Dossier d’œuvre architecture IA46106053 | Réalisé par
  • inventaire topographique
ancien logis triple , fermes , actuellement maison
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Conseil départemental du Lot

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lot - Cère et Ségala
  • Commune Sousceyrac-en-Quercy
  • Lieu-dit Vayrac
  • Cadastre 1826 D 83, 86, 87, 89, 93, 94, 95  ; 2015 AR 12, 17
  • Précisions commune fusionnée après inventaire  ; autrefois sur commune de Calviac
  • Dénominations
    maison, ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    grange, étable

Le bâti actuel du hameau de Vayrac englobe les vestiges de plusieurs fermes occupées à la période moderne. Plusieurs indices architecturaux permettent d'identifier un logis triple du 16e siècle, dont la subdivision en trois unités d'habitation apparaît encore sur le cadastre de 1826 mais qui ne forme aujourd'hui qu'une seule et même propriété. Une seule grange-étable est conservée : l'édifice a été remanié et rehaussé au 19e ou au début du 20e siècle, mais sa structure maçonnée, percée de plusieurs baies chanfreinées, peut être datée du 17e siècle. Elle fait actuellement partie d'une ferme dissociée de la propriété initiale (parcelles AR 12, 13).

Les sources de la fin du Moyen Age et de la période moderne permettent de suivre le processus d'implantation des fermes à proximité de l'ancien « castrum » de Vayrac. Implanté sur un éperon rocheux en contrebas de l'habitat actuel, ce site fortifié associé à un habitat groupé semble abandonné avant la fin du Moyen Age (voir la notice sur le castrum de Vayrac). Un premier mas, occupé par la famille de Veyrac ou de Mayanova, est recensé en 1474 dans un inventaire des biens du vicomte de Turenne (Pressouyre 1971, p. 124-128). Jouxtant les fossés de l'ancien château, il marque le début d'un processus de repeuplement du site après la guerre de Cent Ans. A ce mas a succédé l'habitat actuel déplacé sur le plateau avant le début du 17e siècle.

En 1612, un inventaire des mas dépendant du vicomte de Turenne mentionne deux paysans-tenanciers (peut-être parmi d'autres) : François Veyrac, descendant direct de la première famille, et Jean Roudergues, probablement issu d'une famille installée à Comiac au milieu du 15e siècle (Pressouyre 1971, p. 128). En 1826, d'après le cadastre de Calviac, ce sont trois habitants qui occupent l'îlot formant le centre du hameau. Deux sont issus d'une même famille de cultivateurs ; ils possèdent deux maisons mitoyennes (parcelles ouest et centrale), ainsi que deux granges accolées, qui constituaient peut-être un seul et même bâtiment divisé en deux parties égales (d'après le plan cadastral de 1826 ; bâtiments actuellement disparus). Le logis est appartient quant à lui à une famille noble : le propriétaire mentionné en 1826 est Melchior Toussaint de Dourdou de Pierrefiche, chevalier de l'Ordre de Saint-Louis résidant à Saint-Céré. Ce dernier tenait probablement la propriété de son arrière-grand-mère, Jeanne d'Araquy, membre d'une importante famille noble de Calviac possédant notamment le château voisin de Couderc. On peut donc supposer qu'à cette date, la troisième ferme constituée autour du logis est, était exploitée en faire-valoir indirect et confiée à un métayer.

Les vestiges les plus anciens et les plus homogènes sont visibles à l'extrémité ouest de l'ensemble bâti où sont conservés, sur deux niveaux, une grande partie des maçonneries, les niveaux de plancher ainsi que les aménagements domestiques d'origine. Relevant d'une tradition médiévale, ces différents éléments sont datables du 16e siècle. Ils permettent d'identifier une cellule d'habitation équipée d'une cheminée, d'un évier et d'une latrine, séparée de la maison centrale par un refend maçonné qui se développe sur deux niveaux (cave et étage). Une porte semble avoir été ménagée ultérieurement dans le mur mitoyen pour mettre en relation les deux unités d'habitation (passage repercé dans la maçonnerie de façade).

Les autres parties (parcelles centrale et est) ont fait l'objet de nombreuses transformations qui ont largement effacé les dispositifs d'origine. Néanmoins, deux jours chanfreinés et les vestiges probables d'une porte haute attestent d'un état antérieur au 17e siècle et révèlent une continuité initiale des niveaux de plancher sur l'ensemble de la structure. On observe par ailleurs une homogénéité globale des fragments de maçonneries anciennes (pas de chaîne d'angle en façade) qui tendent à appuyer l'hypothèse de l'existence d'un logis du 16e siècle subdivisé en plusieurs cellules d'habitation séparées par des refends maçonnés.

La maison est a été remaniée dès le 17e siècle : à cette période appartiennent les deux cheminées aménagées dans le mur-pignon est (dont l'une millésimée "1634"), ainsi que la souillarde hors-œuvre construite contre l'ancienne façade nord. L'observation du parcellaire et l'emplacement de ces aménagements laissent à penser que le logis initial a été étendu vers l'est en 1634. Par ailleurs, la répartition des nouveaux équipements de confort domestique signe une réorganisation probable de l'espace interne, se traduisant par l'installation d'une vaste salle commune au rez-de-chaussée et d'une ou plusieurs chambres à l'étage. Cette campagne de travaux semble globalement contemporaine de la construction (ou reconstruction) de la grange-étable qui s'élève encore à l'arrière du logis.

D'autres transformations ont été opérées à la limite des 18e et 19e siècles, se traduisant notamment par l'adjonction d'une souillarde au nord de la maison centrale. Mais ce sont essentiellement les travaux entrepris dans la deuxième moitié du 19e siècle qui ont donné à la structure bâtie son aspect actuel, rehaussant les niveaux de plancher et agrandissant l'habitation sur l'emprise de l'ancienne souillarde. Le corps de bâtiment ainsi édifié au nord a accueilli la nouvelle porte d'entrée qui semble gravée du millésime "1895" (inscription partiellement dissimulée). C'est peut-être à cette époque que les différentes entités, ou du moins les parcelles centrale et ouest, ont été réunies et mises en communication. L'ancienne voie de service, qui passait au sud pour desservir à la fois les maisons mitoyennes, un fournil et un puits, a été transformée en cour privative.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 2e moitié 19e siècle
    • Secondaire : 18e siècle , (incertitude)
    • Secondaire : 19e siècle
  • Dates
    • 1634, porte la date
    • 1895, porte la date

L'ensemble bâti actuel s'est constitué à partir d'un imposant édifice formé de plusieurs unités d'habitation en alignement, qui a fait l'objet de reconstructions successives et de remaniements parcellaires. Chacune des habitations mitoyennes était anciennement associée à une dépendance agricole située de l'autre côté du chemin de service qui longe la façade nord. Il n'en subsiste qu'une vaste grange-étable initialement rattachée au logis est, qui fait actuellement partie d'une autre propriété (voir notice "ferme", parcelle AR 12).

Les anciennes unités d'habitation, qui figurent sur le cadastre de 1826, composent une structure homogène de plan rectangulaire, encore subdivisée en trois parties par des murs de refends. Largement reprises et repercées de baies plus récentes, les maçonneries d'origine se signalent par un appareil à assises irrégulières, mêlant des moellons ébauchés de granite et des plaquettes ou dalles de gneiss. Les chaînes d'angles, comme les encadrements de baies et les aménagements domestiques, sont principalement réalisées en pierre de taille de granite, en intégrant quelques moellons équarris de gneiss.

La partie la mieux préservée forme l'extrémité ouest de l'ensemble. Elle comporte un rez-de-chaussée semi-enterré à usage de cave, une pièce de vie à l'étage et un comble à surcroît, probablement bâti dans un second temps. La cave est accessible depuis le nord par une porte à arc segmentaire dont le chanfrein est amorti par deux congés biais. Elle est éclairée par un jour en archère à ébrasement interne, percé dans le mur sud. La porte d'accès au logis a été remontée à partir de remplois chanfreinés en façade sud ; elle ouvre sur un perron maçonné à volée droite latérale. Une ouverture récente ménagée dans la façade latérale (ouest) présente des piédroits remployés à chanfrein et congés pyramidaux (ou fer de lance), qui proviennent peut-être de la construction d'origine. A l'intérieur, des aménagements domestiques datables du 16e siècle sont conservés en place : un placard à étagère est ménagé dans le mur sud de la cave ; la pièce de vie à l'étage est équipée d'un coffre de latrine et d'un évier à tablettes latérales et arc segmentaire dans le mur nord, ainsi que d'une cheminée engagée dans le mur de refend ou mitoyen est. Cette dernière est dotée de piédroits chanfreinés et d'une plate-bande à crossettes également soulignée d'un chanfrein. La cave communique avec celle de la partie centrale par un passage ménagé dans le mur de refend. A l'étage, une porte ouverte à droite de la cheminée met en communication les pièces de vie des deux maisons mitoyennes. Les traces de reprise des maçonneries, notamment au niveau du mur de façade sud, laissent à penser que ce passage a été repercé dans un second temps.

La partie centrale, largement remaniée et probablement rattachée à la partie est à la fin du 19e siècle, ne conserve que des vestiges très fragmentaires de la structure d'origine. Un corps de bâtiment daté du 19e siècle est adossé à l'ancienne façade nord qui a fait l'objet de plusieurs percements. Des ouvertures et aménagements anciens ne subsistent qu’un jour presque carré à encadrement chanfreiné et ébrasement interne (étage actuel). L'emplacement de ce jour dans le mur nord témoigne d'un rehaussement tardif du niveau de plancher d'origine. La structure actuelle comporte un rez-de-chaussée surélevé sur cave semi-enterrée, un étage carré et un comble à surcroît. La façade sud a été en grande partie remontée en moellons de granite dont certains, soigneusement équarris, pourraient être des remplois. L'élévation a également reçu de nouvelles baies rectangulaires, dont l'encadrement intègre de nombreux remplois chanfreinés ainsi que deux linteaux millésimés du 18e siècle.

Le logis ouest présente des dispositions homogènes d'époque moderne, mais qui appartiennent à un deuxième état de l'habitation (17e siècle). Néanmoins, l'élévation sud conserve des vestiges d'une maçonnerie ancienne percée à l'étage d'un jour chanfreiné semblable à celui de la partie centrale (actuellement bouché). Une porte haute, partiellement bouchée et transformée en fenêtre, est visible à gauche du jour et paraît liée au même appareil de moellons : il s'agit peut-être de la porte d'entrée d'origine dont l'encadrement aurait été entièrement remplacé en partie haute. Le rez-de-chaussée, qui était peut-être initialement dévolu à une fonction de stockage ou agricole (comme pour le logis ouest), comporte plusieurs aménagements de confort domestique qui suggèrent une réorganisation de l'espace et de fonctions au 17e siècle. Une large cheminée en anse-de-panier, dont le manteau chanfreiné porte le millésime "1634", est intégrée dans le mur-pignon est. Un placard à étagères est ménagé dans le mur sud, près du refend séparant cette pièce de la partie centrale. Une vaste souillarde hors-œuvre, avec tablettes en granite, est accolée à la façade nord et ouvre sur la pièce commune par une arcade chanfreinée en anse-de-panier. Elle dispose d'une porte extérieure à linteau, également animée d'un chanfrein et accostée d'une fente d'éclairage. La chambre installée à l'étage, à l'emplacement de la pièce de vie initiale, a été dotée d'une cheminée à manteau droit sur piédroits arrondis simulant des colonnes engagées. L'ancienne façade principale, initialement située au sud, a été remaniée à plusieurs reprises : des baies à encadrement rectangulaire et à arêtes vives ont été percées autour de l'ancien jour et de la porte bouchée.

Probablement contemporaine de l'extension du logis, la grange-étable a conservé son emprise et ses maçonneries initiales. Ces dernières se caractérisent par un appareil irrégulier de petits moellons bruts de gneiss et de granite et des chaînes d'angle en moellons équarris de gneiss. La façade sud se distingue par l'emploi de moellons équarris ou pierres de taille de granite rose, montés en assises irrégulières et calés avec des plaquettes de gneiss. Le format et la mise en œuvre de ces éléments conduit à supposer qu'il s'agit de remplois. Utilisés dès le 17e siècle, ils ont peut-être été à nouveau prélevés lors de la transformation de la grange et remployés pour la réfection du logis (cf. plus haut). Les vestiges arasés et rehaussés des anciens pignons permettent de restituer une structure initiale de type auvergnat, avec étable à vaches et grange-fenil superposées. Le comble à surcroît était anciennement coiffé d'une toiture en pente raide, probablement couverte en paille de seigle. Desservie par une rampe d'accès, la grange ouvrait au sud par une porte charretière légèrement décentrée dont il ne semble subsister qu'un seul piédroit (accès élargi). L'étable à vaches en rez-de-chaussée est accessible par une porte bâtarde percée au premier niveau du mur gouttereau est. Celle-ci présente un encadrement chanfreiné en anse-de-panier (arc très surbaissé) et des tableaux à trou barrier, permettant de faire coulisser une barre de fermeture. Une série de jours chanfreinés à ébrasement interne éclairent l'étable. Le comble a été rehaussé ultérieurement pour en accroître les capacités de stockage et une deuxième porte charretière a été aménagée au deuxième niveau du mur gouttereau. La toiture remaniée est formée de longs pans et de demi-croupes en tuiles creuses (réfection récente sur plaques de fibrociment).

Il est intéressant de remarquer que les maçonneries postérieures au début du 17e siècle intègrent, pour le logis triple comme pour la grange-étable, une grande quantité de moellons soigneusement équarris, voire des pierres de taille, qui contrastent avec le caractère irrégulier des reprises de maçonneries. On peut faire un rapprochement entre la présence de ces éléments, probablement remployés, et la cession en 1612 des ruines du « castrum » déserté de Vayrac aux habitants du hameau voisin (voir partie historique) : les paysans-tenanciers ont sans doute récupéré de nombreux matériaux sur le site afin d'agrandir et embellir leur habitation ainsi que leur outil de travail que constitue la grange-étable.

  • Murs
    • granite moellon
    • gneiss moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans demi-croupe
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Typologies
    ancienne ferme à éléments dissociés (état 1) ; édifice à plusieurs unités d'habitation juxtaposées ; logis de type B2 : logis en hauteur à perron, sur parties agricoles, artisanales ou utilitaires (état 1) ; logis de type D1 : maison à étage carré avec pièce à feu au rez-de-chaussée (état 2) ; souillarde hors-oeuvre ; cheminée intégrée à linteau appareillé, à arc en anse-de-panier ; cheminée à manteau droit et à linteau monolithe
  • Techniques
    • sculpture
    • céramique
  • Représentations
    • blason
    • coeur
  • Précision représentations

    La cheminée principale du logis est ornée d'un cartouche en forme de blason, dans lequel est sculpté un coeur surmonté du millésime "1634".

  • Statut de la propriété
    propriété privée

commune fusionnée après inventaire

Bibliographie

  • Cadot (Fabien), Etude méthodologique pour la connaissance et la conservation du patrimoine rural lotois, Département du Lot/Région Occitanie, dactylographié, 2020.

  • Aquioupou (Yvette), La mémoire des chemins, L'histoire et la vie des villages du canton de Sousceyrac le long de cinq itinéraires millénaires, Association Sousceyrac d'hier à aujourd'hui, 2002.

    p. 101

Périodiques

  • Pressouyre (Ferdinand), "La Millière", dans Bulletin de la Société des études du Lot, t. XCII, 1971, p. 121-140.

Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Conseil départemental du Lot