Cette fontaine monumentale, portant également l'appellation occitane de Griffoul, a été construite à partir de 1336 et achevée en 1340, date à laquelle "le griffoul (..) fut fait"(Cabrol, t. I, p. 211). L'eau de cette source abondante est amenée depuis l'actuelle rue Saint-Jacques. Dès 1336, la fontaine est conçue avec les 2 bassins et pour procurer un débit suffisant, on implante la fontaine à plus de 2,5 mètres de profondeur. Pour soutenir la terre, des murailles sont élevées en 1343 (Cabrol, t. I, p. 217). En 1362, les consuls de Villefranche font creuser un aqueduc souterrain au milieu de l'actuelle rue de la République pour conduire les eaux vers la rivière Aveyron pour un prix de 571 florins. En 1510 et en 1758, des travaux sont exécutés pour repérer la source qui l'alimente, mais ces recherches ne donnent pas de résultats probants. Ce principal point de ravitaillement en eau ne semble jamais s'être tari même durant les étés les plus chauds. Il occupe une place centrale dans la vie quotidienne de la cité et des habitants et alimente en eau la boucherie (mazel en occitan) qui la jouxte, conditionnant l'implantation de certaines activités.
Depuis le Moyen Age, la ville est divisée en 4 quartiers appelés gaches et celle où elle se trouve porte le nom de la gache de la fontaine. Le protestant Thomas Platters de passage à Villefranche-de-Rouergue écrit dans son journal : "au centre [de la ville], coule une belle fontaine où j'ai vu, tout le temps, grand nombre de personnes venant chercher de l'eau, ce qui semblerait indiquer que c'est la seule de l'endroit".
Le 15 juillet 1833, la mairie de Villefranche-de-Rouergue reçoit un devis concernant les ouvrages valide pour la réparation de la fontaine publique. Les escaliers sont en très mauvais état suite à l'usure et au gel occasionnant des accidents. Outre des travaux de réfection et de réaménagement de la fontaine proprement dite, le pavage autour du bassin est incliné pour que les eaux tombées au sol s'évacuent par l'aqueduc. Le devis, s'élevant à 864 francs, est approuvé par le préfet le 9 août 1833. Les travaux sont réalisés par Jean Guibert, maçon à Villefranche-de-Rouergue. Les escaliers à l'ouest et à l'est du bassin remplacent un dénivelé en terre battue, c'est également à ce moment que sont mis en place les rigoles aménagées dans le pavage et le puits commun au bas de l'escalier est. Les deux murs de soutènement au nord et au sud sont repris. La clôture en fer forgé à l'est, portant les armoiries de Villefranche-de-Rouergue, pourrait avoir été installée à la suite de cette campagne de travaux, les 3 étoiles du blason remplaçant les traditionnelles fleurs de lys et semblant indiquer une inspiration orléaniste. Une autre campagne de restauration est menée en 1883, le pavage et les murs latéraux sont rénovés et une rampe est installée. Visibles sur une photographie de Camille Enlart antérieure à 1905, les deux rampes de l'escalier ouest ont été enlevées à la suite de la mise en place du monument du sergent Bories (IM12000440). Celui-ci a été déplacé en 1996 et les murs de soutènement ont été recrépis en 2004.