Le compoix de Lodève de 1731 indique, au faubourg Villeneuve, un moulin foulon à un battant et une teinturerie appartenant à Jacques puis à Bernard LUCHAIRE, négociants. A la fin du 18e siècle, cet établissement appartient à Claude, Samuël CAPTIER. Il est partagé en prairial an VIII entre sa veuve, son fils aîné Irénée CAPTIER et ses petits enfants. La direction de l'usine textile est prise par Irénée puis par Fulcran CAPTIER, jeune, qui acquièrent successivement la fabrique de drap voisine appartenant à François VALLAT, fabricant en l’an X, les moulins à blé et à foulon de Pierre ARRAZAT en 1812 et la teinturerie MARTIN en 1813. En 1823, Fulcran CAPTIER participe à l’exposition nationale du Louvre pour ses draperies et Fulcran CAPTIER fils y reçoit un rappel de médaille d’argent pour ses draperies mélangées.
Les corps de bâtiments situés sur les parcelles C 885 et 886 du cadastre napoléonien s'organisaient, à l'origine, suivant un plan en U (les deux ailes symétriques en retour d'équerre à l'arrière de la façade principale donnant sur rue). Cette organisation rappelle sans conteste l'archétype de la grande manufacture sur cour tel que développé aux 17e et 18e siècles. En amont de cet ensemble, certainement le plus ancien, se trouvaient un moulin à farine et deux importants moulins à foulons situés sur les parcelles C 851 du cadastre napoléonien (8 x 8 m , reconstruit vers 1850) et C 857 (400 m², avec habitation) où une autre foulerie (C 857) est ajoutée en 1856.
En 1827, Fulcran CAPTIER vend l’ensemble aux enchères, acquis par le comte Eugène DESPOUS, à Montpellier. En 1836, ce dernier est à la tête des trois sites (une usine située sur les parcelles C 847 à 851, un moulin à foulons sur la parcelle C 857 et une filature sur la parcelle C 874). L'atelier de filature (de 420 m²) est agrandi sur la parcelle voisine (C 884) et transformé en atelier de tissage vers 1855 (une machine à vapeur y est installée de 1865 à 1878). Sur une parcelle mitoyenne (C 881), au sud de la filature, est construit un atelier de tissage en 1835, équipé d'une machine à vapeur (changement d’affectation non déterminé au milieu du siècle ; remise et magasin de pièces autour de 1900 ; reconversion en distillerie d’eau de vie vers 1912).
L'ensemble passe ensuite à Auguste LUGAGNE, aux frères JOURDAN et à Eugène DESPOUS. A la succession de ce dernier, en 1870, il devient la propriété d’Auguste DESPOUS, Paul Charles D’ESPOUS et Emilie DESPOUS, épouse du Marquis d'ASSAS à Montpellier (indivis). En 1883, le comte Joseph, Auguste d’ESPOUS, à Montpellier, en est l'unique propriétaire, l’usine étant toujours exploitée par la société Jourdan frères et Compagnie.
Après une fermeture entre 1900 et 1914, l'ensemble est loué puis vendu, en 1920, à Théodore PASCAL, minotier, qui transforme l’un des ateliers en minoterie (ancienne filature devenu tissage sur les parcelles C 874 et 884) et installe une centrale hydroélectrique sur la chute d’eau à la place de la roue hydraulique verticale. Une nouvelle vente intervient en 1921, en faveur de MM. AZAÏS, limonadier, Abel BRUNEL, industriel et Ludovic PAOULET, négociant.
Photographe prestation Fish Eye dans le cadre de l'étude du patrimoine industriel du département de l'Hérault de 2011 à 2013