La Buvette de la grotte ou source buvette ou source de la fontaine se situe sur la parcelle B 602 du cadastre ancien de 1826. Elle est mentionnée sur le plan sous le nom de « source des eaux ».
Dans son rapport du 12 juin 1769, Gabriel François Venel (1723-1775), médecin chimiste et préposé par le Roi à l’analyse des eaux minérales du Royaume, atteste l’importance des eaux de Campagne (AD11-S795). Il précise que les eaux seraient préconisées dans le traitement des maladies de la peau, des voies urinaires, du foie, des affections mélancoliques hystériques, les échauffements et les amaigrissements. L’eau est alors utilisée en boissons et gagnerait à être exploitée en bains, selon Venel. Il ne mentionne alors que la source de la fontaine. Il ne décrit pas l’aménagement de la source.
De nouveaux travaux de captage sont réalisés en 1859 et 1860 par M. François, ingénieur et M. Debosque, futur propriétaire de l’établissement. Le 21 novembre 1860, (AD11 5M114) Gabalda obtient l’autorisation d’exploitation des sources buvette et du pont. La grotte de rocaille encore visible de nos jours date probablement de cette période.
Entre 1916 et 1922, l’établissement est converti en hôpital militaire. Les eaux chaudes ont des propriétés calcifiantes, bénéfiques dans le rétablissement des blessures osseuses. On soigne aussi les soldats atteints aux poumons par les gaz, et les tuberculeux.
Les deux sources ont des caractéristiques semblables, selon Filhol en 1858. L’eau est claire, incolore, et dégage à la source de fines bulles de gaz. Elle possède un léger goût de fer. Exposée à l’air, un dépôt couleur rouille se rassemble. En témoignent les abords immédiats de la source, couverts de cette couleur rouille. La température de l’eau est de 24°C. Elle est de type bicarbonatée calcique, sodique et ferrugineuse, peu minéralisée. Ces eaux sont semblables à celles d’Alet-les-Bains par leurs compositions. Leurs propriétés laxatives et antispasmodiques sont efficaces dans les pathologies digestives. Ce sont des eaux sédatives sur l’estomac et l’intestin.
En 1929, la commune d’Espéraza se porte acquéreur de la source, de l’allée des bains. Mais Campagne se réserve le droit pour les habitants de prendre de l’eau à la source. En 1968, la mairie d’Espéraza fait poser une pancarte à la source interdisant de boire l’eau, afin d’éviter toute forme de pollution. Un projet de mise en bouteille est également à l’étude. Mais ce projet n’aboutit pas, la mise en bouteille modifierait la propriété des eaux.
En 1977, les habitants de Campagne protestent. Depuis 30 ans que la source appartient à la commune d’Espéraza, celle-ci n’est pas entretenue, et cet endroit bucolique est délaissé. Les habitants ne peuvent plus bénéficier de l’usage des eaux. Ils décident de nettoyer le lieu, de remettre la grille en place et de fermer l’accès. S’ensuivent des années de désaccord entre les communes d’Espéraza et de Campagne-sur-Aude. Ce n’est qu’en 1994 que le maire d’Espéraza consent à vendre la source à la commune de Campagne-sur-Aude. En 1996, la commune de Campagne-sur-Aude envisage à nouveau l’implantation d’une usine d’embouteillage au bains, mais le projet n’aboutit pas. L’exploitation des sources du pont et de la buvette est révoquée depuis 1933 (AD11 5M 114 (139)).
La source coule toujours de nos jours, elle continue d’être puisée par les habitants pour leur propre usage.