Le cimetière de Luc était initialement situé au centre du village et jouxtait l’église paroissiale Saint-Maurice autour de laquelle il formait un fer à cheval. L’atlas des paroisses du diocèse établi à la demande de Mgr Bourret à partir de 1875 en donne une représentation, en plan et en perspective.
La décision de déplacer le cimetière est vraisemblablement prise à la suite des critiques formulées par la fabrique de la paroisse au cours de sa séance du 2 avril 1874. Elle est motivée par plusieurs raisons, notamment hygiénistes : une surface insuffisante (seulement 330 m² pour 800 habitants et 32 décès en moyenne par an), sa situation autour de l’église qui rend celle-ci « extrêmement humide » (cet argument avait aussi été convoqué 10 ans plus tôt au Monastère), la proximité d’un groupe de maisons peu favorable à « la circulation de l’air dans le cimetière », enfin la proposition de la famille Azémar, au lieu-dit La Calmette, de donner un donner un terrain pour l’établissement d’un nouveau cimetière. Au cours de sa visite pastorale du 10 mai 1874, Mgr Bourret menace de fermer le cimetière : il « est insuffisant et beaucoup trop en contrehaut de façon à remplir l’église d’humidité. Nous donnons six mois pour qu’on se mette en mesure d’en faire un nouveau, après quoi nous serions obligés de frapper le cimetière d’interdit. »
Le 12 mai 1874, le conseil municipal reconnaît donc la nécessité de transférer le cimetière. Au mois de juillet suivant, le géomètre Guizot dresse le projet d’implantation à un autre emplacement que celui proposé par la fabrique, au nord du village, au lieu-dit la Barradie, sur le chemin de Luc à Calzins. Le rapport du géomètre précise que le terrain est parfaitement adapté à sa nouvelle destination : il est arable, de nature silico-schisteuse et situé à 74 mètres au nord de la première habitation. D’une superficie de 1 537 m², l’enclos dessine un trapèze et doit être ceint d’un mur de 2 m de hauteur (conformément à la loi) et de 50 cm d’épaisseur. La construction de ce mur sera en partie prise en charge par le conseil de fabrique (extraction et transport du moellon et du sable, achat et transport de la chaux).
A la suite de l’enquête publique, le projet du conseil municipal est confirmé par le commissaire enquêteur et le 13 novembre 1874, la translation est approuvée par le préfet qui considère que « le cimetière de Luc est d’une étendue insuffisante et, par sa situation au centre du village, présente des causes sérieuses d’insalubrité. » En outre, l’arrêté précise, conformément au décret napoléonien de 1804, que l’ancien cimetière sera fermé et restera dans l’état durant 5 ans (il sera ensuite possible de vendre le terrain, mais pas d’y construire).
Les premières inhumations sont réalisées dès le milieu des années 1870. Actuellement, le plus ancien monument funéraire se trouve en bordure du mur de ceinture sud, le long de l’allée 1 qui devait être réservée aux concessions perpétuelles : il s’agit de la stèle de Marinne Arnal, décédée le 15 mars 1877, positionnée au dos du monument de la famille Mazenq, édifié au tout début du 20e siècle.

En 1925, l’architecte André Boyer est chargé de concevoir un petit abri pour le corbillard, au nord-ouest de l’église Saint-Maurice. Le projet est approuvé par le préfet le 20 mars 1925. Aujourd’hui démoli, cet édifice de 7 mètres sur 4 mètres était bâti en moellons apparents et couvert d’un toit à demi-croupe.
La surface du cimetière est doublée au début des années 1930. L’extension est réalisée au nord de l’enclos initial et dispose de son propre portail. Le plan d’agrandissement est dressé par André Boyer le 22 février 1932 et les travaux conduits par l’entrepreneur Victor Boffa sont achevés en décembre 1933. La bénédiction solennelle de ce nouveau cimetière a lieu le 16 septembre 1934, le même jour que les vitraux Saint-Pierre et Saint-Paul de l’église : « Après quelques mots de M. Bousquié, Maire de Luc, M. le [chanoine] Legons prononça une émouvante allocution et bénit le champ des morts ainsi que la croix monumentale érigée entre les deux cimetières. » (Luc, livre de la paroisse). Cette croix de cimetière est érigée au-dessus du monument funéraire des prêtres, ce qui permet de contourner la loi du 9 décembre 1905, laquelle « interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires » (art. 28).
Hormis les monuments de Marinne Arnal, de la famille Mazenq et des prêtres de Luc déjà signalés, se distinguent le monument de la famille Boutonnet et deux stèles portant la signature du marbrier Joulié de Rodez (familles Bec et Couderc, Dalmayrac).
Un nouvel agrandissement a été réalisé à la fin du 20e siècle, toujours côté nord. La commune y aménage le caveau provisoire, l’espace cinéraire et le jardin du souvenir. Un parking planté d’arbres de hautes tiges est aussi réalisé.
À la suite de la loi Labbé du 6 février 2014, qui encadre l’utilisation des produits phytosanitaires dans la plupart des espaces publics, la commune de Luc-la-Primaube s’est engagée dans la végétalisation du cimetière, notamment des allées, qui sont désormais enherbées.
Directeur de la société Drone Aveyron services.