Dossier d’œuvre architecture IA65007231 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine thermal
Station thermale de Saint-Sauveur
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Université de Pau et des Pays de l'Adour

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hautes-Pyrénées - Vallée des Gaves
  • Commune Luz-Saint-Sauveur

Une station modeste longtemps mal desservie

Le moment de la découverte de la source de Saint-Sauveur, unique sur le territoire de Luz, est difficile à établir. A travers le patronyme d'’un notable de Luz, Guilhem deu Banh (Guillaume du Bain), un document de 1307 ferait allusion à un bassin qui y serait aménagé à cette époque. La première mention explicite d’un bain à Saint-Sauveur survient dans un règlement de 1495 évoquant sa contiguïté avec un oratoire dédié au « Sauveur ». En 1504, le testament d’'un dénommé Bernard de Puyo Cayrat cite explicitement la réunion du bain et de l’oratoire, dont le sanctuaire est appelé « Sent Saubador deu Banh » (saint Sauveur du Bain) et qui, traditionnellement, associe le culte sacré et le soin du corps.

Les bains de Saint-Sauveur font l’'objet d'’une première croissance d'’activité importante au XVIe siècle, ce qui impose, comme ailleurs, d’'en établir une règlementation plus précise. Durant les guerres de religion, le site de Saint-Sauveur, préservé du conflit en raison de ses difficultés d'’accès, accueille le clergé régional, notamment l’'évêque de Tarbes, Gentien d'’Amboise, entre 1572 et 1573. La fréquentation continuant de croître à la fin du XVIe siècle, il devient indispensable de repenser ses chemins d’accès. Les autorités royales, en visite sur place en 1596, commandent l’'aménagement d’'une route carrossable d’'environ 3 mètres de largeur reliant Pierrefitte et les bains de Saint-Sauveur sur la rive gauche du gave. Malgré sa grande notoriété, le site n'’est agrémenté au début du XVIIe siècle que d’'un bain et d'un oratoire, sans maisons attenantes. A l'’instar de la station des Eaux-Chaudes, le XVIe siècle semble constituer le premier âge d’or du site de Saint-Sauveur.

Jusqu’au XVIIIe siècle, le site semble traité quasiment comme une annexe décotée de Barèges. Aussi, en 1717, est-il constitué d'’un bassin en partie creusé dans la roche et surmonté d'’une voûte où la salubrité était plus que douteuse. Un gardien logé dans un bâtiment contigu était chargé de l’'entretien des eaux et de ce précaire équipement.

Un renouveau à la fin du XVIIIe siècle

C'’est à l’'abbé Bézégua que la station doit son renouveau avant la Révolution. Vers 1750, guéri par ses eaux lors de son retour de Barèges, où la cure avait été un échec, cet homme d'’église est si reconnaissant envers la source et la providence qu’'il prêche littéralement pour les eaux de Saint-Sauveur pendant des années. Entre 1770 et 1774, il acquiert ou fait construire une maison attenante au bassin collectif. Il s’4agit du premier édifice du site destiné à l’'accueil des curistes. La carte de Cassini, dressée à la même époque, mentionne le bourg de Luz, ainsi que l’'ermitage Saint-Pierre (future colline Solferino) et Saint-Sauveur sous la sobre appellation « Les Bains ».

Après l'’initiative de l’'abbé Bézégua, le site se dote de plusieurs maisons, constituant un petit hameau d'environ sept logements hôteliers à la fin du XVIIIe siècle. Entre 1779 et 1788, un projet de construction comptant six nouveaux bains est exécuté non sans mal en raison des difficultés du terrain par l’'entrepreneur Naulidos sous la direction de l’'ingénieur Moisset. L’'établissement est alors composé des bains de Bézégua (ou Besga), du bain de la vallée, du nouveau bain dit de la Boullaye et d’'une nouvelle chapelle.

A partir de 1793, notamment en raison de la Guerre de la Convention contre l'’Espagne, le gouvernement révolutionnaire prend le contrôle des bains de la vallée pour y envoyer des masses de soldats blessés ou malades, intimant aux étrangers (susceptibles opposants au pouvoir) de quitter les stations et le pays dans les trois jours. Les installations de Saint-Sauveur continuent alors d'être utilisées comme annexe de Barèges mais sont en revanche dépourvues de curistes. En 1794, le dénommé Lomet, chargé de dresser un bilan sur les établissements thermaux, reconnaît à la fois la modicité des installations, le faible débit et la capacité d’'accueil tout de même honorable du site et il propose d'édifier un établissement thermal digne de ce nom en réunissant les bâtiments d’'alors avec cinq ou six maisons attenantes.

Au début du XIXe siècle, malgré des travaux qui seraient nécessaires pour pallier la vétusté de ses équipements, Saint-Sauveur reçoit une clientèle de riches étrangers, généralement originaires des départements voisins, de la Haute-Garonne à la Gironde, qui, hors de la cure, s’'adonnent aux distractions telles que les promenades et les mondanités dans un paysage pittoresque fort apprécié dans le contexte romantique, lesquelles constituent le fondement de la villégiature thermale. A compter de cette période, les têtes couronnées commencent à se bousculer dans la petite mais charmante station, à commencer par la Reine Hortense (future mère de Napoléon III) et son époux le Roi de Hollande, qui y séjournent furtivement en 1807, puis la duchesse d'Angoulême en 1823 et la duchesse de Berry en 1828.

Une station sous l'attention de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie

Les travaux continuent durant la monarchie de Juillet avec l’'aménagement de nouvelles promenades et le déplacement de la chapelle. La station est au début du Second Empire un lieu élégant et très fréquenté, renommé pour soigner les maladies féminines, doté d’'équipements et d'’embellissements neufs, le tout attirant la bonne société européenne. Le séjour de Napoléon III et de l’'impératrice Eugénie en août 1859 se révèle d’'autant plus décisif pour la vallée de Barèges et la station de Saint-Sauveur. Ils confèrent dès lors à la station son statut impérial en y fomentant de nombreux projets monumentaux décisifs pour Saint-Sauveur voire bien au-delà : en particulier la construction du Pont Napoléon et l’'aménagement de la Route thermale, mais aussi la construction, par l’'architecte Émile Boeswillwald, de la nouvelle chapelle impériale, de la chapelle Solferino et du monument du même nom ; sans oublier la reconstruction de l'’établissement thermal et de l’'hôpital militaire de Barèges.

La station n'est cependant équipée d'’un véritable casino que dans les années 1880 tandis que le territoire communal est relié au chemin de fer en 1899 via la liaison Pierrefitte-Cauterets et l’'ouverture de la gare à Esquièze-Sère. A partir de la Belle Époque, toutefois, la fréquentation connaît un premier déclin, à l’'image de l’'ensemble de l’'industrie thermale nationale. En 1936, Saint-Sauveur, ayant perdu un peu de son dynamisme, ne dénombre plus que 50 habitants.

Luz-Saint-Sauveur est érigée comme station hydrominérale et climatique par un décret du 9 mars 1913. Les chiffres du produit de la taxe de séjour sont connus entre 1928 et 1932 grâce aux Annales des établissements thermaux, cercles, casinos, eaux minérales et à l'Avenir de Luchon (10 mars 1929) ; ils permettent d'estimer la fréquentation de la station (même si de nombreux visiteurs sont exemptés) et de la situer par rapport au corpus de la cinquantaine de stations hydrominérales de l'époque. Ce produit pour Saint-Sauveur s'élève à 15 090 en 1927, soit un peu plus que Barèges pour la même année. Le produit atteint 19 976 en 1929 (13e), puis redescend (effet probable de la crise économique) à 14 514 en 1930 (13e), 12 146 en 1931 (14e, seule année où Barèges repasse devant) et 13 518 en 1932 (13e).

La diversification des activités au 20e siècle

Après la Première Guerre mondiale, les promenades et l’'établissement thermal, ainsi que les bains de Barèges, sont affermés par l’'entrepreneur Thévenot. Le concessionnaire réalise à Saint-Sauveur des installations nouvelles dotées de deux étages de cabines de bains vers le nord. Au fil du siècle, la station continue de se distinguer par ses traitements des pathologies féminines, ce qui lui vaut l’'appellation « Station de la Femme » arborée dans les campagnes publicitaires des Trente Glorieuses.

En 1970, la commune obtient la concession de l’'administration des thermes et des promenades de Saint-Sauveur. Évolution logique vers le tourisme hivernal alors que d’'autres grandes stations thermales se dotent de domaines skiables, la station de ski de Luz-Ardiden, projetée en 1966, est aménagée cette même année sur le massif de l'’Ardiden à 12 km du bourg de Luz, entre 1 700 et 2 500 mètres d'’altitude. Les pistes ne sont en revanche ouvertes au public qu'’en 1975.

Dès les années 1980, en raison du succès de Luz-Ardiden mais aussi de la station de ski voisine de Gèdre-Gavarnie, le concessionnaire des thermes de Saint-Sauveur aménage des saunas afin d’attirer une nouvelle clientèle hors de la saison thermale. Cette stratégie est prolongée dans les années 2000 avec l'’aménagement du centre Luzéa (2004) en plein essor du thermoludisme, qui se généralise dans les stations thermales historiques comme Bagnères-de-Bigorre (Aquensis) et Cauterets (Bains du Rocher).

Depuis les Trente Glorieuses, certains édifices de Saint-Sauveur sont détruits pour élargir la route, mais la station conserve globalement sa morphologie du XIXe siècle. Le développement de ces multiples activités, qui profite à l’'ensemble de la vallée de Barèges et vise à échelonner la saisonnalité touristique, a en outre permis au bourg de Luz d’'étendre en parallèle son offre d'’hébergement, avec 16 hôtels et 70 meublés de location au milieu des années 1980, de même que pour les communes voisines.

De nos jours, de nombreux meublés de location sont installés dans les anciennes pensions antérieures au XXe siècle. La station de Luz-Ardiden, dont les skieurs bénéficient de ces logements, atteint 60 km de pistes réparties sur trois domaines skiables. L'établissement thermal poursuit son activité sous l'enseigne du centre Luzéa.

L’espace thermal de Saint-Sauveur se déploie à flanc de montagne de part et d’autre d’une rue unique, qui serpente en parallèle du gave de Pau situé en contrebas. Ce développement, fréquent dans les Pyrénées, résulte de l’adaptation aux contraintes topographiques fortes, entre relief accidenté, végétation dense et hydrographie abondante.£Cet espace se compose d’édifices relevant généralement de la typologie de l’immeuble de rapport urbain, qui, en conséquence, sont attenants les uns les autres et forment un ensemble continu homogène voire austère, qui contraste avec les bâtiments individuels vernaculaires. Le bourg thermal se caractérise donc par sa forte densité, les édifices s’élevant sur plusieurs niveaux afin d’optimiser les surfaces d’accueil et la fréquentation des curistes et des voyageurs.£Les espaces découverts, quasiment inexistants, sont principalement constitués du parc thermal, équipement emblématique de toute station, qui allie vocation sanitaire et sociale, mais aussi de l’environnement en lui-même avec ses reliefs, ses massifs arborés, ses cours d’eau et ses cascades. Ces contraintes deviennent ainsi des atouts majeurs valorisables pour l’exploitation touristique, occasionnant le déploiement de plusieurs promenades aménagées qui épousent les courbes naturelles du site et proposent des ambiances variées et bucoliques.£L'activité thermale s'étend jusque dans le bourg de Luz, où sont parsemés des hôtels et pensions de voyageurs, la commune d'Esquièze-Sère, où est implantée la gare, et enfin, la commune de Saligos, où est édifié le pont de la Reine Hortense.

  • Murs
    • béton
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    ardoise, tuile
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés, étage de comble
  • Couvertures
    • terrasse
    • toit à longs pans
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier de distribution

Champs annexes au dossier - Architecture

  • NOTB_G Sources imprimées:£BATSERE B., Excursion dans les Hautes-Pyrénées. Souvenirs historiques et rêveries, Tarbes, Telmon, 1858.£BAUDRIMONT Albert, La Reine Hortense séjourna-t-elle et fit-elle une cure thermale à Saint-Sauveur ?, Bordeaux, Gounouilhou, 1929.£
  • NOTB_S Arch. Dép. Hautes-Pyrénées: Dépôt Luz-Saint-Sauveur (Série 2 O ; 295 E Dépôt ; série 6 M) ; Registres de délibérations de la communauté de Luz-Saint-Sauveur ; Cahiers de doléances (1 C 275) ; Inventaire des biens dépendant de la fabrique paroissiale de Lu
  • APPA
  • APRO
  • ARCHEO
  • AVIS
  • CCOM
  • CHARP
  • CHARPP
  • COORLB93 0453764 ; 6200654
  • COORMLB93
  • COORMWGS84
  • COORWGS84 42.8630868457334, -0.0107057239982512
  • ENCA
  • EPID
  • ESSENT
  • ETACT
  • FEN
  • FEN2
  • FENP
  • INTER
  • MHPP
  • NOPC
  • OBSV
  • PAVIS
  • PETA_MA
  • PLU
  • PSAV_FA
  • SAV_FA
  • SELECT oeuvre sélectionnée
  • TAILL
  • TAILLP
  • TOITU
  • USER IVR76_VDELPECH
  • VALID accessible au grand public
  • VISI
  • VISIB
  • VOIR_AUSSI
  • WCOM Luz-Saint-Sauveur
  • IMP 20220321_R_01
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Périodiques

  • Annales des établissements thermaux, cercles, casinos, eaux minérales, 1925 à 1933.

  • Avenir de Luchon, 10 mars 1929.

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Université de Pau et des Pays de l'Adour