Dossier d’œuvre architecture IA34006050 | Réalisé par
  • patrimoine industriel
Usine d'engrais de la Société des produits dolomitiques de l'Hérault, puis fonderie (de cloches) Granier
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hérault - Saint-Gervais-sur-Mare
  • Commune Hérépian
  • Adresse avenue de la Gare
  • Cadastre 1827 A 613, 614, 624, 625  ; 2014 A 2581, 3625, 3626, 3889
  • Dénominations
    usine d'engrais, fonderie
  • Précision dénomination
    fonderie de cloches
  • Appellations
    usine d'engrais de la Société des produits dolomitiques de l'Hérault, puis fonderie Granier
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, four industriel, cheminée d'usine

Le 29 janvier 1912, la Société des produits dolomitiques de l'Hérault formule une demande afin d'établir une usine destinée à la fabrication de la dolomie frittée, de sels magnésiens riches et de chaux dolomitique pour l'amendement des sols. Le 9 avril, l'administrateur délégué de la société, M. Alfred de Crozals, obtient l'autorisation d'installer des fours à chaux permanents à proximité de la gare de marchandises d'Hérépian. Le site est acheté, vers 1935, par Marius Vidal industriel à Lamalou, puis change de destination à partir de 1965, date de son rachat par François Granier.

La maison Granier, implantée à Saint-Gervais-sur-Mare (au hameau des Nières, puis à Castanet-le-Bas), a débuté par la fabrication de sonnailles. Après la Première Guerre mondiale elle diversifie son activité avec la fabrication, par moulage au sable, de clochettes (4 modèles de clochettes destinées aux bovins) et de grelots (3 modèles de grelots destinés aux chiens de chasse). A partir des années 1930, l'établissement se spécialise également dans la fabrication de cloches grâce à l'achat de tracés. Ces derniers servent à la confection de gabarits, également appelés planches à trousser, qui vont donner à la cloche ses caractéristiques, sa note et son poids. Les ateliers Granier ont fabriqué des cloches, pesant jusqu'à 4 tonnes, notamment le bourdon de la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers ou encore le carillon de l'église Sainte-Thérèse de Montpellier.

Le transfert des activités depuis Castanet-le-Bas (sonnailles, clarines et grelots dans un premier temps), débute au début des années 1970. Ce transfert entraîne une destruction partielle de l'ancienne usine de chaux dolomitique. En 1973, une première troisième travée (dédiée à l'atelier des finitions) est accolée au nord-ouest des deux travées réinvesties par les ateliers Granier, tandis qu'une autre extension est construite au sud-est de cet ensemble. A cette époque, les procédés de fabrication des clochettes se modernisent : la réalisation des châssis, à partir de plaques modèles (au nombre de 25), se fait désormais grâce à une machine pneumatique. Dès 1983, l'extension au sud-est abrite une presse à injection utilisée pour la production des petites tailles de grelots. A partir de 1990, la fabrication des cloches est également transférée à Hérépian.

La maison Granier cesse la fabrication de sonnailles en 2000, l'activité de la fonderie prenant fin en 2011. Aujourd'hui, le musée de la Cloche et de la Sonnaille conserve la mémoire des sonnetiers et des fondeurs grâce à une collection d'objets provenant pour beaucoup de la maison Granier. Installé en 1998 dans l'ancienne gare d'Hérépian, il se trouve à proximité immédiate des anciens ateliers Granier.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1912, daté par source
    • 1973, daté par tradition orale

La fonderie Granier a développé son activité au sein de quatre travées accolées. Les deux travées centrales (anciens ateliers de l'usine de chaux dolomitique), de plan rectangulaire, en rez-de-chaussée, sont éclairées par des baies aux encadrements en briques et en pierre de taille surmontées d'arcs en plein-cintre. Le gros-oeuvre des deux autres travées (extensions de 1973), également en rez-de-chaussée, a été maçonné en parpaings de béton. Au sud-ouest de cet ensemble s'élève la cheminée d'usine en brique, haute de 25 m, construite par la Société des produits dolomitiques de l'Hérault et réutilisée par le four à reverbère de la maison Granier.

Les deux travées centrales ont été aménagées pour la fabrication des clarines et des cloches, par moulage au sable. Les moules reproduisent les formes extérieures de la pièce imprimées dans du sable de fonderie, contenu dans des châssis, les formes intérieures étant reproduites au moyen de noyaux. L'espace central de la fonderie est occupé par le banc de coulée sur lequel étaient disposés les châssis recevant le métal en fusion. Dans la travée occidentale subsistent également un mélangeur de sable ainsi qu'une étuve utilisés pour la fabrication des noyaux, une machine à mouler pneumatique pour la réalisation des châssis à partir de plaques modèles, un établi ainsi qu'une forge utilisée notamment pour la réalisation des brides et des buttoirs des cloches.

La travée suivante a été aménagée pour la fabrication des cloches. Un montant en bois supporte l'axe servant à la rotation de la planche à trousser. Cette dernière permet la confection du moule suivant trois étapes : la fabrication du noyau à partir d'un bâti de briques, la fabrication de la fausse cloche (encore en place au moment de l'enquête) et la fabrication du manteau ou chape, l'ensemble nécessitant deux mois de préparation. La veille de la coulée, le fondeur soulevait le manteau à l'aide d'un palan afin de briser la fausse cloche et laisser un espace libre pour le métal. Les moules, renforcés par des cerclages en fer, étaient ensuite descendus dans la fosse creusée à proximité du four (four au mazout, provenant de l'atelier de Castanet-le-Bas), cet ensemble occupant la partie sud de la travée. Les moules y étaient enterrés afin de résister à la pression du métal. Des canaux d'amenée, de la sortie du four à l'entrée des moules, étaient aménagés afin de diriger le métal en fusion, composé de 22 % d'étain et 78 % de cuivre. Dans cette travée se trouve également un malaxeur (Alfred Baillot et Cie, Saint-Ouen).

Séparée par une cloison, la pièce dédiée aux sonnailles abrite encore un malaxeur utilisé pour la fabrication de "paquets". Dans ces paquets, faits d'argile et de paille, étaient disposées plusieurs morceaux de laiton et plusieurs sonnailles (confectionnées à partir d'une tôle de fer emboutie à la presse, puis martelée). Après séchage, ces paquets étaient déposés sur la sole du four à reverbère, faisant face au malaxeur. Porté à 1200°, le zinc s'évaporait et le cuivre liquide se déposait sur le fer afin de rendre les sonnailles sonores (étape appelée brasage). Dans cet espace ont également été stockés deux fours à bascule, un tonneau utilisé pour la finition des grelots ainsi que 25 plaques modèles utilisées pour la réalisation des châssis. A proximité du four à reverbère, l'extension sud-est abrite une presse à injection utilisée pour la production des grelots de petite taille. Un four ainsi qu'une machine à souder complètent les équipements utilisés pour leur fabrication.

Dans le prolongement des deux travées centrales, un troisième espace est dédié à l'atelier des finitions. Après la coulée du métal, les clochettes ou les grelots étaient démoulés et les ouvriers procédaient à l'ébarbage, polissage, décoration au tour et accrochage des battants pour les clochettes. De même, quarante-huit heures après la coulée, les cloches étaient extraites de la fosse, débarrassées de la gangue de terre, soigneusement ébarbées et polies puis munies d'un battant en acier, forgé ou tourné. Dans cet espace ont donc été installés plusieurs tours (Weisser et Cie, utilisé pour les battants des cloches ; H. Ernault, Batignolles, utilisé pour les clochettes) et perceuses (utilisées pour les attaches des grelots). Subsistent également une cintreuse ainsi qu'un banc pour la réalisation des sonnailles.

  • Murs
    • brique
    • béton parpaing de béton
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tôle ondulée
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    cheminée d'usine, four industriel, machine de production

Documents d'archives

  • AD Hérault. Série P ; sous-série 3 P : 3 P 1177 et 3 P 1181. Hérépian : matrices cadastrales des propriétés bâties, 1882-1945.

  • AD Hérault. Série M ; sous-série 5 M : 5 M 392. Établissements classés, 1817-1927.

    dossier de la Société des produits dolomitiques de l'Hérault
  • AD Hérault. Série W ; 2243 W 145. Etablissements classés, 1993.

    dossier de la fonderie Bruneau-Granier

Bibliographie

  • CALISTE, Lisa. Le musée de la Cloche et de la Sonnaille à Hérépian (Hérault). Patrimoines du sud [en ligne], 2015, n°2, p.99-106.

  • CALISTE, Lisa, VIEQUE-VIGIER, Ondine, RODRIGUEZ, Lionel, SAUGET, Jean-Michel. Patrimoine industriel de l'Hérault. Languedoc-Roussillon. Lyon : Lieux Dits Editions, 2014, 112 p. (Images du patrimoine ; 287).

    p. 86-88
  • GIGOU, Laure. Le musée de la cloche et de la sonnaille d'Hérépian. La Lettre de l'OCIM, n°59, 1998, p. 21-28.

  • LAURENCE, Pierre. La fabrication des cloches à la fonderie Granier : une technique dans l’histoire. In Chants des cloches, voix de la terre. Carillons et traditions campanaires en Languedoc-Roussillon. Montpellier : Presses du Languedoc, 2000, pp. 69-84.

  • LAURENCE, Pierre. Cloches, grelots et sonnailles : élaboration et représentation du sonore. Terrain, n° 16, mars 1991, p. 27-41.

  • LAURENCE, Pierre. Les sonnailles des troupeaux ovins de Provence et du Languedoc. in L’homme et le mouton dans l’espace de la transhumance. Grenoble : Glénat, 1994, p. 197-211.

  • LAURENCE, Pierre. Les cloches et sonnailles du monde pastoral : une tradition utile. in L'Homme, l'animal et la musique, Collection Modal, n° 4. Niort : U.P.C.P, 1994, p. 10-19.

  • MARASSE, Philippe. Dans l'arrondissement de Béziers-Saint-Pons. Les voies de communication routières et ferroviaires et leur impact sur l'économie et la viticulture aux XIXe et XXe siècles. XIVe Cahier de la Société Archéologique Scientifique et Littéraire de Béziers, 2007.

    p. 66

Documents figurés

  • Archives du Parc naturel régional du Haut-Languedoc. Fonds iconographique.

Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Inventaire général Région Occitanie