Dossier d’œuvre architecture IA66003550 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Château de Paracolls et chapelle Saint-Pierre
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Campôme
  • Lieu-dit Paracolls
  • Adresse
  • Cadastre 2020 0A 268 (a)  ; 1811 A2 469

Les vestiges archéologiques découverts sur le site de Paracolls lors de fouilles menées en 1989 en une seule campagne et plusieurs sondages, révèlent une occupation ancienne du lieu, très certainement dès l’époque préhistorique. En effet, plusieurs cupules sont présentes au niveau du socle granitique sur lequel le donjon est taillé, ainsi qu’une grande pierre plate à cupules sur le flanc Est, appuyée contre la paroi rocheuse et servant d’abri. Cette pierre pourrait avoir servi de table d’un dolmen, qui aurait pu se trouver à l’emplacement des vestiges du château [BAYROU, 2004, p.325].

L’occupation antique est également attestée, notamment avec la découverte d’un fragment de sigillée sud-gauloise. De plus, une colonne à chapiteau conservée à l’intérieur de l’enceinte et actuellement visible, serait probablement de facture romaine, comme l’atteste l’archéologue Pierre Alessandri, alors en charge des fouilles menées au 20e siècle [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE, Pré-inventaire archéologique, Paris, 2007, p.268]. Les sondages entrepris à cette époque ont également permis de mettre au jour des vestiges des 14e et 15e siècles, dont la présence d’un denier de billon du Comte du Roussillon, Jean II, frappé entre 1458 et 1475 [ALESSANDRI, Bulletin de l’Association Archéologique des Pyrénées-Orientales, Numéro 5. 1990, n.p].

Mentionné pour la première fois en 948 sous la dénomination « castrum paracolis », le château de Paracolls constitue l’un des plus anciens ensembles castraux répertoriés dans les Pyrénées-Orientales. Un réaménagement du château semble avoir été effectué au 11e siècle, sous la descendance de Guifred, comte de Cerdagne entre 1036 et 1095 [ALESSANDRI, BAYROU, Lucien Bayrou. AAPO, 2001, p.57]. En 1094, le « castrum » de Paracolls est mentionné dans le testament de Guillaume-Raymond, comte de Cerdagne, afin d’être légué à son fils du nom de Guillaume-Jordà [CAZES, Revue Conflent, Les églises de la Vallée de Molitg, 1969, p.18].

Les sources historiques identifient dès 1102 [BAYROU, 2004, p.325] la famille de Paracolls en tant que vassale du comte de Cerdagne, qui conserve le château éponyme jusqu’en 1250. Pour autant, le nom est gardé dans la toponymie locale, comme l’atteste la mention en 1260 du lieu de « Paracollibus » [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.521].

La chapelle castrale dédiée à Saint-Pierre mentionnée seulement en 1299 [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.521], est implantée en retrait du château. Malgré l’absence de données historiques antérieures au 13e siècle, les relevés architecturaux effectués sur l’édifice en 1989 permettent d’identifier un style bien particulier, relatif au roman lombard tardif du 11e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : Préhistoire , daté par travaux historiques
    • Principale : 10e siècle , daté par source
    • Principale : 11e siècle , daté par source
    • Principale : 2e moitié 13e siècle , daté par source

Les ruines du château ainsi que de la chapelle Saint-Pierre sont localisées sur un piton rocheux, dominant l’établissement thermal de Molitg-les-Bains ainsi que la rive droite du cours de la Castellane. Son accès s’effectue en empruntant une bifurcation de l’ancien chemin qui reliait Campôme à Ria, comme l’indique le cadastre napoléonien.

Le château est compris dans un vaste réseau de tours à signaux et de châteaux castraux, dont ceux de Molitg-les-Bains et de Mosset. Toute la vallée de la Castellane jusqu’au Col de Jau, pouvait ainsi être surveillée. L’ensemble castral comprend les vestiges de trois enceintes de protection. Celle située dans la partie inférieure correspondant à l’enceinte basse, conserve des meurtrières aménagées dans un mur en pierres sèches de faible hauteur. L’enceinte intermédiaire de forme polygonale, abrite des vestiges de bâtiments accolés, qui pourraient correspondre à d’anciennes habitations. Elle se distingue par un appareil constitué de blocs de granit et schiste équarris, disposés en assises plus ou moins régulières. Également percée de meurtrières, l’enceinte délimite très certainement l’ancien habitat qui s’était développé en contrebas du castrum. En effet, plusieurs murettes sont encore apparentes contre le parement intérieur. Selon l’archéologue Anny de Pous, les meurtrières du parement conservé se rapportent à un type archaïque, qui permet de dater le mur du 11e siècle au plus tard [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.53]. Un mur au tracé polygonal correspondant à la troisième enceinte, est défendue par plusieurs meurtrières canonnières, reconnaissables par leur ouverture circulaire.

L’entrée à l’intérieur du château s’effectue au niveau du rempart Est, par une sorte de vestibule voûté en plein cintre. Son encadrement extérieur est formé par un arc clavé en granit, constitué de pierres d’écartement en schiste. L’intérieur du vestibule comprend un départ de voûte, matérialisé par quatre blocs de granit et de gneiss, liés à du mortier de ciment. Il donne accès à un bâtiment quadrangulaire, dont l’ouverture principale est similaire à l’entrée Est. En effet, l’encadrement est en blocs de granit équarris, avec des bas-côtés en pierres de taille. L’intrados du voûtement intérieur se distingue par le positionnement des moellons de pierres sèches, posées de champ. Face à ce bâtiment se trouve les vestiges d’une citerne de forme quadrangulaire, qui se distingue par la présence de lambeaux de mortier de tuileau, constitués de résidu de broyage de briques ou de tuiles. La voûte extérieure de la citerne qui se prolonge jusqu’à l’entrée Est du castrum, est rampante pour s’adapter à la déclivité du terrain.

Au sein de l’enceinte haute se trouve une colonne en granit surmontée d’un chapiteau, d’une hauteur de 1,32 m, dont la fonction est actuellement difficile à identifier. La facture semble en effet plus ancienne que les principaux vestiges du château (10e - 11e siècles). Par ailleurs, le chapiteau est orné de motifs géométriques ainsi que d’une représentation humaine complexe à distinguer.

Les parties les plus abruptes du castrum sont constituées d’une plate-forme entourée par un mur polygonal, ainsi que d’un donjon de plan trapézoïdal, dont il subsiste encore quelques pans de murs liés à du mortier de ciment.

Localisée sur un éperon rocheux au Nord du château, la chapelle dédiée à saint Pierre constitue l’une des parties les mieux conservées de l’ensemble castral. Il s’agit d’un édifice de petite taille orienté à l’Est, comportant une partie de sa nef unique couverte d’un berceau continu et terminée par une abside semi-circulaire en cul-de-four. L’entrée s’effectuait dans le mur Sud, comme l’atteste les restes de l’encadrement de porte en pierre de granit. Le pilier intérieur droit actuellement conservé, comprend de grands blocs en pierre de taille, dont l’un en marbre rose provient certainement d’un réemploi.

Selon l’abbé Cazes, le portail tel qu’il devait se présenter aurait bénéficié d’une réfection, en même temps que la voûte [CAZES, Revue Conflent, Les églises de la Vallée de Molitg, Prades, 1969, p.19] (remplacement d’un système de voûtement en bois ?). Il est actuellement complexe d’établir une datation précise, en raison de l’effondrement de toute la façade occidentale et de la détérioration de l’arc en plein cintre de la porte d’entrée. D’une longueur de 6,50 m sur 3,10 m de largeur, la nef a été remaniée postérieurement, notamment avec l’ajout d’une niche rectangulaire en partie effondrée dans le mur Nord. De plus, le bas-côté Nord de la nef abrite un modillon sculpté en saillie, représentant une forme circulaire (corniche décorative ?). Cette partie de l’édifie possède également des éléments de réemploi, dont un grand bloc de marbre rose incisé sur la bordure. Par ailleurs, les murs intérieurs et extérieurs de la nef ont été recouverts par un enduit, avec des faux joints marqués à la truelle, qui seraient datés du 11e siècle [A.D.P.O. 53 J 54]. Peu de percement ont été réalisés sur l’édifice, en dehors d’une fenêtre unique à double ébrasement, située dans l’axe de l’abside. Un trou visible dans la voûte de la nef pourrait correspondre à des « passages de cordes » pour la construction d’un campanile, actuellement disparu. Cette hypothèse s’appuie sur la comparaison faite avec l’église Saint-Vincent de Séquère (commune de Trévillach) présentant trois trous aménagés dans la voûte, identifiés par les Monuments Historiques comme étant à l’emplacement d’un ancien campanile roman [Protection éventuelle au titre des Monuments Historiques. Ruines de la chapelle et grange fortifiée de la Sequière. Direction du Patrimoine. Recensement des monuments anciens. Dossier n°82, 24 février 1982].

De manière générale, la maçonnerie de la chapelle est constituée de murs en granit pris sur place, avec des moellons cassés au marteau pour les parements et des blocs équarris pour les chaînes d’angle.

  • Murs
    • granite maçonnerie
    • gneiss maçonnerie
    • schiste maçonnerie
    • marbre pierre de taille
    • granite pierre de taille
    • brique enduit
  • Toits
    pierre en couverture, terre en couverture
  • Plans
    plan allongé
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte de type complexe
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    vestiges, envahi par la végétation
  • Précision dimensions

    Hauteur de la colonne en granit conservée au sein du castrum : 1,32 m

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    site archéologique
  • Éléments remarquables
    ensemble fortifié, chapelle

Bibliographie

  • 2007
  • 2004
  • 2004
  • PRÉ-ACTES DU COLLOQUE ROCHEES ORNÉES, ROCHES DRESSÉES – RECHERCHES EN PAYS CATALAN. HOMMAGE À JEAN ABÉLANET (24-26 mai 2001). Défendre la frontière : l’exemple des châteaux de Tautavel et de Paracols. Patrice Alessandri, Lucien Bayrou. AAPO, Université de Perpignan. 2001, 57 pages.

    Bibliothèque archéologique départementale des Pyrénées-Orientales
    2001

Périodiques

  • 1990
  • 1990
  • 1981
  • 1981
  • CAZES, Albert. Revue Conflent. Les églises de la Vallée de Molig. In Guide Touristique des Pyrénées-Orientales. Prades. 1969. 43 pages

    Médiathèque de Prades
    1969
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie
Articulation des dossiers