Sur le Plan des rigoles de la montagne et de la plaine, la métairie de l'Encastre est désignée sous le nom de son ancien propriétaire, le Sieur Bastoul. La Tuilerie de L'Encastre ou Lencastre n'y apparaît pas encore. Une tuilerie est implantée en contrebas du réservoir au lieu-dit Lacombe, au bord d'un ruisseau. Elle accède directement aux bâtiments et au barrage de Saint-Ferréol par un chemin (la route actuelle) qui franchit la contre-rigole de dérivation. Ce plan pourrait être daté des années 1760-65, puisqu'en 1766 est réalisée, par les Propriétaires du canal, l'acquisition de "la métairie de L'Encastre, dans laquelle il y a une forêt de chesnes assez étendue". On projette de "ne laisser que les sujets d'une belle venue pour en faire une futaye" qui fera l'objet d'une exploitation raisonnée. Parmi les avantages de cette acquisition doit figurer en bonne place l'augmentation du patrimoine forestier du canal : la proximité des ressources en bois a dû constituer un argument majeur pour l'installation d'une briqueterie. Le four de la briqueterie est construit en 1767-68. En 1770, on élève les piliers du hangar prévu pour stocker les briques nécessaires aux réparations du réservoir. Un an plus tard, il est prévu de réparer une pièce de charpente de la couverture du magasin de la tuilerie. Cinq ans plus tard (1775-76), des réparations sont faites à Lencastre. En 1778, 50.000 briques sont déposées à la tuilerie de Lencastre. En 1781, on refait le couvert du hangar, en en supprimant un 6ème. A partir de 1781 et au cours des années suivantes, il est bien noté la fabrication et la cuisson des briques. En 1783, des travaux sont réalisés sur la briqueterie pour refaire le mur du grand four. En 1784, il est attesté que la Tuilerie de Lencastre fonctionne très bien. Mais en 1787, la coupe de la forêt de chênes en bois taillis de Lencastre a occasionné une vente. En 1788, Lencastre ne fournit plus le bois pour la briqueterie, obligeant à acheter les fagots. Les ressources locales ne semblent plus disponibles. Une note datée de 1797 résume qu'une briqueterie a été construite à l'est du réservoir pour fournir les matériaux destinés aux réparations du réservoir : le sable étant à portée de main (sable de rivière), on achète essentiellement la pouzzolane, que l'on mélange à la brique pour combler les "perdants" de la digue. Mais cette briqueterie fonctionne en discontinu, par contrôle de journées, car les grandes réparations du réservoir restent saisonnières, pendant la période d'étiage du canal (hiver) et surtout durant les périodes de vidange du réservoir. Ce mode de fonctionnement n'encourage pas un usage et un entretien réguliers de la briqueterie. Dès les premières années du 19e siècle, l'état des bâtiments laisse à désirer : il faut réparer la toiture du hangar de la briqueterie (1801), en partie pourrie par des gouttières. En 1807, il est signalé que la métairie proche de Lencastre, liée à l'exploitation du domaine forestier, est en très mauvais état et manque de s'écrouler. Elle recevra ses premiers aménagements à partir de 1811, grâce à la réparation de ses quatre corps de bâtiments, puis à la prise en charge de son domaine agricole et forestier, ce dernier devant faire l'objet d'une régie. En 1815, suivent l'entretien des maçonneries des fours à chaux et à brique. En 1818 la briqueterie fonctionne normalement, les bâtiments sont en bon état. L'Etat de projet de 1820 comporte un descriptif précis des bâtiments du domaine de Lencastre. A côté du logement du bouvier et de la bergerie, du logement du garde, de la grange à foin, on y trouve le hangar de la briqueterie, le four, la briqueterie et le logement du briquetier. Ce descriptif est complété par l'Etat estimatif des bâtiments dépendant de la propriété du Canal du Midi, rédigé en 1824 à la suite d'une procédure d'obligation d'assurance. Ce document décrit avec minutie les dispositions et mise en œuvre de tous les bâtiments dépendant de Saint-Ferréol y compris ceux de Lencastre, document précieux pour l'évocation des bâtis disparus aujourd'hui, notamment ceux de la briqueterie. En 1830, alors que l'Etat de projets ne fait allusion qu'à un entretien classique des logements de Saint-Ferréol et de Lancastre (crépis, toiture...), le plan du cadastre napoléonien (1830) donne l'implantation de la "Tuillerie" de l'Encastre au bord du chemin longeant le ruisseau, disposée en trois parties dont le grand hangar. Or, en 1826, l'Inspecteur Hageau avait recommandé ne plus acheter en Italie le mortier de pouzzolane, opération trop coûteuse, mais de fabriquer un mortier hydraulique avec de la chaux hydraulique et du sable que l'on pourrait trouver aux environs de Toulouse. Aussi, en 1832, l'Ingénieur en chef propose-t-il de reprendre, pour le compte de la Compagnie, la tuilerie de Lencastre, qui sera reconvertie en four à chaux hydraulique et en fabrique de tuiles et de briques pour les réparations à faire sur la Rigole. En 1836, les bâtiments de l'ancienne métairie de Lencastre sont déclarés inhabités, les prairies mal cultivées, et la décision est prise d'affermer la tuilerie à l'Entrepreneur de la Division. Le bois de chênes autour de l'ancienne briqueterie fait l'objet de vente régulières. Cette même année, beaucoup de réparations sont réalisées sur le Domaine de Lencastre et notamment sur la tuilerie : l'intention est encore de la faire fonctionner. Mais en 1849, un Etat métrique et estimatif accompagné des plans et élévation à exécuter sur les bâtiments de la métairie de Lancastre prescrit les travaux à faire pour réparer le hangar de l'ancienne briqueterie et le convertir d'une part en grange pour le domaine et d'autre part en magasin pour les engins du canal. Ces travaux sont réalisé en 1851. A cette date, les bâtiments de Lencastre sont estimés à l'état de ruines et très sales. Un peu plus tard (1859), un Etat descriptif des bâtis dépendant du réservoir de Saint-Ferréol donne un état des lieux complet : le magasin de Lancastre (hangar de l'ancienne briqueterie) abrite alors les engins de manoeuvrage des vannes. La tuilerie et son four sont démolis en 1861. Aujourd'hui, seuls quelques pans de mur du hangar sont encore debout.