.Archives diocésaines de Nîmes, P 1/358
Texte datable entre 1876 et 1880, puisque les vitraux du chœur ne sont pas posés.
« Réponse au questionnaire archéologique
Eglise de St-Paulet-de-Caisson
I - L’église de St Paulet de Caisson date de l’année 1866. Elle a été construite par Mr Révoil dans le style byzantin. Cette église ne laisserait rien à désirer par la beauté et la régularité de son architecture, si le sanctuaire qui est du même style, mais construit douze ans plus tôt, par un autre architecte, ne la déparait un peu par le manque d’ampleur de la voûte et par le travail manqué de ses chapiteaux.
II - L’église a trois nefs ; les deux nefs latérales se prolongent par un pourtour autour du sanctuaire. Le chœur est tourné à l’Orient. Elle mesure 36 mètres de la porte à l’abside, sans compter la chapelle de ste Placidie, construite à son chevet, et 14 mètres de largeur.Elle n’a pas été consacrée
III - La façade de l’église est d’un très bel effet ; la porte, à laquelle on monte par trois marches, est carrée. Sur ses parois se dressent deux riches colonnes qui supportent l’arc en plein-cintre, formant tympan ; celui-ci est orné d’une belle croix entourée d’arabesques, le tout enfermé par un arc surhaussé.Au-dessus de cette porte et sur le milieu de la façade, s’ouvre une fenêtre ornée de deux petites colonnes supportant encore l’arc en plein cintre, couronné par un arc à fer de cheval (sic). Enfin la corniche qui entoure la façade est supportée par de gracieuses arcatures en plein cintre, et à son sommet, se dresse comme couronnement l’antéfixe.
IV - L’église renferme trois chapelles : 1° celle de la ste Vierge, 2° celle de st Joseph aux extrémités du transept ; 3° celle de ste Placidie destinée à renfermer les reliques de la ste construite au chevet de l’abside.Les reliques apportées de Rome par Mr de Villeperdrix père, ont été données à l’église de St Paulet. Qu’il en reçoive ici mes sincères remerciements.
V - Le toit de l’église est à deux pentes, et recouvert en briques.
VI - Les murs, à un mètre de hauteur, sont faits avec des pierres de grand appareil de l’ancienne église et le reste avec des moellons noyés dans la chaux. La voûte est en briques.
VII - Les contreforts de trois mètres d’épaisseur sur 4 de largeur sont adhérents au mur.
IX - Le vitrail de la chapelle Sainte Placidie représente une Vierge martyre. Les quatre vitraux du sanctuaire sont en verre de couleur à losanges et ceux de la nef sont des arabesques.
X - À part la statue de la ste Vierge et celle de st Joseph dans leur chapelle respective, l’église offre à la piété des fidèles, le groupe de N. D. de la Salette, à l’archiconfrérie de laquelle nous sommes affiliés, la statue de sainte Anne, patronne de la congrégation des mères de famille ; et celle de st François Régis, en grande vénération dans la paroisse. Toutes ces statues sont en terre cuite.
XI - L’église possède une pierre très bien gravée qui paraît appartenir au XVe siècle. Elle était fixée, dit-on, à la voûte de l’ancienne église.
XI - L’église possède une pierre très bien gravée qui paraît appartenir au XVe siècle. Elle était fixée, dit-on, à la voûte de l’ancienne église. Au sommet de la pierre, un écusson partagé par une croix ; en haut, deux cyprès et en bas, deux coquilles, l’inscription paraît se rapporter, si je ne me trompe, à la construction d’une chapelle par un chanoine.
XII - Le seul intérêt, et il est grand pour moi, que je puisse offrir aux savantes recherches des membres de la commission, c’est une chapelle de ste Agnès qui s’élève au milieu même de notre campagne sur une colline. Son origine nous est inconnue. Les anciens du pays, que j’ai interrogés, n’ont pu me donner aucun renseignement positif ; les seules traces de légendes que j’ai pu découvrir, c’est qu’elle aurait été bâtie à la suite d’un vœu fait par un naufragé, et une autre légende l’attribuerait à un chevalier partant pour la terre sainte.Les anciennes archives de la mairie ayant été brûlées, celles qui nous restent ne m’ont pas même dit le nom de ste Agnès. Mr Louis Bruguier, membre distingué de la commission, que j’ai eu l’honneur de consulter, m’a dit avoir vu le nom de la chapelle de ste Agnès, donné pour confront au XIIIe siècle. Style roman, sanctuaire tourné à l’orient, mesurant 16 à 18 mètres sur 7 de largeur, d’une grande élévation, voûte en pierre, toit à deux pentes mais très en pente, murs épais en moellons, surmontée d’un petit clocher carré se terminant en pointe.Les deux objets dans l’intérieur de la chapelle digne d’exciter la curiosité, ce sont deux petits agneaux sculptés sur les pilastres du sanctuaire. La chapelle est bâtie sur un terrain lui appartenant et à la possession duquel la fabrique de St-Paulet n’a aucun titre que la possession même.Je suis heureux de constater que cette chapelle est en grande vénération dans la paroisse. Elle est le but d’une procession solennelle le jour même de Pâques à laquelle se font un devoir d’assister les hommes les moins religieux. La messe y est chantée le 21 janvier, le 3e jour des Rogations et toutes les fois que des prières nous sont demandées pour obtenir la pluie.
Il est un autre fait que je tiens à relever dans cette commune parce qu’il est propre à la population de St-Paulet et qui fait son honneur ; c’est que dans un siècle où l’impiété s’efforce d’anéantir la religion en l’obligeant à s’enfermer dans la sacristie, nos catholiques se font gloire de montrer leur foi au dehors, par des monuments religieux. Ainsi, les promenades qui entourent le village comme d’une ceinture offrent à vos regards :
1° Une grande croix souvenir d’une mission prêchée en 1820 par Mr le curé de Camarez, et restaurée, embellie et surmontée d’un grand Christ 1,50 et entourée d’une balustrade en fer, en souvenir du jubilé 1875.
2° La Vierge Immaculée en fonte 1,20 m posée sur un piédestal de 3 mètres, au milieu d’un jardin de verdure et de fleurs, le tout fermé par un grillage, jubilé 1870.
3° La statue de st Joseph terre cuite et décorée dans une charmante niche, surmontée d’un élégant baldaquin en pierre 18734° Au-dessus de la fontaine publique, sur un beau piédestal, se dresse la magnifique statue de st Paul, patron de la paroisse, en fonte, 1,80 m, les deux mains appuyées sur le glaive, 25 janvier 1876.5° Une ancienne croix renversée en 1793 et relevée en 1804.
XV – Deux autels en marbre et en boisXVII – Deux cloches dont l’une a 80 cm de diamètre et l’autre 55 cm.
XIX – Deux calices, l’un en vermeil et l’autre argent. Un ostensoir vermeil et un ciboire de même.
Le curé de St-Paulet
Ferrier »
Henri Révoil Aix-en-Provence, 1822-Mourès, 1900.
Cet ancien élève de l’École des Beaux-Arts de Paris hérite des goûts de son père qui collectionne les objets du Moyen-Âge (839 pièces achetées par l’État en 1828 et remise en musée du Louvre). Il prend la suite de Charles Questel en 1854 en tant qu'architecte attaché à la commission des Monuments Historiques. À ce titre il poursuit la restauration de l'amphithéâtre de Nîmes, de la Tour Magne et du temple de Diane.
Nommé architecte diocésain en 1852 à Montpellier, Aix et Fréjus et en 1870 à Nîmes, il réalise et restaure de nombreux édifices religieux dans les Bouches-du-Rhône, le Var, l'Hérault ainsi que dans le Gard. Il est également à l'origine de plusieurs édifices publics tels que l'Hôtel de Ville de Saint-Gilles ou les écoles de Fourques et Manduel. Il développe un instrument lui permettant de dessiner précisément des éléments d'architecture éloignés. Le téléiconographe est breveté en 1869. Henri Morel-Révoil (1855-1933) est son gendre.
Un monument en sa mémoire est érigé en 1906 dans le jardin de la fontaine à Nîmes (IM30000416).
Publication : L'architecture romane du midi de la France de 1863 à 1874. Recueil de 200 planches lithographiés de l'architecture romane.
Réalisations :
- flèche de l'église de Bernis (1855),
- église de Garons et agrandissement de l'église de Moulézan (1856),
- mairie de Redessan (1857),
- église de Générac (1860),
- église de Manduel (1862),
- église de Milhaud (1865),
- église de Saint-Genies-de-Malgoires (1866),
- église de Marguerittes (1876),
- église de Lédenon (1885) : projet abandonné.
- sacristie de l'église de Redessan (1885).