la fin du 11e siècle comprenait une nef unique, terminée par une abside semi-circulaire [CCRP. Codalet, Église paroissiale Saint-Félix. 2005]. De la période romane, il ne subsiste qu’un cordon mouluré correspondant à un départ de voûte, conservé dans la partie occidentale de la nef. Par ailleurs, des travaux de restauration effectués récemment, ont permis de mettre au jour la porte primitive romane, localisée au Sud.

Outre le village de Codalet, les sources historiques indiquent l’existence d’un ancien hameau, au niveau de l’actuelle ermitage Saint Jean de Noceras ou de Dossorons (mentions attestées : strata publica quae dicunt ad Duas Sorones (950, 968, 1011) ; Duas Sorores (11e siècle) ; Plano de Cirsago (1020) [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.101]. L’étymologie employée au cours des siècles, se rapporte à un lieu caractérisé par la présence de pierres droites jumelées et isolées, qui devaient être des éléments mégalithiques (bornes frontières ?) [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.400]. Les premières indications dans les actes des 10e et 11e siècles, mentionnent l’existence d’un chemin (« strata »), qui pourrait correspondre à l’ancienne voie romaine du Conflent, la Via Confluentana. En effet, cette dernière traversait d’Est en Ouest le territoire de Codalet.

L’histoire du développement de Codalet est liée à celle du monastère de Saint-Michel-de-Cuxa, qui a rayonné dans tout le Nord de la Catalogne à partir du 9e siècle. En effet, le village compte parmi les possessions de l’abbaye, dont l’abbé en est le seigneur, à partir du milieu du 10e siècle [CAZES, Revue Conflent, Numéro 46, 1968, p.173]. Selon les sources historiques, le village primitif de Codalet se trouvait vraisemblablement en rive gauche de la Lliterà. Il aurait été transféré à son emplacement actuel en 1142 sous l’impulsion de l’abbé Grégoire, alors seigneur de Codalet [CAZES, 1977, p.12]. Comme de nombreux autres villages de la plaine du Conflent, celui de Codalet se dote très tôt de fortifications. En effet, il est désigné en tant que castrum au 14e siècle, notamment en 1305 [CATAFAU, 1998, p.279]. A cette époque, plusieurs droits liés au transport du vin sont concédés à l’université des hommes de Codalet, par l’abbé de Saint-Michel-de-Cuxa, comme c’est le cas en 1323. Des celliers en relation avec ce commerce sont par ailleurs mentionnés (« cellaria dicti loci »). En 1346, Pierre IV d’Aragon ordonna la démolition des fortifications de Codalet, pour punir les habitants qui avaient prêtés allégeance à Jacques III [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p.356]. Il semblerait que tout n’ait pas été détruit, comme l’indique la mention en 1436 d’une maison touchant la muraille (« infra cellarium sive castrum »). Des vestiges d'une enceinte (deux tours et courtines) sont encore présents au Sud de l'église paroissiale et correspondent à l'établissement d'une première enceinte dès le 13e siècle. A partir du 15e siècle, le village se dote de nouvelles fortifications, avec la construction d'une maison-forte. Celle-ci est probablement de la même époque que le départ de voûte conservé en façade Sud d'une maison située à l'entrée Est de la rue du Conflent (AB 72). Il s'agit vraisemblablement des restes d'une ancienne porte, constitués de blocs de granit en pierre de taille. Il subsiste également un gond en fer forgé dans une agrafe taillée à partir de deux blocs de marbre blanc. Toutes ces indications permettent d’identifier un nouveau développement urbain, dans un village désormais identifié en tant que « Vila nova ». Les sources confrontent son existence avec le village primitif dit « Vila vella » ; ce dernier est en effet évoqué en 1472, non loin du « ruisseau nouveau de Prada » et d’un chemin allant à les Vasses [CAZES, Revue Conflent, Numéro 46, 1968, p.173].

La population de Codalet est en nette augmentation entre le 14e siècle et la fin du 17e siècle, avec 55 feux en 1358, 36 feux en 1515 et 29 feux vers 1690 (Fogatges Catalans).

Le 18e siècle est marqué par l’abolition des privilèges des moines, ordonnée en 1768 par un édit royal et une bulle du pape Clément XIV [DELATTRE, DELATTRE-ARNOULD, 2014, p.59]. Les quelques moines encore présents à la fin du siècle sont expulsés, à la suite de la suppression des ordres religieux en 1790. A Codalet, la population est en constante augmentation, avec un maximum atteint entre 1792 et 1793 (400 habitants). Au cours de la révolution, les bâtiments sont vendus comme bien national ; l’état de délabrement du monastère, entraîne l’effondrement d’une partie du toit en 1835 et plus tard du clocher Nord (1938-1939) [MALLET, 2003, p.194]. Par la suite, des éléments sculptés du cloître et de la tribune vont être dispersés, dont plusieurs d’entre eux ont été récupérés par des particuliers. Le sculpteur et collectionneur américain George Grey Barnard, réalisa en 1907 l'achat de 48 chapiteaux, trouvés à Prades et dans les communes alentours. Ces joyaux de l’art roman sont actuellement conservés au sein du musée des Cloisters (Metropolitan Museum of Art) de New-York (U.S.A) [MALLET, 2003, p.194]. Une restauration des bâtiments est entreprise en 1919, grâce aux communautés cisterciennes de Fontfroide et à un mécène laïc. Les colonnes du cloître qui ont pu rester en France, ont été installées dès la fin des années 1940 au niveau des ailes Nord, Ouest et Est, recréant ainsi ce qu’il aurait pu être autrefois [CCRP. Codalet, Abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa. 2005]. L’abbaye devenue bénédictine depuis 1965, est actuellement la propriété de la communauté du Monastère de Montserrat (SCI).

La population de Codalet compte actuellement 398 habitants (Insee), contre 360 en 1881, 252 en 1968 et 359 en 1999 (Fogatges Catalans).

La commune de Codalet localisée dans le département des Pyrénées-Orientales, est comprise dans la région du Conflent. Elle s’inscrit dans la Communauté de communes Conflent Canigó créée le 1er janvier 2015, regroupant 45 communes et résultant de la fusion entre la Communauté de Communes Vinça Canigou et la Communauté de Communes du Conflent. Le territoire comprenant 278 hectares, est délimité à l’Ouest par Ria-Sirach et au Sud par Taurinya. De plus, il jouxte celui de Prades au Nord et à l’Est. Les principaux axes qui desservent le village sont la D27 (Route de Saint-Michel) et la D27A (Route de Codalet).

Le centre ancien de Codalet s’est développé dès l’époque médiévale, à la suite du transfert du village primitif en 1142. Ce transfert apparaît dans une charte, retranscrivant les paroles de l’abbé ; « Moi, Grégoire, abbé de Cuixà, sur l’avis de mes frères les moines, et avec l’accord de Raymond-Bérenger, comte de Barcelone, de Besalu et de Cerdagne, et prince d’Aragon, et l’assentiment des preux chevaliers de Barcelone, Cerdagne, Conflent, Fenollet et Roussillon, et l’approbation d’Udalgar, évêque d’Elna, pour la louange et la gloire du nom de Dieu et de l’immaculée vierge Marie, je construis et édifie une ville nouvelle dans la condamine de St-Michel, à l’endroit où se tient habituellement la foire" [CAZES, Revue Conflent, Numéro 46, 1968, p.173]. Cette charte évoque également les privilèges qui pourront être accordés aux habitants, s’ils viennent s’installer dans la nouvelle ville (Vila nova). De plus, Codalet semble être un village de foire, comme l’indique la transcription ci-dessus et un document de 1407, évoquant une maison localisée « in villa de Codaleto, loco vocato al carrer mercadal » [CATAFAU, 1998, p.279]. La rue mentionnée pourrait correspondre à l’axe principal du village (actuelle rue du Conflent), très certainement aménagé à l’emplacement de l’ancienne Via Confluentana. En effet, celle-ci traversait également le village, comme l’indique les sources archéologiques. Par ailleurs, la rue du Conflent se trouve en continuité de la route départementale n°27a de Ria à Codalet, identifiée comme étant une portion de la voie antique [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE, 2007, pp.303 et 304].

Le village s’est dans un premier temps bâti de part et d’autre de l’église Saint-Félix, qui existait déjà au 12e siècle. A l’origine, l’habitat s’est développé de manière concentrique, avec en son centre l’édifice religieux. Ce modèle d’implantation se réfère à celui de la cellera, qui désigne un "espace sacré entourant l’église de trente pas de rayon", qui présente une forme généralement concentrique [CATAFAU, 1998, p.1]. L’espace sacré inclus initialement le cimetière, comme ce fut le cas à Codalet. Il se trouvait à l’origine au Nord de l’église, à l’emplacement de l’actuelle habitation cadastrée AB 134. Par manque de place et soucis d’insalubrité, le cimetière a été déplacé en 1883 à l’extérieur du village, en bordure de la Route de Saint-Michel [A.D. 66 : 2 OP 971].

L’espace autour de l’église fut très tôt fortifié, comme l’atteste les vestiges d’une enceinte au Sud de l’église, probablement construite entre la seconde moitié du 13e siècle et le début du 14e siècle [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p.356]. Elle comprend au Sud-Ouest une tour cylindrique (AB 129) de 12 m de haut et 5 m de diamètre. Celle-ci est terminée par huit créneaux rectangulaires, qui possèdent en leur centre de fines meurtrières. La tour est prolongée de chaque côté par des restes de courtines, dont les vestiges Est forment la base d’habitations remaniées à la période moderne puis au 19e siècle. Une seconde tour nettement moins visible depuis l’extérieur et développée sur l’actuelle parcelle AB 131, est observée grâce à la forme demi-circulaire visible sur les plans cadastraux. Les habitations sont des anciennes caves et greniers, destinés à abriter les denrées alimentaires, dont la mention remonte au 14e siècle. Celles situées à l’Ouest de l’église, ont été construites postérieurement. En effet, elles sont absentes du cadastre daté de 1807. Leur emplacement pourrait correspondre à la continuité de l’enceinte disparue, comme le suggère le tracé des parcelles.Le développement urbain au cours des siècles suivants, concerne le bâti édifié de part et d’autre des rues du Canigou et des Fleurs, ainsi que toute la partie Nord de Codalet. Au centre se trouve la place de la République, dont l’emplacement pourrait correspondre à celui des anciennes foires connues à la fin du Moyen Âge.

A l’époque moderne, le village s’est vraisemblablement doté de nouvelles fortifications, comme l’atteste la conservation d’une ancienne poivrière à l’angle Nord-Ouest de l’actuelle mairie, ancienne maison-forte du marquis d'Aguilar au 18e siècle. L’édifice compris entre la place de la République et la rue du Conflent, présente un ordonnancement marqué sur trois niveaux des façades Nord et Ouest, issu de remaniements effectués au cours du 19e siècle. Sa structure paraît toutefois plus ancienne, comme l’atteste la conservation d’éléments pouvant être datés entre la fin du 15e siècle et le 17e siècle. Enfin, le bâti situé en bordure de la rue du Conflent, a la particularité de comprendre une majorité de parcelles étroites et très profondes, au côté de parcelles plus importantes constituées de cours fermées. L’origine médiévale de certaines habitations est attestée par la conservation de portes à linteau en accolade. Pour autant, la plupart ont été construites à l’époque moderne, avec des remaniements effectués durant l’époque contemporaine. De nombreuses maisons ont en effet été reprises par embellissement de façades, comme c’est le cas de l’actuelle n°10 place de la République, avec l’emploi de la technique du rusticage pour le traitement des garde-corps et d’aisseliers soutenant les chevrons de la toiture. Les habitations bâties entre les 19e et 20e siècles, se situent quant à elles en entrée de rue.

L’extension périphérique de Codalet a débuté dès les années 1975, avec l’aménagement des premiers lotissements en partie Est.

Documents d'archives

  • 1856-1893
  • A.D. 66 : 2 OP 971 : Cimetière. Acquisition d'un terrain pour la translation du cimetière. 1882-1883. Concessions

    AD Pyrénées-Orientales
    1882-1913
  • 1906-1907
  • 1807
  • 1807
  • 1807
  • 1994

Bibliographie

  • 1986
  • 1998
  • 1977
  • Médiathèque de Perpignan : LD 900 DEL
    2014
  • 1958
  • 2007
  • 2003
  • 1995
  • 1987

Périodiques

  • 1990
  • 1973
  • 1980
  • 1989
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie