Le village de Codalet apparaît pour la première fois en 850 sous la dénomination Cotaletum, dans le cadre d’une vente d’une propriété faite auprès de Protais, futur abbé de Saint-Michel-de-Cuxa [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.101]. Il doit son nom à la présence d’un sol formé de galets de rivière, particulièrement présents en bordure de la Lliterà. A l’origine, le hameau primitif se trouvait sur la rive gauche. Il aurait été transféré à son emplacement actuel au 12e siècle [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, pp.315 et 399].
L’église paroissiale, dédiée à Saint-Félix, est mentionnée en 865 (Sanctus Felix), dans un document relatif à un litige sur la propriété du « Vilar de Mata », situé dans les limites de la « villa » de Prada [CAZES, 1977, p.12]. Considéré comme étant le plus ancien document écrit conservé aux Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, le plaid évoqué est présidé par le comte Salomon, issu de la lignée des comtes de Cerdagne. Selon le texte historique, la « villa » de Prada ainsi que le « vilar de Mata » confrontent Saint-Félix. A l’origine, l’édifice caractéristique de la fin du 11e siècle comprenait une nef unique, terminée par une abside semi-circulaire [CCRP. Codalet, Église paroissiale Saint-Félix. 2005]. De la période romane, il ne subsiste qu’un cordon mouluré correspondant à un départ de voûte, conservé dans la partie occidentale de la nef. Par ailleurs, des travaux de restauration effectués récemment, ont permis de mettre au jour la porte primitive romane, localisée au Sud.
Outre le village de Codalet, les sources historiques indiquent l’existence d’un ancien hameau, au niveau de l’actuelle ermitage Saint Jean de Noceras ou de Dossorons (mentions attestées : strata publica quae dicunt ad Duas Sorones (950, 968, 1011) ; Duas Sorores (11e siècle) ; Plano de Cirsago (1020) [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.101]. L’étymologie employée au cours des siècles, se rapporte à un lieu caractérisé par la présence de pierres droites jumelées et isolées, qui devaient être des éléments mégalithiques (bornes frontières ?) [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.400]. Les premières indications dans les actes des 10e et 11e siècles, mentionnent l’existence d’un chemin (« strata »), qui pourrait correspondre à l’ancienne voie romaine du Conflent, la Via Confluentana. En effet, cette dernière traversait d’Est en Ouest le territoire de Codalet.
L’histoire du développement de Codalet est liée à celle du monastère de Saint-Michel-de-Cuxa, qui a rayonné dans tout le Nord de la Catalogne à partir du 9e siècle. En effet, le village compte parmi les possessions de l’abbaye, dont l’abbé en est le seigneur, à partir du milieu du 10e siècle [CAZES, Revue Conflent, Numéro 46, 1968, p.173]. Selon les sources historiques, le village primitif de Codalet se trouvait vraisemblablement en rive gauche de la Lliterà. Il aurait été transféré à son emplacement actuel en 1142 sous l’impulsion de l’abbé Grégoire, alors seigneur de Codalet [CAZES, 1977, p.12]. Comme de nombreux autres villages de la plaine du Conflent, celui de Codalet se dote très tôt de fortifications. En effet, il est désigné en tant que castrum au 14e siècle, notamment en 1305 [CATAFAU, 1998, p.279]. A cette époque, plusieurs droits liés au transport du vin sont concédés à l’université des hommes de Codalet, par l’abbé de Saint-Michel-de-Cuxa, comme c’est le cas en 1323. Des celliers en relation avec ce commerce sont par ailleurs mentionnés (« cellaria dicti loci »). En 1346, Pierre IV d’Aragon ordonna la démolition des fortifications de Codalet, pour punir les habitants qui avaient prêtés allégeance à Jacques III [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p.356]. Il semblerait que tout n’ait pas été détruit, comme l’indique la mention en 1436 d’une maison touchant la muraille (« infra cellarium sive castrum »). Des vestiges d'une enceinte (deux tours et courtines) sont encore présents au Sud de l'église paroissiale et correspondent à l'établissement d'une première enceinte dès le 13e siècle. A partir du 15e siècle, le village se dote de nouvelles fortifications, avec la construction d'une maison-forte. Celle-ci est probablement de la même époque que le départ de voûte conservé en façade Sud d'une maison située à l'entrée Est de la rue du Conflent (AB 72). Il s'agit vraisemblablement des restes d'une ancienne porte, constitués de blocs de granit en pierre de taille. Il subsiste également un gond en fer forgé dans une agrafe taillée à partir de deux blocs de marbre blanc. Toutes ces indications permettent d’identifier un nouveau développement urbain, dans un village désormais identifié en tant que « Vila nova ». Les sources confrontent son existence avec le village primitif dit « Vila vella » ; ce dernier est en effet évoqué en 1472, non loin du « ruisseau nouveau de Prada » et d’un chemin allant à les Vasses [CAZES, Revue Conflent, Numéro 46, 1968, p.173].
La population de Codalet est en nette augmentation entre le 14e siècle et la fin du 17e siècle, avec 55 feux en 1358, 36 feux en 1515 et 29 feux vers 1690 (Fogatges Catalans).
Le 18e siècle est marqué par l’abolition des privilèges des moines, ordonnée en 1768 par un édit royal et une bulle du pape Clément XIV [DELATTRE, DELATTRE-ARNOULD, 2014, p.59]. Les quelques moines encore présents à la fin du siècle sont expulsés, à la suite de la suppression des ordres religieux en 1790. A Codalet, la population est en constante augmentation, avec un maximum atteint entre 1792 et 1793 (400 habitants). Au cours de la révolution, les bâtiments sont vendus comme bien national ; l’état de délabrement du monastère, entraîne l’effondrement d’une partie du toit en 1835 et plus tard du clocher Nord (1938-1939) [MALLET, 2003, p.194]. Par la suite, des éléments sculptés du cloître et de la tribune vont être dispersés, dont plusieurs d’entre eux ont été récupérés par des particuliers. Le sculpteur et collectionneur américain George Grey Barnard, réalisa en 1907 l'achat de 48 chapiteaux, trouvés à Prades et dans les communes alentours. Ces joyaux de l’art roman sont actuellement conservés au sein du musée des Cloisters (Metropolitan Museum of Art) de New-York (U.S.A) [MALLET, 2003, p.194]. Une restauration des bâtiments est entreprise en 1919, grâce aux communautés cisterciennes de Fontfroide et à un mécène laïc. Les colonnes du cloître qui ont pu rester en France, ont été installées dès la fin des années 1940 au niveau des ailes Nord, Ouest et Est, recréant ainsi ce qu’il aurait pu être autrefois [CCRP. Codalet, Abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa. 2005]. L’abbaye devenue bénédictine depuis 1965, est actuellement la propriété de la communauté du Monastère de Montserrat (SCI).
La population de Codalet compte actuellement 398 habitants (Insee), contre 360 en 1881, 252 en 1968 et 359 en 1999 (Fogatges Catalans).