Dossier d’œuvre architecture IA46106116 | Réalisé par
  • dossier ponctuel
ensemble de deux maisons, ou logis double
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Conseil départemental du Lot

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lot - Gramat
  • Commune Gramat
  • Lieu-dit Pissebas
  • Cadastre 1824 H1 97, 99  ; 2011 OH 65, 67
  • Dénominations
    maison
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

La partie la plus ancienne forme le centre de l'immeuble actuel qui s'étend sur deux parcelles. Elle se signale par des ouvertures chanfreinées partiellement dissimulés derrière le perron (ou "bolet"), qui dessert aujourd'hui l'étage, et par plusieurs aménagements domestiques visibles au rez-de-chaussée (fenêtre à coussièges, évier, traces d'une cheminée probablement déplacée...). Datable de la fin du 15e siècle, ce premier habitat en rez-de-chaussée, peut-être à pièce unique, a vraisemblablement été remanié et rehaussé dans un second temps. En effet, l'étage semble issu d'une deuxième campagne de construction réalisée dès le début du 16e siècle : en témoignent les transformations opérées au rez-de-chaussée, la reprise des maçonneries et planchers et l'aménagement d'une cheminée monumentale, avec bases prismatiques et écu renversé, à l'étage. Des prélèvements réalisés en 2014 sur les deux plafonds ainsi que sur les chevrons de la charpente ont permis d'obtenir une série de datations par dendrochronologie venant conforter cette hypothèse : elles confirment l'existence de deux états successifs très rapprochés dans le temps, illustrant sans doute un phénomène de développement et d'embellissement de l'habitat à la suite d'une première installation à l'extrême fin du Moyen Age.

La reconstruction du logis central s'est vraisemblablement accompagnée du remaniement ou de la construction d'un deuxième logis semblable au nord-ouest, et peut-être d'une troisième unité d'habitation au sud-est. Ces parties ont cependant fait l'objet de transformations importantes au 18e et au 19e siècle, qui ont largement effacé les dispositions d'origine. Il n'en subsiste que des fragments de maçonneries anciennes (avec chaînes d'angle en pierre de taille de grand appareil au sud-est), les vestiges d'une deuxième cheminée monumentale (étage du logis nord-ouest) et une fenêtre chanfreinées remployée dans le pignon est (comble du logis est).£Largement remanié dans la première moitié du 19e siècle, le logis nord-ouest présente aujourd’hui les caractères d'une petite maison de maître, avec pigeonnier d'angle et façade principale à travées.

Le logis double est partiellement conservé dans son état antérieur à 1824.

Concernant l'unité d'habitation nord-ouest, les caractéristiques architecturales permettent d'identifier un ensemble homogène du 19e siècle, vraisemblablement reconstruit après 1824 à l'emplacement d'un logis à étage datant de la fin du 15e ou du début du 16e siècle. De ce dernier n'est visible que le mur mitoyen séparant les deux habitations, lequel conserve les vestiges de placards et des piédroits moulurés à base prismatique de la cheminée de l'étage.

Le bâti ancien est mieux préservé sur la parcelle sud-est qui est elle-même divisée en deux parties. La partie nord-ouest (au centre de l'ensemble bâti actuel) correspond à un habitat antérieur au milieu du 16e siècle dont les limites sont matérialisées en façade postérieure par les traces d'une chaîne d'angle en moellons. La répartition des équipements domestiques et des baies à coussièges attestent la présence de pièces de vie au rez-de-chaussée et à l'étage. Des transformations ont toutefois été réalisées au rez-de-chaussée, selon une chronologie qui reste à préciser : élargissement d'une porte au détriment d'un évier dans le mur nord-est ; aménagement d'une cheminée à faux manteau en bois dans l'angle est ; construction d'un sol dallé sur la moitié nord-est de l'espace ; édification d'une paroi en pan de bois transversale subdivisant le rez-de-chaussée en deux parties nord-est/sud-ouest. L'aménagement ou le déplacement de la cheminée, dont l'empreinte du conduit est matérialisée par un chevêtre dans le solivage, peut être mis en relation avec la construction probable d'un nouveau plancher prenant appui sur des corbeaux et sur une poutre maîtresse insérés dans les maçonneries d'origine.

L'étage semble plus homogène, malgré une transformation de l'évier et la destruction du conduit de la cheminée du rez-de-chaussée. L'hypothèse qui prévaut, au regard des reprises du solivage, de l'organisation des deux niveaux et des différences de mise en oeuvre des ouvertures (traces de taille, ébrasement et forme du coussiège), est celle d'un remaniement ultérieur du premier logis qui aurait abouti à la construction d'une salle avec cheminée monumentale, au-dessus de l'ancienne pièce de vie en rez-de-chaussée. L'édifice initial pourrait ainsi avoir été rehaussé, la pièce principale déplacée à l'étage et le rez-de-chaussée transformé dans le même temps.

Des prélèvements réalisés sur les deux plafonds ainsi que sur les chevrons de la charpente ont permis d'obtenir une série de datations par dendrochronologie qui tendent à accréditer cette hypothèse. La chronologie établie met en évidence deux campagnes de construction successivement réalisées vers 1488 et dans les années 1509-1510. La datation la plus haute concerne les solives du comble et certaines pièces de la charpente qui a vraisemblablement été remontée à partir de remplois. Le plancher de l'étage a, lui, été mis en place dans les années 1509-1510. Plusieurs indices permettent de supposer que les poutres initiales, mises en oeuvre autour de 1488, ont été remployées pour le plafond de l'étage et la charpente lors du rehaussement du logis. S'il reste à vérifier par une étude archéologique du bâti, ce schéma d'évolution pourrait ainsi traduire un phénomène de développement et d'embellissement rapide de l'habitat à la suite d'une première installation après la guerre de Cent Ans. Dans l'hypothèse d'un déplacement de la "salle" à l'étage, l'affectation du rez-de-chaussée dans la deuxième phase d'occupation pose question : maintien d'un logement indépendant ? Création de pièces de service servant notamment de cuisine ?

Concernant la partie sud-est, la forme des fenêtres et des deux cheminées adossées au mur nord-est témoigne d'une importante campagne de construction réalisée au 18e siècle et de remaniements plus ponctuels au 19e siècle (rez-de-chaussée). La charpente de cette partie se révèle également plus récente que celle de la partie nord-ouest, avec des faux-entraits placés plus bas. L'observation attentive des maçonneries permet toutefois de déceler un état antérieur qui se signale notamment par des chaînes d'angle en pierre de taille de grand appareil, reprises en partie haute au moyen de petits moellons équarris. S'agit-il des vestiges d'un troisième logis contemporain des deux précédents, ou bien d'une extension du logis sud-est entreprise dès le 16e siècle ? La reconstruction de l'étage et du comble (charpente) a effacé les dispositifs d'origine mais l'hypothèse d'un logis triple, remanié et réorganisé au cours de plusieurs phases d'occupation, mérite d'être posée.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 15e siècle , daté par travaux historiques, datation par dendrochronologie
    • Principale : 1er quart 16e siècle , daté par travaux historiques, datation par dendrochronologie
    • Principale : 18e siècle , daté par travaux historiques , (incertitude)
    • Principale : 1ère moitié 19e siècle , daté par travaux historiques

Le logis double est formé de deux corps de bâtiment sur le même alignement, séparés par un mur mitoyen maçonné.

Le logis nord-ouest présente une façade principale à travées, cantonnée à l'ouest d'un pigeonnier demi hors-œuvre. Les trous d'envols du pigeonnier sont dotés d'appuis saillants qui ne sont autre que des remplois moulurés, provenant d'une cheminée à bases prismatiques des 15e-16e siècles. Bâties en moellons calcaires éclatés, avec des chaînes d'angle en pierre de taille, les maçonneries sont encore revêtues d'un enduit à la chaux associé à des bandeaux badigeonnés en blanc. Une génoise à double rang souligne la toiture en tuiles plates. La répartition des ouvertures en façade reflètent la distribution interne : deux pièces au rez-de-chaussée ; chambres réparties à l'étage de part et d'autre d'un couloir central et d'un escalier tournant à deux volées droites. Les cloisons intérieures sont bâties en pan de bois. Si l'ensemble se présente aujourd'hui comme un édifice homogène, les vestiges d'un placard à logette latérale, visible au rez-de-chaussée et portant des traces de taille brettelée, ainsi que les bases prismatiques d'une cheminée monumentale conservées à l'étage signalent un premier état dont il ne semble subsister en place que le mur mitoyen.

Les vestiges anciens sont mieux préservés au niveau du logis sud-est : ils permettent d'identifier une structure en moellons calcaires de l'extrême fin du Moyen Age, remaniée, rehaussée et agrandie dans un second temps. Des refends maçonnés séparent la partie nord-ouest, desservie par un perron (ou "bolet") depuis la cour, de la partie sud-est qui disposait d'un accès indépendant au premier niveau et, probablement, d'un escalier intérieur (traces et trémie visibles au rez-de-chaussée).

Formant la partie centrale de l'ensemble bâti actuel, une maison des 15e-16e siècles se signale, en façade principale, par une porte haute chanfreinée accostée d'une petite fenêtre à chanfrein et appui saillant. Un passage aménagé sous le palier d'entrée conduit vers la porte du rez-de-chaussée qui est animée d'un chanfrein et de congés triangulaires bombés surmontés de petits motifs sculptés (fleur et croix). Cette ouverture est également associée à une petite fenêtre chanfreinée couverte d'un arc déprimé, laquelle n'est plus visible depuis l'extérieur en raison de la construction du perron contre la façade du logis primitif.

L'élévation postérieure révèle d'importantes traces de reprise qui témoignent des campagnes de construction successives. La limite du premier bâtiment est matérialisée par les vestiges fragmentaires d'une chaîne d'angle formée de moellons calcaires sommairement équarris. Elle est associée à un parement assisé de petits moellons éclatés. Plusieurs aménagements sont visibles au premier niveau (de gauche à droite) : extrémité d'un manteau de cheminée en bois traversant la maçonnerie ; grandes dalles de calcaire formant le fond d'un placard et d'un évier ; porte piétonne à linteau, caractérisée par un encadrement étroit et chanfreiné. Les reprises de maçonnerie suggèrent des remaniements au niveau de la porte, élargie dans un second temps, et de la cheminée, probablement insérée dans le mur en place. Au deuxième niveau sont percées une porte haute chanfreinée (transformée en fenêtre) et une petite fenêtre rectangulaire à appui saillant en biseau. Des dalles de calcaire posées de champ et des trous d'écoulement trahissent l'emplacement de l'évier de l'étage, qui a vraisemblablement été remanié ou aménagé dans un second temps (traces de reprise de maçonnerie).

Le bâtiment présente la particularité de conserver plusieurs éléments de confort domestique résultant des différentes campagnes de construction. Ils attestent la présence de deux espaces de vie superposées, mais dont les occupations ou affectations semblent avoir évolué au cours du temps. Au rez-de-chaussée, la porte d'entrée et la petite fenêtre à coussièges disposées dans le mur sud-ouest font face à la porte arrière et aux équipements ménagés dans le mur nord-est : évier voûté à tablettes latérales ; placard à étagère intérieure (vantail disparu) ; cheminée d'angle à faux-manteau en bois (conduit disparu). Plusieurs niches, probablement destinées à accueillir des lampes ou bougies, sont également ouvertes dans les murs latéraux. Dans le mur sud-ouest, elles encadrent une partie centrale aveugle sur laquelle apparaissent, en partie basse, d'importantes traces de rubéfaction : ces éléments semblent se rattacher à un état primitif du bâtiment qui comportait peut-être une cheminée centrale adossée au mur latéral (ancien mur-pignon ?). Si les maçonneries semblent en place au niveau des murs sud-ouest, nord-ouest et sud-est, le mur nord-est a, lui, fait l'objet d'importantes transformations dont semblent résulter les aménagements conservés. Outre l'élargissement de la porte arrière, on note plusieurs reprises au niveau de l'angle est qui sont liées à l'aménagement (ou déplacement ?) de la cheminée. Probablement remployé, le faux-manteau en bois prend appui à gauche sur un corbeau dont l'insertion semble avoir nécessité de retailler l'une des pierres de taille du placard. La cheminée paraît contemporaine d'un sol dallé qui a été construit sur la partie nord-est du rez-de-chaussée, peut-être en remplacement d'un plancher sur vide sanitaire. Le plafond du rez-de-chaussée révèle également des indices de remaniement : le solivage repose sur des corbeaux et une poutre maîtresse massive qui semblent réinsérés dans la maçonnerie d'origine. Le remplacement des solives d'origine et la mise en place d'une poutre maîtresse a peut-être justifié le déplacement de la cheminée centrale dans l'angle est. La poutre transversale a par ailleurs servi d'appui à une cloison en pan de bois dont il ne subsiste que les sablières basses. Délimitant le sol dallé, elles marquent encore la subdivision du rez-de-chaussée en deux pièces nord-est/sud-ouest. Les poteaux de remplissage et les palançons constituant le clayonnage ont été démontés mais ils ont laissé des traces d'encastrement visibles sur les sablières et la poutre maîtresse (pièces déposées et conservées in situ).

L'étage comporte une pièce unique, ouverte dans un second temps sur une deuxième pièce aménagée à l'étage de la partie sud-est. Cette vaste salle destinée à l'habitation était éclairée par deux petites fenêtres pourvues d'un seul coussiège, contrairement à celle du rez-de-chaussée qui en présente deux (fenêtre nord-est bouchée). La cheminée engagée dans le mur mitoyen nord-ouest présente des piédroits arrondis à bases prismatiques, surmontés d'un linteau à crossettes mouluré et orné d'un écu renversé. Associée à un placard ouvrant à gauche du manteau, elle est disposée en miroir par rapport à la cheminée conservée à l'étage du corps de bâtiment ouest. Ce double aménagement de part et d'autre du mur mitoyen confirme l'existence d'au moins deux logis accolés au 16e siècle. L'étage est également équipé d'un évier aménagé dans le mur nord-est, à l'intérieur d'une niche en plein cintre. Au regard du système d'évacuation des eaux et des traces de reprise, il pourrait être issu d'un remaniement tardif, peut-être à l'emplacement d'un évier plus étroit aménagé près du conduit de la cheminée du rez-de-chaussée qui a été détruit.

La partie sud-est du logis abrite deux pièces superposées, équipées de cheminées à manteau droit et percées de baies à arêtes vives. Avec ses fenêtres assez trapues, l'étage se rattache à un état homogène datable du 18e siècle, tandis que le rez-de-chaussée présente des ouvertures élancées caractéristiques du 19e siècle. Cependant, les maçonneries conservent, en partie basse, des vestiges de chaînes d'angle plus anciennes en pierre de taille de grand appareil. Par ailleurs, une fenêtre à encadrement chanfreiné doté de congés pyramidaux semble remployée dans le pignon sud-est, au niveau du comble.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • badigeon
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier en équerre en charpente
  • Techniques
    • maçonnerie
  • Représentations
    • écu
  • Précision représentations

    La cheminée à bases prismatiques de l'étage du logis ouest est ornée d'un écu renversé.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler, à étudier
  • Éléments remarquables
    logis
  • Protections
    inscrit MH, 2023/03/20
  • Précisions sur la protection

    Sont inscrits en totalité au titre des monuments historiques le logis, les quatre granges-étables, le fournil, la loge à cochons, le poulailler-gariotte, les ruines du bâtiment rectangulaire, les murets en pierres sèches, les emprises de l'aire à battre, du potager, du réservoir d'eau et du cloup. (cad. H 58 à 61, 65 à 68, 70 et 695) : inscription par arrêté du 20 mars 2023.

  • Référence MH

Bibliographie

  • Cadot (Fabien), Etude méthodologique pour la connaissance et la conservation du patrimoine rural lotois, Département du Lot/Région Occitanie, dactylographié, 2020.

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Conseil départemental du Lot
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble