Dossier d’œuvre architecture IA66003620 | Réalisé par
  • pré-inventaire
Site minier du Salver
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Taurinya
  • Lieu-dit Lo Salver
  • Cadastre 2021 0A 1754  ; 2021 0A 1755  ; 2021 0A 1758  ; 2021 0A 1759  ; 2021 0A 1760  ; 2021 0A 1761  ; 2021 0A 1834

L’exploitation du minerai de fer sur le territoire de Taurinya est très ancienne, telle que l’atteste l’existence d’une station romaine active entre les 2e avant J.-C. et 3e après J.-C [Panneau signalétique patrimonial, 2018]. L’activité métallurgique est en effet importante dans le massif du Canigou dès l’Antiquité, notamment avec le développement des ferriers implantés à proximité de sites d’extraction du minerai à ciel ouvert. C’est le cas du lieu-dit Lo Salver, qui comprend les vestiges d’une importante exploitation minière.

Tout comme de nombreuses forges ou moulines de fer, les gîtes miniers de Taurinya ont appartenu à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa jusqu’à la fin du 18e siècle [IZARD, 1994, p.119]. Nationalisées après la révolution française, les mines deviennent en 1803 la propriété de Raymond Rivals, alors maître de forges [Panneau signalétique patrimonial, 2018]. Celles-ci sont intégrées dans la concession minière de Fillols-Taurinya, considérée comme étant la plus grande du département. Le minerai ainsi extrait, permettait d’alimenter des forges du département de l’Aude, ainsi que les hauts-fourneaux de Ria [Panneau signalétique patrimonial, 2018].

Le site est marqué par deux périodes d’exploitation, comprises entre la fin du 19e siècle et le 20e siècle. C’est la société anonyme des mines de Fillols qui se chargea de réaliser dès 1879 les premiers aménagements, dont un plan incliné, fonctionnant à partir d’un système de freins et de rails. Il était employé pour descendre le minerai du carreau de la mine (niveau 740), jusqu’au chemin de traînage mécanique (niveau 645) [Panneau signalétique patrimonial, 2018]. Ce dernier, comprenait deux voies Decauville parallèles, positionnées le long du ravin de Vall Panera sur environ 8 km [Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Fonds Brigitte Fort]. De plus, il permettait l’évacuation du minerai extrait au Salver dans des wagons, déchargé dans des trémies localisées non loin du village. Le minerai était ensuite transporté jusqu’à la gare de Prades puis prenait la direction des forges du Gard et du bassin de la Loire.Le traînage mécanique fonctionna jusqu’en 1928, année de fermeture temporaire de l’exploitation du Salver, notamment en raison d’une meilleure rentabilité du transport du minerai depuis Fillols [Panneau signalétique patrimonial, 2018].

La concession de Taurinya réouvre en 1958, à la suite de travaux menés par la Société Denain-Anzin (1952). Elle est reprise par la Société anonyme des mines de fer de Fillols, dont la principale mine de la commune a été démantelée [Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Fonds Brigitte Fort]. Les années 1958-1963 sont marquées par un important développement du site, notamment avec l’aménagement de deux voies de roulement, à l’entrée de la mine se situant au niveau 703 [Panneau signalétique patrimonial, 2018]. Ces voies permettaient de transporter le minerai jusqu’aux trémies, localisées en bordure de route. De là, le minerai était acheminé par camions vers la gare de Prades ou en direction des fours de Corneilla-de-Conflent, afin d’être expédié vers le Massif Central et la vallée du Rhône [Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Fonds Brigitte Fort]. En 1963, l’exploitation débutait au niveau 742 et s’arrêtait au niveau 721. Une fois extrait, le minerai était chargé dans des berlines de 500 litres, amenées en sortie de mine par un locotracteur Diesel sur une voie de rail [Le fil du Fer, Numéro 18, 2016, pp.41-42]. Ces berlines prenaient ensuite la direction d’un culbuteur, afin de renverser le minerai dans des tublings (glissières) puis dans des trémies en fer. Celle localisée non loin des gîtes communaux, est plus récente que la précédente décrite. Le minerai était chargé dans des camions semi-remorque à l’aide des orifices vannés encore présents sur la trémie, puis transporté vers la gare de Ria ou les Mines de la Têt à Sahorre [Le fil du Fer, Numéro 18, 2016, p.42]. Ernest Calluyere (1925-2004) fut au cours de ces années le directeur d’exploitation de la mine du Salver, pour la « Société des Mines de Fillols » [Le fil du Fer, Numéro 18, 2016, p.41]. L’activité minière à Taurinya cessa par la suite, quelques années suivants la fermeture des hauts-fourneaux de Ria en 1930 [IZARD, 1994, p.124].

A la fin des années 1990, l’association Vall de Cuixà a mené la valorisation du site minier, en organisant des chantiers participatifs avec l’association El Mener de Sahorre et les habitants de Taurinya. De plus, les années 2000 sont marquées par la création du sentier des mines ainsi que par l’instauration d’une signalétique patrimoniale, permettant d’apprécier le parcours de l’ancienne exploitation minière. L’hébergement des visiteurs a également été pensé, à travers l’aménagement des gîtes communaux « El Passatje », « El Reposadou » et la « Farga », situés non loin des bâtiments industriels [Le fil du Fer, Numéro 19, 2017, pp. 41-45].

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité , daté par source
    • Principale : Moyen Age , daté par source
    • Principale : 19e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
    • Principale : 20e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
    • Secondaire : 21e siècle , daté par source

Grâce aux documents personnels d’Ernest Calluyere recueillis par l’association Les amis de la route du fer, il est possible de connaître le mode d’exploitation du site minier ainsi que les caractéristiques du minerai de fer extrait [Le fil du Fer, Numéro 18, 2016, pp.41-50]. En effet, le minerai exploité était constitué de carbonate de fer à hauteur de 39% à 41% ainsi que de 2% de manganèse [Le fil du Fer, Numéro 18, 2016, p.41].

Dans la seconde moitié du 20e siècle, le gisement du minerai de fer comprenait trois gîtes (n°1, n°1 bis et n°2) [Le fil du Fer, Numéro 18, 2016, p.41]. La récupération du minerai s’effectuait grâce à la technique de l’abattage à l’explosif, qui consistait à creuser des galeries d’allongements à partir de couloirs ou de cheminées. Avant l’expédition aux Mines de la Têt, le minerai extrait devait être préalablement traité dans des fours à grillage (ou à griller). L’opération de grillage consistait à enlever les matières comme le quartz, qui constituaient des impuretés, mais également d’éliminer le gaz carbonique du minerai [Le fil du Fer, Numéro 16, 2014, p 47]. Ainsi, la baisse de la teneur en fer estimée à environ 55%, permettait de réduire le tonnage à transporter, qui était acheminé vers les hauts-fourneaux de la région lyonnaise [Le fil du Fer, Numéro 18, Baillestavy, 2016, p.42].

Deux fours à griller sont conservés sur le site minier du Salver. Le plus ancien, fut construit en 1887 au niveau 727 [Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Fonds Brigitte Fort]. De structure conique, sa maçonnerie extérieure est en pierres de gneiss et granit, liées à du sable. Il a la particularité d’être surélevé sur une plate-forme, qui comprend à la base quatre ouvertures voûtées en plein cintre et en briques. A l’arrière du bâtiment se trouve une dernière voûte, dégagée dans les années 2000 grâce à l’association d’insertion professionnelle El Mener. Elle correspond certainement à un autre four à griller, qui fonctionnait de pair avec le précèdent (système de réchauffement et de refroidissement). Le second four érigé au début du 20e siècle au niveau 740 [Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Fonds Brigitte Fort], est en très bon état de conservation. En effet, son utilisation fut réduite, en raison de la fermeture temporaire de l’exploitation minière en 1928. Tout comme le précèdent four, il est bâti à l’intérieur en briques réfractaires, afin de garder une température élevée. Son terre-plein est maçonné en pierres locales, disposées en assises plus ou moins régulières. Il dispose de trois grandes ouvertures en plein cintre, encadrées de cayrou. Ce dernier matériau se retrouve au niveau des chaînes d’angle harpées et en bordure de la plate-forme. Le fût du four, également de forme conique, dispose d’une maçonnerie extérieure en briques, maintenue par un cerclage en fer. Un plancher maçonné sur une voûte vient surélever la sole du four, afin de protéger de l’humidité du sol. De plus, plusieurs orifices de ventilation sont présents sur la cuve pour assurer une bonne combustion. En face du four à griller se trouve un bâtiment à maçonnerie extérieure apparente, contenant des restes de bobines électriques, des moteurs à compression utilisés pour la combustion et la ventilation, ainsi qu’un socle destiné à accueillir un générateur [Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Fonds Brigitte Fort]. En effet, il s’agit de l’ancienne centrale électrique, qui était reliée à l’usine hydroélectrique de Balaig, construite en 1916 et implantée dans une gorge de la Llitera [Panneau signalétique patrimoniale, 2018]. Par ailleurs, un bassin quadrangulaire qui surplombe actuellement le four à griller, permettait d’apporter de l’eau à partir d’un système de canal (utilisé pour le refroidissement du four ?).

Le fonctionnement de ces fours à griller est identique à ceux présents sur les autres territoires miniers, tel que Baillestavy. En effet, le minerai était déversé par l’ouverture principale des fours (partie sommitale) appelée geulard, pour atteindre le foyer central. Une trémie située au même niveau que le geulard, permettait le basculement des wagonnets chargés en minerai. Afin d’alimenter le feu du foyer, ce dernier était rempli par des couches successives de minerai cru et de charbon de bois. Par la suite, le minerai traité et réduit était récupéré par les ouvertures en plein cintre du soubassement, à l’aide d’un ringard (crochet) [Panneau signalétique patrimoniale, 2018].

Au cours du 20e siècle, plusieurs bâtiments annexes à la concession minière de Taurinya sont édifiés sur le carreau de la mine, dont des ateliers pour la réparation des wagonnets, des écuries et deux bâtiments pour les contremaîtres. L’un de ces derniers comprend une niche pyramidale en béton et cayrou, qui permettait d’entreposer les explosifs. Tout comme l’ancienne centrale électrique, les arases ont été consolidées par le chantier d’insertion El Mener dans les années 2000. Tous ces bâtiments sont partiellement conservés (toitures disparues) et les murs porteurs sont maçonnés en moellons de schistes et de gneiss cerclés par des joints au ciment. Enfin, d’autres bâtiments utilitaires ont été construits au 20e siècle entre 670 et 690 m d’altitude, dont la maison du directeur comprenant des douches et la cantine des mineurs.

  • Murs
    • gneiss maçonnerie
    • granite maçonnerie
    • schiste maçonnerie
    • brique maçonnerie
  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
  • Couvertures
    • appentis
    • toit à longs pans
  • Typologies
  • État de conservation
    restauré
  • Mesures
  • Précision dimensions

    Vieux four : Base carrée : 5x5 m / Hauteur four : 3,50 m / Hauteur assise : 2,75 m Four moderne : Base rectangulaire : 10x7,35 m / Hauteur four : 6 m / Hauteur assise : 4,5 m / Diamètre de la cheminée : environ 7 m

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    ensemble d'industrie extractive

Documents d'archives

  • Syndicat Mixte Canigó Grand Site. L’espace Docs du Canigó. Fonds Brigitte Fort. Prises de vues originales (1988-1998). Taurinya. [en ligne], https://canigo-grandsite.fr

    1988-1998

Périodiques

  • Association Les amis de la route du fer. Le fil du Fer. Numéro 19. Baillestavy. 2017. 52 pages.

    Médiathèque de Prades
    2017
  • Association Les amis de la route du fer. Le fil du Fer. Numéro 18. Baillestavy. 2016. 64 pages.

    Médiathèque de Prades
    2016
  • 2014

Documents figurés

  • Panneau signalétique patrimoniale : Syndicat Mixte Canigó Grand Site. Site minier du Salver. Commune de Taurinya. Une exploitation millénaire. 2015

    2015
  • Panneau signalétique patrimoniale. Site minier du Salver - Taurinya. Le plan incliné. 2018.

    2018
  • Panneau signalétique patrimoniale. Site minier du Salver - Taurinya. Le traînage mécanique. 2018.

    2018
  • Panneau signalétique patrimoniale. Site minier du Salver - Taurinya. Le carreau de la mine. 2018.

    2018
  • Panneau signalétique patrimoniale. Site minier du Salver - Taurinya. Le vieux four. 2018.

    2018
  • Panneau signalétique patrimoniale. Site minier du Salver - Taurinya. La grande trémie. 2018

    2018

Documents multimédia

  • Lien URL : https://www.persee.fr/doc/amime_0758-7708_1994_num_12_1_1258

    1994
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie
Articulation des dossiers