Dossier d’œuvre architecture IA12113288 | Réalisé par
  • enquête thématique départementale, les cimetières de Rodez agglomération
cimetière de Luc
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Rodez agglomération
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rodez agglomération
  • Commune Luc-la-Primaube
  • Adresse Les Peyrières
  • Cadastre 2021 AH 1  ; 285

Le cimetière de Luc est un cimetière indépendant de plan régulier. Comme de nombreux cimetières de l’agglomération de Rodez, il a été agrandi à plusieurs reprises afin de répondre à la demande croissante de concessions funéraires.

Chacune des extensions comporte son propre accès depuis la route mais le public peut néanmoins librement circuler entre les différents secteurs du cimetière ; ils sont reliés entre eux par des escaliers, solution la plus fréquemment retenue sur le territoire pour gérer la pente au sein des cimetières.

Le cimetière est marqué par la présence d’une grande croix, située dans l’axe longitudinal, entre le premier et le second secteur. Contrairement à la Capelle Saint-Martin où la croix d’origine a été déplacée au moment du premier agrandissement, celle de Luc a été érigée en 1934 sur le tombeau des prêtres, ce qui permet de contourner la loi de 1905 qui interdit les signes religieux dans l’espace public. On note cependant que les croix sont également présentes sur deux portails construits par la commune, celui des années 1930 et celui de la fin du 20e siècle.

Le plan de la première extension proposé par l’architecte André Boyer prévoyait un plan en étoile, avec des allées partant d’un rond-point où devait être vraisemblablement placée la croix du cimetière. Ce plan complexe fut abandonné au profit d’un plan avec une allée placée dans l’axe central et une allée de ceinture délimitant deux secteurs centraux réservés aux « fosses communes » (le terrain commun). L’organisation irrégulière de certaines sépultures témoigne encore aujourd’hui de cette destination, mais cette irrégularité a tendance à disparaître au fur et à mesure des reprises de concessions, organisées dans un souci de gain de place. Ce lotissement plus rationnel a ainsi donné lieu à une distribution des concessions assez originale, dessinant des allées en forme de croix potencée.

Le cimetière de Luc était initialement situé au centre du village et jouxtait l’église paroissiale Saint-Maurice autour de laquelle il formait un fer à cheval. L’atlas des paroisses du diocèse établi à la demande de Mgr Bourret à partir de 1875 en donne une représentation, en plan et en perspective.

La décision de déplacer le cimetière est vraisemblablement prise à la suite des critiques formulées par la fabrique de la paroisse au cours de sa séance du 2 avril 1874. Elle est motivée par plusieurs raisons, notamment hygiénistes : une surface insuffisante (seulement 330 m² pour 800 habitants et 32 décès en moyenne par an), sa situation autour de l’église qui rend celle-ci « extrêmement humide » (cet argument avait aussi été convoqué 10 ans plus tôt au Monastère), la proximité d’un groupe de maisons peu favorable à « la circulation de l’air dans le cimetière », enfin la proposition de la famille Azémar, au lieu-dit La Calmette, de donner un donner un terrain pour l’établissement d’un nouveau cimetière. Au cours de sa visite pastorale du 10 mai 1874, Mgr Bourret menace de fermer le cimetière : il « est insuffisant et beaucoup trop en contrehaut de façon à remplir l’église d’humidité. Nous donnons six mois pour qu’on se mette en mesure d’en faire un nouveau, après quoi nous serions obligés de frapper le cimetière d’interdit. »

Le 12 mai 1874, le conseil municipal reconnaît donc la nécessité de transférer le cimetière. Au mois de juillet suivant, le géomètre Guizot dresse le projet d’implantation à un autre emplacement que celui proposé par la fabrique, au nord du village, au lieu-dit la Barradie, sur le chemin de Luc à Calzins. Le rapport du géomètre précise que le terrain est parfaitement adapté à sa nouvelle destination : il est arable, de nature silico-schisteuse et situé à 74 mètres au nord de la première habitation. D’une superficie de 1 537 m², l’enclos dessine un trapèze et doit être ceint d’un mur de 2 m de hauteur (conformément à la loi) et de 50 cm d’épaisseur. La construction de ce mur sera en partie prise en charge par le conseil de fabrique (extraction et transport du moellon et du sable, achat et transport de la chaux).

A la suite de l’enquête publique, le projet du conseil municipal est confirmé par le commissaire enquêteur et le 13 novembre 1874, la translation est approuvée par le préfet qui considère que « le cimetière de Luc est d’une étendue insuffisante et, par sa situation au centre du village, présente des causes sérieuses d’insalubrité. » En outre, l’arrêté précise, conformément au décret napoléonien de 1804, que l’ancien cimetière sera fermé et restera dans l’état durant 5 ans (il sera ensuite possible de vendre le terrain, mais pas d’y construire).

Les premières inhumations sont réalisées dès le milieu des années 1870. Actuellement, le plus ancien monument funéraire se trouve en bordure du mur de ceinture sud, le long de l’allée 1 qui devait être réservée aux concessions perpétuelles : il s’agit de la stèle de Marinne Arnal, décédée le 15 mars 1877, positionnée au dos du monument de la famille Mazenq, édifié au tout début du 20e siècle.

En 1925, l’architecte André Boyer est chargé de concevoir un petit abri pour le corbillard, au nord-ouest de l’église Saint-Maurice. Le projet est approuvé par le préfet le 20 mars 1925. Aujourd’hui démoli, cet édifice de 7 mètres sur 4 mètres était bâti en moellons apparents et couvert d’un toit à demi-croupe.

La surface du cimetière est doublée au début des années 1930. L’extension est réalisée au nord de l’enclos initial et dispose de son propre portail. Le plan d’agrandissement est dressé par André Boyer le 22 février 1932 et les travaux conduits par l’entrepreneur Victor Boffa sont achevés en décembre 1933. La bénédiction solennelle de ce nouveau cimetière a lieu le 16 septembre 1934, le même jour que les vitraux Saint-Pierre et Saint-Paul de l’église : « Après quelques mots de M. Bousquié, Maire de Luc, M. le [chanoine] Legons prononça une émouvante allocution et bénit le champ des morts ainsi que la croix monumentale érigée entre les deux cimetières. » (Luc, livre de la paroisse). Cette croix de cimetière est érigée au-dessus du monument funéraire des prêtres, ce qui permet de contourner la loi du 9 décembre 1905, laquelle « interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires » (art. 28).

Hormis les monuments de Marinne Arnal, de la famille Mazenq et des prêtres de Luc déjà signalés, se distinguent le monument de la famille Boutonnet et deux stèles portant la signature du marbrier Joulié de Rodez (familles Bec et Couderc, Dalmayrac).

Un nouvel agrandissement a été réalisé à la fin du 20e siècle, toujours côté nord. La commune y aménage le caveau provisoire, l’espace cinéraire et le jardin du souvenir. Un parking planté d’arbres de hautes tiges est aussi réalisé.

À la suite de la loi Labbé du 6 février 2014, qui encadre l’utilisation des produits phytosanitaires dans la plupart des espaces publics, la commune de Luc-la-Primaube s’est engagée dans la végétalisation du cimetière, notamment des allées, qui sont désormais enherbées.

Le cimetière de Luc est situé au nord du village, en bordure de la route qui conduit au hameau de Calzins, et aujourd’hui à proximité immédiate des habitations (lotissement La Barradie) et d’une carrosserie. Exposé au nord, conformément aux préconisations de du décret du 12 juin 1804, il est en situation de covisibilité avec l’église Saint-Maurice et avec la cathédrale de Rodez, laquelle forme un repère pour de nombreux cimetières de l’agglomération.

La clôture est constituée d’un mur de moellons de gneiss et, pour la partie la plus récente, de dalles de béton préfabriquées. Chacun de trois secteurs du cimetière dispose d’un portail côté est, en bordure de route, assez large pour permettre l’accès aux véhicules motorisés. L’accès n’a fait l’objet d’aucune mise en scène particulière. Le premier portail créé au 19e siècle est composé de piliers en grès à couronnement mouluré et d’une grille métallique à trois vantaux, manifestement plus récente. Le second créé dans les années 1930, et certainement dessiné par André Boyer, est plus ouvragé. Les piliers en béton à couronnement en bâtière sont ornés d’une croix encerclée. Les deux vantaux en fer forgé dessinent un pignon : ils comportent des barreaux dont l’extrémité forme une croix, des cœurs et deux arabesques. Le troisième portail est également en métal et couronné d’une croix ; cette entrée est précédée d’une allée d’arbres formant écran devant la clôture et entre lesquels les véhicules peuvent stationner. Enfin, côté ouest, le premier mur de clôture est percé d’un portillon, vraisemblablement réalisé durant la seconde moitié du 20e siècle.

Les trois secteurs du cimetière possèdent un plan régulier, le rectangle pour les deux premiers et le carré pour le deuxième agrandissement. Les allées sont gravillonnées et engazonnées.

Le premier secteur est distribué par des allées parallèles d’inégales largeurs, celle où se trouve la croix du cimetière étant la plus large. De façon tout à fait inhabituelle, les allées du premier agrandissement forment un dessin en croix potencée. L’organisation des sépultures y est régulière et assez symétrique, à l’exception de l’intérieur des deux îlots centraux en fer à cheval. Le deuxième agrandissement est distribué en allées parallèles entre elles, mais perpendiculaires à l’orientation des principales allées du premier cimetière. C’est dans ce dernier secteur que se trouvent le caveau communal, l’espace cinéraire et les seuls arbustes du cimetière.

Le terrain présentant un léger dénivelé, les trois secteurs forment chacun une terrasse à faible pente. Ils sont reliés entre eux par des escaliers en béton, percé dans les murs de clôture construits initialement, dans l’axe central où se situe la croix du cimetière surmontant le tombeau des prêtres et des paroissiens.

Les tombeaux :

Au cours de l'enquête menée en octobre 2022, 55 tombeaux ont été recensés, dont deux occupent une même concession (n° 9). Ils sont uniquement situés dans les deux secteurs les plus anciens du cimetière. Certains tombeaux mentionnent le lieu de vie ou de décès d’un des défunts. Les termes « Au Plantié » (concession n° 151), « la Barraque de Luc » (n° 991) ou « la Calmette » témoignent ainsi de l’attachement des habitants à leur hameau ou leur village, plus qu’à la commune.

Les tombeaux se répartissent comme suit :

- En forme de stèle funéraire (31) : les plus modestes occupent le secteur des anciennes fosses communes (1ère extension), les plus ouvragées sont édifiées sur des concessions. Deux d’entres elles ont été sculptées par le marbrier Joulié de Rodez, vers 1925-1930. Une variante est la stèle architecturée, de style néo-classique au début du 20e siècle (n° 9), puis Art déco dans les années 1930 (ex : n° 68, 163).

- En forme de caveau monumental (19) : étroit ou large, il est généralement surmonté d’une croix ou d’une stèle. L’accès au caveau se fait en façade, par une porte munie d’une poignée.

La version étroite est la forme la plus ancienne et n’occupe qu’une partie de la concession ; réalisé en granit, ce type apparaît vraisemblablement dans les années 1930. Il est particulièrement bien représenté au cimetière de Luc (secteur 2), contrairement à d’autres cimetières de l’agglomération de Rodez.

La version large est plus courante se diffuse particulièrement après la seconde guerre mondiale.

- En forme de sarcophage (1) : l'unique exemple recensé est celui de la famille Lunet de la Malène (n° 997), dont Edmond fut maire de la commune de 1890 à 1910.

- En forme de croix funéraire (3) : l’un comporte une croix reposant sur un gobe (n° 192) ; les deux autres sont de simples croix funéraires en métal

Enfin, une concession ne comporte pas de tombeau proprement dit, mais un simple porte-couronne.

  • Murs
    • gneiss
    • béton
    • moellon
  • Typologies
    cimetière indépendant de plan régulier
  • Statut de la propriété
    propriété publique

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Documents figurés

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Rodez agglomération
(c) Inventaire général Région Occitanie