L’église érigée à Redessan en 1621 par Monseigneur de Valernod endure les affrontements religieux. Au début du XIXe siècle, elle est vétuste malgré l’entretien de la toiture (1832) et elle est devenue trop exigue pour accueillir l’ensemble des fidèles.
Une réflexion sur sa restauration est alors entamée et le conseil Municipal s’oriente vers un projet d’agrandissement de l’église existante. Les plans d’allongement dressés par le conducteur des Ponts-et-Chaussées Méjean sont approuvés le 6 mai 1835. Suite à l’évaluation des dépenses par la commune, une subvention de 600 francs est accordée par le ministère des Cultes. L’adjudication du chantier en faveur de l’entrepreneur Louis est passée le 7 mars 1835. Les travaux s’élevant à 9 144 francs sont achevés le 14 septembre 1836.
De nombreuses malfaçons sont mises en avant lors de la réception des travaux : fermetures des baies en sens contraire, épaisseur trop faible des murs latéraux, manque de liaison entre les maçonneries d’origine et les sur-élévations... Le conducteur Méjean se rend à Redessan en 1844 : les réparations sont selon lui à la charge de l’entrepreneur dans le cadre de sa responsabilité décennale. Une enquête, réalisée en 1845 par Gaston Bourdon confirme le manque de soin de l’entrepreneur mais met également en avant les négligences de la commune pour l'entretien du couvert. L’architecte départemental conclut que les réparations nécessaires doivent être partagées entre l’entrepreneur et la commune pour le remplacement des tuiles endommagées.
Suite à un second rapport de l’ingénieur Charles Dombre en 1846 mettant pleinement en cause la responsabilité de l’entrepreneur, la préfecture autorise le Conseil municipal à saisir les maîtres d’oeuvre devant le tribunal civil pour obtenir la réparation des dommages. Le litige opposant Redessan à l’entrepreneur semble se poursuivre en 1847 tandis que la commune délibère pour une reconstruction de l’église.
Le nouveau projet, établi par le conducteur des Ponts-et-Chaussées Poulon s’élève à 30 000 francs. Le financement des travaux est réparti entre un emprunt de la commune, une imposition extraordinaire et la récupération des matériaux de l’ancienne église (8 000 francs). Une lettre du 19 juin 1847 précise que le conseil de fabrique n'est pas en capacité de participer au financement. L’adjudication des travaux en faveur de Jean Lamoureux est passée le 27 octobre. Les artisans spécialisés se succèdent sur le chantier : le peintre Bérard, le marbrier Vierne, le menuisier Lecourt, le vitrier Chazalet et le sculpteur Perrier. Le nouveau lieu de culte est consacré par l’évêque de Nîmes, Monseigneur Cart en 1850 comme en témoigne l'inscription sous la tribune.
En 1853, une maison obstruant la façade de l’église est démantelée sur demande du curé de Redessan. La sacristie est construite en 1885 selon les plans d’Henri Révoil par l’entrepreneur Barthélémy Mazoyer. Des réparations sont effectuées sur le couvert par l’entrepreneur Raoul Portal en 1936. L’aménagement de la place située devant l’église date de 1999.
Henri Révoil Aix-en-Provence, 1822-Mourès, 1900.
Cet ancien élève de l’École des Beaux-Arts de Paris hérite des goûts de son père qui collectionne les objets du Moyen-Âge (839 pièces achetées par l’État en 1828 et remise en musée du Louvre). Il prend la suite de Charles Questel en 1854 en tant qu'architecte attaché à la commission des Monuments Historiques. À ce titre il poursuit la restauration de l'amphithéâtre de Nîmes, de la Tour Magne et du temple de Diane.
Nommé architecte diocésain en 1852 à Montpellier, Aix et Fréjus et en 1870 à Nîmes, il réalise et restaure de nombreux édifices religieux dans les Bouches-du-Rhône, le Var, l'Hérault ainsi que dans le Gard. Il est également à l'origine de plusieurs édifices publics tels que l'Hôtel de Ville de Saint-Gilles ou les écoles de Fourques et Manduel. Il développe un instrument lui permettant de dessiner précisément des éléments d'architecture éloignés. Le téléiconographe est breveté en 1869. Henri Morel-Révoil (1855-1933) est son gendre.
Un monument en sa mémoire est érigé en 1906 dans le jardin de la fontaine à Nîmes (IM30000416).
Publication : L'architecture romane du midi de la France de 1863 à 1874. Recueil de 200 planches lithographiés de l'architecture romane.
Réalisations :
- flèche de l'église de Bernis (1855),
- église de Garons et agrandissement de l'église de Moulézan (1856),
- mairie de Redessan (1857),
- église de Générac (1860),
- église de Manduel (1862),
- église de Milhaud (1865),
- église de Saint-Genies-de-Malgoires (1866),
- église de Marguerittes (1876),
- église de Lédenon (1885) : projet abandonné.
- sacristie de l'église de Redessan (1885).