Dossier d’œuvre architecture IA11009212 | Réalisé par
  • liste immeubles protégés MH
ancien château-fort de Gruissan, tour Aycelin dite aussi "de Broa" ou de Barberousse.
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Commune Gruissan
  • Adresse rue de la Tour ,
  • Cadastre 2025 AB 1414
  • Dénominations
    château fort
  • Appellations
    Aycelin, Broa, Barberousse
  • Parties constituantes non étudiées
    tour, citerne

La première mention d'une fortification à Gruissan date de 1084 (Mouynès 1871 : A. M. Narbonne, série AA, note D, 395). Le seigneur était l'archevêque de Narbonne, dont les droits avaient été reconnus par Pépin-le-Bref en 768 (mentionné dans un diplôme de Charles-le-Chauve du 20 juin 844). Pour assurer sa main mise après la reprise de Narbonne aux Arabes, le roi des Francs accorde une puissance temporelle à l'évêque : le droits régaliens qui, dans le diocèse, étaient afférents à la navigation et à l'exploitation des salines, ce qui semble inclure Gruissan.

L'acte de 1084, un partage arbitral, établit que l'évêché de Narbonne n'est pas seul en possession de la seigneurie et assigne à Béranger Daudé et à l'archevêque la possession de droits sur le château de Gruissan avec toute sa dominité et appartenances, terres, vignes, maisons, jardins, prés, garrigues, hermes, quête, usage, service sans exception ni réserve (Ibid. p. 395). L'archevêque, co-seigneur de Gruissan acquiert progressivement une certaine supériorité dans la co-seigneurie : c'est ainsi qu'Arnaud de Raissac, successeur des Daudé lui rend hommage en 1192 quant au château de Gruissan. Le co-seigneur devient Rodrigue de Narbonne après 1208, puis à Bérenger de Boutenac qui tente de récupérer la totalité de la seigneurie, mais finit par rendre hommage à l'archevêque dès 1256. Les héritiers Boutenac décident en 1296 de quitter cet état de dépendance et vendent leur part du château de Gruissan, avec les droits associés à l'archevêque de Narbonne Gilles Aycelin pour une somme de 3 000 Livres melg. (Ibid. p. 396)

En temps de guerre, le roi prenait possession du château et y plaçait une garnison, par suite d'une réserve dont l'origine est inconnue mais dont l'existence est démontrée par une procédure de 1289 au Parlement de Toulouse.

La date de la construction est déterminée par deux documents : une charte de 1245 indique qu'il existait alors une vieille tour au centre de la partie supérieure du château. Un document de 1247 précise que, outre cette tour, une autre tour fut construite vers l'entrée, laquelle serait la tour actuelle. Ces deux tours correspondent à l'état de co-seigneurie à Gruissan à la même époque. Un arbitrage précise que l'archevêque occuperont la partie supérieur du château, au nord et que Bringuier de Boutenac, se cantonnera à la partie sud. Chaque partie possède son entrée (Inventaire des actes et documents de l'archevêché de Narbonne, p.-47). On apprend également dans ces documents l'existence d'une chapelle dans la partie supérieure du château ainsi que de créneaux. Dans le dénombrement remis à l'archevêque devant le sénéchal de Carcassonne en 1547, "un château bien fort" fait partie de la seigneurie de Gruissan (bid. p. 398).

Une légende locale lui donne le nom de "Tour Barberousse", légende qui attribue sa construction à Khair Eddin Barberousse (1476-1546), bey d'Alger, amiral de Soliman II, qui unit sa flotte à celle de François Ier pour combattre celle de Charles Quint. Il pourrait s'agir d'une confusion avec Gaspar Dot, dit ""Barbe Roussette"", corsaire à la solde du duc de Joyeuse. Il commandait en 1589 à La Nouvelle, près de Gruissan et aurait participé aux actions qui se déroulèrent à Gruissan de 1589 à 1593 (prise du château par Montmorency en août 1589 ; évacuation lors de la trève ; reprise par Montmorency en septembre 1592 ; reprise par les Ligueurs en juillet 1594).

L'enceinte serait plus récente que la tour. Ces renforcements des défenses du château ont dû se faire vers 1333 lorsque, les pirates infestant la côte, Narbonne dut implorer la protection de Philippe de Valois. Le fort fut abandonné au 17e siècle et une partie des murs s'effondra en 1797. Depuis, les démolitions sont dues aux prélèvements des habitants.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 13e siècle
  • Dates
    • 1247, datation par travaux historiques

La forteresse occupe un plateau rocheux escarpé dont la tour occupe la pointe nord-est. Le pourtour de l'enceinte, adapté au terrain, présente un plan très irrégulier. Sauf au voisinage de la tour, il ne reste que les bases des courtines extérieures. Le chaînage d'angle nord de la courtine nord-ouest est construit en grand appareil de calcaire bien équarri et soigneusement appareillé. A l'ouest, un éperon a conservé son parement extérieur en pierre de taille, correspondant à des murs épais, jusqu'à 1,35 m d'épaisseur qui pourrait corresponde à une phase de re-fortification (Serdon, 2007, p. 78). Au sud, le parement est conservé sur une douzaine d'assises : il est construit en moyen appareil de calcaire, mois bien appareillé qu'à l'ouest, avec une épaisseur d'environ 0, 67 m.

La tour suit un plan en fer à cheval, caractéristique des tours du 13e siècle dans la région (Serdon, 2007, p. 78). Sa moitié sud-ouest a été complètement arasée. Elle mesure environ 4, 50 m de diamètre et l'épaisseur de ses murs est de 1, 50 m). L'élévation comporte deux étages voûtés. Une casemate voisine laisse présumer l'existence d'une salle souterraine. La salle basse, dont la voûte est écroulée, est ajourée par une embrasure couverte de dalles. La salle haute est voûtée en coupole et communiquait avec l'étage supérieur ou la terrasse par un escalier en vis logé dans l'intérieur du mur. C'est contre ce reste de tourelle d'escalier que s'appuyait le départ de la courtine, postérieure à la tour. Cet angle rentrant comporte deux corbeaux, trace d'un ancien encorbellement correspondant à une bretèche ou des latrines.

Trois ouvertures éclairaient les niveaux de la tour : l'une au rez-de-chaussée et deux au premier étage, dont l'une comporte une niche à coussiège, où se trouvait vraisemblablement la partie résidentielle. Deux ouvertures de tir sont placées de part et d'ature des fenêtres.

La partie supérieur du parement est construite en grand appareil à bossage parement de différents modules. Dans la partie inférieure, un glacis au fruit assez important est constitué de blocs lisses bien équarris et soigneusement appareillés.

  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1948/04/14
  • Précisions sur la protection

    Château-fort (ruines) (cad. B 255) : inscription par arrêté du 14 avril 1948

  • Référence MH

Bibliographie

  • Mouynès Germain, Inventaire des archives communales antérieures à 1790 : ville de Narbonne; série AA et annexes de la série AA, Narbonne : E. Caillard, 1871-1877, 2 vol. 1 016 p.

  • Inventaire des actes et documents de l'archevêché de Narbonne, fait en 1639 : III : Actes concernant les seigneuries : événements de 1244, 1245, 1246, 1247 / Recopié par Anthoine Rocque en 1640. T.3, p. 44-47.

Périodiques

  • Serdon Valérie. Le château de Gruissan (Aude) : observations archéologiques. In: Archéologie du Midi médiéval. Tome 25, 2007. pp. 73-84.

Date(s) d'enquête : 1992; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Monuments historiques