L’exploitation du minerai de fer sur le territoire de Taurinya est très ancienne, telle que l’atteste l’existence d’une station romaine active entre les 2e avant J.-C. et 3e après J.-C [Panneau signalétique patrimonial, 2018]. L’activité métallurgique est en effet importante dans le massif du Canigou dès l’Antiquité, notamment avec le développement des ferriers implantés à proximité de sites d’extraction du minerai à ciel ouvert. C’est le cas du lieu-dit Lo Salver, qui comprend les vestiges d’une importante exploitation minière.
Tout comme de nombreuses forges ou moulines de fer, les gîtes miniers de Taurinya ont appartenu à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa jusqu’à la fin du 18e siècle [IZARD, 1994, p.119]. Nationalisées après la révolution française, les mines deviennent en 1803 la propriété de Raymond Rivals, alors maître de forges [Panneau signalétique patrimonial, 2018]. Celles-ci sont intégrées dans la concession minière de Fillols-Taurinya, considérée comme étant la plus grande du département. Le minerai ainsi extrait, permettait d’alimenter des forges du département de l’Aude, ainsi que les hauts-fourneaux de Ria [Panneau signalétique patrimonial, 2018].
Le site est marqué par deux périodes d’exploitation, comprises entre la fin du 19e siècle et le 20e siècle. C’est la société anonyme des mines de Fillols qui se chargea de réaliser dès 1879 les premiers aménagements, dont un plan incliné, fonctionnant à partir d’un système de freins et de rails. Il était employé pour descendre le minerai du carreau de la mine (niveau 740), jusqu’au chemin de traînage mécanique (niveau 645) [Panneau signalétique patrimonial, 2018]. Ce dernier, comprenait deux voies Decauville parallèles, positionnées le long du ravin de Vall Panera sur environ 8 km [Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Fonds Brigitte Fort]. De plus, il permettait l’évacuation du minerai extrait au Salver dans des wagons, déchargé dans des trémies localisées non loin du village. Le minerai était ensuite transporté jusqu’à la gare de Prades puis prenait la direction des forges du Gard et du bassin de la Loire.Le traînage mécanique fonctionna jusqu’en 1928, année de fermeture temporaire de l’exploitation du Salver, notamment en raison d’une meilleure rentabilité du transport du minerai depuis Fillols [Panneau signalétique patrimonial, 2018].
La concession de Taurinya réouvre en 1958, à la suite de travaux menés par la Société Denain-Anzin (1952). Elle est reprise par la Société anonyme des mines de fer de Fillols, dont la principale mine de la commune a été démantelée [Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Fonds Brigitte Fort]. Les années 1958-1963 sont marquées par un important développement du site, notamment avec l’aménagement de deux voies de roulement, à l’entrée de la mine se situant au niveau 703 [Panneau signalétique patrimonial, 2018]. Ces voies permettaient de transporter le minerai jusqu’aux trémies, localisées en bordure de route. De là, le minerai était acheminé par camions vers la gare de Prades ou en direction des fours de Corneilla-de-Conflent, afin d’être expédié vers le Massif Central et la vallée du Rhône [Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Fonds Brigitte Fort]. En 1963, l’exploitation débutait au niveau 742 et s’arrêtait au niveau 721. Une fois extrait, le minerai était chargé dans des berlines de 500 litres, amenées en sortie de mine par un locotracteur Diesel sur une voie de rail [Le fil du Fer, Numéro 18, 2016, pp.41-42]. Ces berlines prenaient ensuite la direction d’un culbuteur, afin de renverser le minerai dans des tublings (glissières) puis dans des trémies en fer. Celle localisée non loin des gîtes communaux, est plus récente que la précédente décrite. Le minerai était chargé dans des camions semi-remorque à l’aide des orifices vannés encore présents sur la trémie, puis transporté vers la gare de Ria ou les Mines de la Têt à Sahorre [Le fil du Fer, Numéro 18, 2016, p.42]. Ernest Calluyere (1925-2004) fut au cours de ces années le directeur d’exploitation de la mine du Salver, pour la « Société des Mines de Fillols » [Le fil du Fer, Numéro 18, 2016, p.41]. L’activité minière à Taurinya cessa par la suite, quelques années suivants la fermeture des hauts-fourneaux de Ria en 1930 [IZARD, 1994, p.124].
A la fin des années 1990, l’association Vall de Cuixà a mené la valorisation du site minier, en organisant des chantiers participatifs avec l’association El Mener de Sahorre et les habitants de Taurinya. De plus, les années 2000 sont marquées par la création du sentier des mines ainsi que par l’instauration d’une signalétique patrimoniale, permettant d’apprécier le parcours de l’ancienne exploitation minière. L’hébergement des visiteurs a également été pensé, à travers l’aménagement des gîtes communaux « El Passatje », « El Reposadou » et la « Farga », situés non loin des bâtiments industriels [Le fil du Fer, Numéro 19, 2017, pp. 41-45].