Les corps de métiers se bousculent pour construire la digue de Saint-Ferréol : niveleurs, mineurs, terrassiers, tailleurs de pierre, maçons, scieurs, cintreurs, ferronniers, tuiliers... Une main-d'oeuvre nombreuse s'ajoute, alléchée par le gain promis pour le transport de la terre en paniers.£Le chantier s'installe ensuite dans la durée car l'ouvrage a besoin d'une maintenance régulière. Les travaux ont lieu en période de vidange du réservoir. Les réparations des murs, des voûtes et des robinets s'effectuent en plein hiver, dans les galeries glacées, sur des maçonneries suintantes.£Après les cabanes sommaires du chantier, les ouvriers occupent des couchettes dans le comble-dortoir de la Maison du Canal puis dans sa dépendance. Le garde qui assure la surveillance du site et la manoeuvre des robinets a son logement à part appelé "badorque", à côté des vannes. On lui attribue par la suite une maison à étage, mitoyenne de la maison des directeurs. Son potager est à proximité.
- enquête thématique régionale, Canal du Midi
- (c) Inventaire général Région Occitanie
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Haute-Garonne - Revel
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Hydrographies
le Laudot
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Commune
Revel
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Lieu-dit
Saint-Ferréol
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Cadastre
1970 ZE non cadastré ;
domaine
public
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Dénominationslogement d'ouvriers
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Dossier dont ce dossier est partie constituante
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Parties constituantes non étudiéeshangar
Dès le début du chantier, en 1667, Riquet recruta entre 600 et 700 personnes, hommes ou femmes, pour transporter la terre, à l'aide de paniers, dans la chaussée comprise entre les deux murs. Chaque passage était validé à l'aide d'un tourniquet et rapportait un denier au porteur, ce qui stimulait l'activité du chantier. La liste des premiers ouvriers qui intervinrent le 1er février 1667 est conservée. Les premiers abris, destinés surtout à l'outillage, furent des tentes. Puis on construisit rapidement un magasin pour abriter l'outillage et une cabane couverte de tuiles canal pour loger les ouvriers du chantier. Parmi les premiers états du barrage conservés aux archives de la Marine à Vincennes, le n° 43 du Recueil 21 (Plan et Profils Des ouvrages de St Feriol, daté du 30 décembre 1689) indique : Nouveaux robinets et Maison du garde à l'emplacement des vannes de la Badorque. On peut en déduire que la vanne de la Badorque et la badorque affectée au garde, datent de l'époque de Vauban. En 1708, les Etats de projet mentionnent une extension de ce petit bâti : "a St Ferriol couvrir incessamment le prolongement de la badorque et mettre cette partie en état". En mars 1753, le Marquis de Caraman note au sujet de la Badorque : "On m'a fait examiner un trou pratiqué dans le grand mur sur la droite en regardant la sortie qui sert à rajouter une nouvelle conduite d'eau dans le ruisseau du Laudot. Les eaux s'y donnent par le moeïen d'un empellement appelé de la Badorque. On donne ce nom à une petite maison qui couvre le dit empellement, et où l'on tient un magasin de pozolane, cette maison est couverte en neuf et bien racommodée en dedans" : cette petite maison, couverte d'un toit de tuiles à deux pans, est représentée sur les relevés de la digue faits autour de 1770. Mais il semble qu'en 1753, le garde n'y soit plus logé, et qu'elle soit transformé en dépôt de pouzzolane, voire en logement d'appoint pour les ouvriers. En 1797, des réparations ont lieu sur la charpente du logement de la Badorque "dont plusieurs pièces étaient pourries". Le logement de la Badorque figure encore en 1820, dans le descriptif détaillé des bâtiments, pour le poste rejointoiement et crépi. Les travaux se poursuivent en 1821 par le remplacement des contrevents, des travaux de vitrage et de serrurerie. Il est mentionné (désigné sous le n° 17) dans l'inventaire de 1824 (Etat estimatif des bâtiments dépendant de la propriété du Canal du Midi) qui fait suite à une procédure d'obligation d'assurance : un rez-de-chaussée sous-couvert (sous charpente) ne renfermant qu'une seule pièce. Toutes ces constructions figurent sur le plan napoléonien de 1830. Une modification intervenue au niveau de la vanne de la Badorque, rendra désormais inutile la petite construction dont la démolition sera demandée en 1844. Des couchages pour les ouvriers sont aussi prévus dans le logement principal. La préoccupation du logement des ouvriers est à mettre en relation avec les conditions de travail pénibles et les risques encourus (accidents dans les voûtes signalés en 1763 et 1766 notamment). Les réparations de la digue se faisaient dans des conditions difficiles : humidité constante, suintements, obscurité totale, ils devaient être régulièrement relayés. En 1753, le rapport de visite par Victor Maurice de Riquet Comte de Caraman mentionne : "la maison de Saint-Feriol est composée d'un rez-de-chaussée et d'un premier étage... cette maison est neuve et considérable... Il y a aussi un magasin pour la pozolane et les outils des ouvriers, et des sustentes pour les couchers, tout cela m'a paru très bien en ordre". En ce qui concerne le garde, son installation dans le bâtiment principal pourrait dater de l'extension réalisée en 1745-50. Jusqu'en 1841, les dépendances (écurie, grenier à foin) sont intégrées au logement de Saint-Ferréol. A cette date, le bâtiment réservé à l'Administration nécessite quelques réparations et des changements d'usage (agrandir les espaces cuisines et déplacer l'écurie). Il s'avère aussi urgent de construire un hangar pour y déposer les approvisionnements en charpente. Un "Plan et profil pour un hangar à Saint-Ferriol" daté de 1842 et une copie d'un "Plan [réduit] de bornage du réservoir de Saint-Ferriol" de la même année environ, portent l'indication des changements d'affectation : une remise à l'emplacement de l'ancienne chapelle, un hangar accolé à construire avec une cour de desserte devant le hangar, au sud, à la place d'une partie du jardin du garde. En 1859, un "Etat descriptif des bâtis dépendant du réservoir de Saint-Ferréol" donne un état des lieux complet qui vient appuyer le précédent document. Il mentionne bien pour le bâtiment de la digue : une écurie et une grange, ainsi qu'une remise surmontée par le dortoir des ouvriers. Certains évènements spécifiques nécessitent l'augmentations du nombre des ouvriers comme la préparation de la visite du Prince Napoléon où on en compte plus de 110 qui travaillent activement sur le site.
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Période(s)
- Principale : 3e quart 17e siècle
- Principale : 2e quart 18e siècle
- Principale : 2e quart 19e siècle
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Dates
- 1689, daté par source
- 1745, daté par source
- 1844, daté par source
Le logement de la Badorque, situé sur le terrassement de la digue, a disparu. La Maison de Saint-Ferréol, dite Maison de l'Ingénieur avant son affectation en Musée, est composée d'un alignement de logements juxtaposés. A l'intérieur, les dispositions anciennes liées au couchage du personnel dans le comble ont disparu également, du fait des aménagements muséographiques. De l'autre côté du chemin, le bâtiment destiné au hangar et au couchage des ouvriers est toujours en place. Cependant, l'étage, où se situaient les couchettes des ouvriers, est actuellement divisé en bureaux pour les besoins de l'administration du site.
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Murs
- calcaire
- brique
- basalte
- moellon
- appareil mixte
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Toitstuile creuse
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Plansplan rectangulaire régulier
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Étages1 étage carré, comble à surcroît
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Couvertures
- toit à longs pans
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Statut de la propriétépropriété de l'Etat
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Intérêt de l'œuvreà signaler
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Sites de protectionsite classé, liste du patrimoine mondial
Plusieurs logements d'ouvriers se sont succédés sur le site : leurs emplacements peuvent être évoqués mais non visités.
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Voies Navigables de France, Archives du Canal du Midi
- (c) Voies Navigables de France, Archives du Canal du Midi
- (c) Inventaire général Région Occitanie
Documents d'archives
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Ministère chargé de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer, Voies Navigables de France, Archives du Canal du Midi, Toulouse, Liasse n° 509, document n° 4, Plan et profil de l'emplacement du hangar à construire à St Ferriol, Naurouze, le 15 avril 1842.Dessin avec rehauts de couleur, 1842.
Documents figurés
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phototype Labouche Frères, 1er quart 20e siècle (?)