L’an et jour que dessus [3 décembre 1722] en continuant notre visite et suivant l’indiction que nous en avions faite à ce jour pour la paroisse de Saint Etienne de Garons, nous sommes arrivés audit lieu environ les neuf heures du matin, où nous avons été reçus par le sr Jean-Baptiste Marcot curé dudit lieu, accompagné de quelques ecclésiastiques et des habitans, et revêtus de nos habits pontificaux, nous sommes allés processionnellement à l’église sous le dais porté par les principaux habitans, où après les prières et cérémonies accoutumées, la messe finie nous avons procédé à la visite du tabernacle ; nous y avons trouvé un calice d’argent doré en dedans, avec des hosties consacrées, le sr curé nous aïant dit qu’il ne tient pas ordinairement réserve.
Et procédant à la visite de l’autel, nous y avons trouvé trois nappes bonnes, une pierre sacrée bien conditionnée ; un te igitur avec ses cartes ; quatre chandeliers de leton ; un crucifix de boüis ; un tabernacle peint et doré, mais dont le dedans n’est pas entièrement garni, et sans pavillon ; un tableau, un devant d’autel, un marchepied de bois ; et dans le presbitère une lampe de leton suspendue.
Et venant au bas de l’église, nous avons visité les fonts baptismaux qui sont de pierre de taille sur un pied d’estal, placés du costé de l’Evangile, fermant à clef, et nous y avons trouvé une cuvette de cuivre mal étamée, sans cueillere ; et le curé nous a représenté des chrémières d’étain que l’on tient dans une petite armoire sous le tabernacle, chaque phiole aïant son inscription.
Nous avons ensuite visité le reste de la nef et y avons trouvé un bénitier de marbre enchâssé dans le mur en entrant, un confessionnal placé au bas de l’église, une chaire à prescher sans degré et deux bancs appartenant à des particuliers.
Nous sommes entrés dans la sacristie joignant l’église du costé de l’Evangile, où nous avons trouvé une armoire fermant à clef pour tenir les ornemens et une image ; et le sr curé nous a représenté un calice avec sa patène d’argent doré en dedans ; une boëte pour porter le st sacrement aux malades de la campagne, aussi d’argent doré en dedans, un soleil d’argent avec son croissant doré ; une croix processionnelle de leton avec son baston, un encensoir avec sa navette et cueillere de même métal ; un fanal, un pupitre ; deux vieux missels, des livres pour le chant, un rituel ; une aube fort usée, deux amits usés ; quatre cordons ; deux corporaux, quatre palles, sept purificatoires usés, deux lavabo usés, deux nappes de communion à demi usées ; cinq chasubles, sçavoir une de soie à plusieurs couleurs pour les festivités ; une de satin violet ; une de satin violet ; une de ligature à plusieurs couleurs pour le commun ; une de damas blanc à fleurs vertes ; une de poil de chèvre, noire, semée de larmes, dont le voile est fort usé ; chacune des ces chasubles avec son assortiment, excepté qu’il manque à celle de ligature la bourse et le voile ; quatre paremens d’autel, un pour les festivités, un pour le commun, un pour le violet, doublé de noir, et un quatrième de cuir doré.
Nous nous sommes faits représenter les registres de baptêmes, mariages et mortuaires que nous avons trouvés en bonne forme.
Nous sommes allés visiter le cimetière joignant l’église, fermé moitié d’une muraille de pierres de taille, et moitié par des haies, aïant une croix de pierre au milieu et nous avons trouvé que la porte ne ferme point à clef.
Revenus dans l’église nous en avons examiné les gros murs et toutes les parties qui la composent et trouvé les murs, le toit, la voûte et le pavé en bon état excepté que le pavé a besoin de quelque petite réparation ; que le bas de la fermature de la porte a aussi besoin d’être réparé ; que les vitres sont fort délabrées et ne sont point garnies de fil d’archal ; qu’il y a un balustre de pierre de taille qui sépare le presbitère de la nef ; un clocher en forme de tour avec une cloche d’un poids suffisant ; et une sépulture appartenant au sr Talard, dont il dit avoir perdu la permission.
Après quoi, nous étant enquis de l’état du bénéfice et de la parroisse, il nous a esté répondu que Garons est un prieuré dépendant de notre manse épiscopale sous le titre de saint Etienne pape et martir, dont on célèbre la fête le deuxième d’août et qui pour la paroisse est ordinairement renvoïée au dimanche suivant, du revenu d’environ 2 000 livres ; que la paroisse est composée de 60 communians, tous anciens catholiques à la réserve de deux, est desservie par le seul curé qui est à portion congrue ; qu’il y a qu’une quinzaine dans le Caresme, dont la rétribution est de 15 livres païées par nous ; qu’il n’y a ni œuvre ni fondation ni hôpital ; que les pauvres ont une terre à eux léguée par le sr Thomas, qui est possédée par le sr Dalbenas de Bellegarde sous la rente de six emines de bled méteil qu’il ne païe point depuis deux ans ; que nous donnons une salmée de bled méteil d’aumônes annuelle pour être distribuée aux pauvres par le sr curé ; qu’l n’y a point de maison presbitérale, le sr curé logeant de notre bon plaisir dans notre château ; qu’il y a une sage-femme suffisamment instruite, et qu’enfin il n’y a ni maistre ni maistresse d’école.
Sur tout ce que dessus, notre promoteur entendu, nous étant fait représenter les précédentes ordonnances, nous les avons confirmées et ordonné que le tabernacle sera entièrement garni en dedans d’une étoffe de soïe, qu’il y sera fourni un pavillon ; que la réserve y sera conservée, et que la lampe bruslera nuit et jour devant le saint sacrement ; qu’il sera fait dans les fonts une piscine ; que la cuvette desdits fonts sera étamée et qu’il y sera fourni une cuëillere pour ondoïer les enfans ; qu’il sera fait un degré à la chaire à prescher ; que les vitres et le pavé seront réparés, et les fenêtres garnies de fil d’archal ; qu’il sera fait au bas de la fermature de l’église les réparations nécessaires ; qu’il sera fourni dans le presbitère un banc pour les prestres ; un prie-Dieu dans la sacristie avec les cartes de préparation et d’action de grâces, une fontaine et trois essuïemains ; un voile et une bourse à l’ornement qui sert pour tous les jours et un voile à l’ornement noir ; une croix de leton avec son Christ pour l’autel ; un bénitier portatif de léton avec son goupillon ; deux amits, quatre purificatoires, six lavabo ; que la clôture du cimetière sera réparée et que la porte se fermera à clef ; qu’il sera fait les diligences nécessaires pour faire païer la rente de la terre des pauvres ; le tout pour être exécuté par qui il appartiendra. Lecture faite du présent procès-verbal, nous en avons fait la clôture.
Henri Révoil Aix-en-Provence, 1822-Mourès, 1900.
Cet ancien élève de l’École des Beaux-Arts de Paris hérite des goûts de son père qui collectionne les objets du Moyen-Âge (839 pièces achetées par l’État en 1828 et remise en musée du Louvre). Il prend la suite de Charles Questel en 1854 en tant qu'architecte attaché à la commission des Monuments Historiques. À ce titre il poursuit la restauration de l'amphithéâtre de Nîmes, de la Tour Magne et du temple de Diane.
Nommé architecte diocésain en 1852 à Montpellier, Aix et Fréjus et en 1870 à Nîmes, il réalise et restaure de nombreux édifices religieux dans les Bouches-du-Rhône, le Var, l'Hérault ainsi que dans le Gard. Il est également à l'origine de plusieurs édifices publics tels que l'Hôtel de Ville de Saint-Gilles ou les écoles de Fourques et Manduel. Il développe un instrument lui permettant de dessiner précisément des éléments d'architecture éloignés. Le téléiconographe est breveté en 1869. Henri Morel-Révoil (1855-1933) est son gendre.
Un monument en sa mémoire est érigé en 1906 dans le jardin de la fontaine à Nîmes (IM30000416).
Publication : L'architecture romane du midi de la France de 1863 à 1874. Recueil de 200 planches lithographiés de l'architecture romane.
Réalisations :
- flèche de l'église de Bernis (1855),
- église de Garons et agrandissement de l'église de Moulézan (1856),
- mairie de Redessan (1857),
- église de Générac (1860),
- église de Manduel (1862),
- église de Milhaud (1865),
- église de Saint-Genies-de-Malgoires (1866),
- église de Marguerittes (1876),
- église de Lédenon (1885) : projet abandonné.
- sacristie de l'église de Redessan (1885).