Marie-Thérèse de France, duchesse d'Angoulême, figure de proue du phénomène de la villégiature (balnéaire et thermale) au début du 19e siècle, séjourna à Saint-Sauveur 28 jours entre juin et juillet 1823 à la maison Brauhauban. A cette occasion, les onze communes de Bigorre qu'elle traversa (Argelès, Lourdes, Luz, Bagnères, notamment) dressèrent des arcs de triomphe et de somptueuses décorations pour célébrer son arrivée en grandes pompes devant une foule prolifique. Durant son séjour, outre les bains, elle appréciait faire des excursions sur les promenades aménagées autour de la station mais aussi en montagne.
Pour commémorer ce séjour marquant, les habitants de la vallée de Barèges émirent dès 1824 le souhait d'ériger un monument en son souvenir: "une colonne de grande dimension en marbre du pays dont le piédestal sera orné des armes de S.A.R. et d'une inscription mémorative de cet heureux évènement". La délibération du syndicat de la vallée de Barèges précise en outre: "Cette colonne sera élevée sur un mamelon de la promenade de l'établissement de Saint-Sauveur où elle s'offrira aux yeux de tous les voyageurs, par quelle direction qu'ils arrivent en ce premier débouché des montagnes d'Espagne". Une deuxième délibération vote la somme de 7.000 francs pour la construction du monument. Le projet fut adopté par la préfecture des Hautes-Pyrénées et le ministère de l'intérieur en novembre 1824.
La colonne est effectivement érigée au tournant de l'année 1824 face à la pension où elle avait séjourné et au coeur du parc thermal. Elle est déjà mentionnée par des visiteurs illustres comme le comte Marcellus en 1826. Cette visite, cumulée à celle de la duchesse de Berry en 1828 puis aux séjours de Napoléon III et Eugénie, est à l'origine de la renommée de la petite station thermale tout au long du 19e siècle.