L’ancien établissement des bains apparaît sur le cadastre ancien de 1826, sur la parcelle B604. Il y voisine avec une fontaine, alimentée par la sources des eaux située à l'extrémité sud-est de la parcelle 603. Engagé par de nombreuses analyses chimiques des eaux depuis la fin du XVIIIème siècle, la station prend de l’ampleur. Dès 1812, un premier établissement thermal est édifié par le propriétaire des lieux, Sieur Gabalda d’Espéraza. Cet établissement est alimenté par la source du pont. Ses eaux sont alors prises en boisson. En 1846, l’établissement thermal est restauré. Il est alors équipé de 24 baignoires en zinc, de douches, d’équipements pour les traitements de boues, et d’une buvette pour la cure de boisson. La source du Pont alimente l’établissement thermal. Elle est chauffée de 4 à 5°C avant son utilisation en bains. Un appareil à circulation continue élaboré par Jules François, inspecteur général des eaux thermales de France, permet de chauffer l’eau sans perdre ses propriétés thérapeutiques. Deux robinets permettent au baigneur de réguler la température, un robinet d’eau chauffée, et un autre d’eau thermale non chauffée. On y pratique plusieurs méthodes de soins : les bains, les douches (latérales, ascendantes, descendantes), la cure de boisson, les boues réalisées à partir de limons renfermant les principes minéralisateurs des eaux recueillies dans les bassins. On y traite les affections de l’appareil digestif, les fièvres intermittentes et paludéennes et les maladies des voies urinaires.
De nouveaux travaux de captage sont réalisés en 1859 et 1860 par M. François, ingénieur et M. Debosque, futur propriétaire de l’établissement. Le 21 novembre 1860, (AD11 5M114) Gabalda obtient l’autorisation d’exploitation des sources buvette et du pont. La source du pont sourdait dans le lit du Rieutort et alimentait un bassin rudimentaire. Les travaux de captage ont permis de creuser un nouveau bassin réservoir, creusé sous une voûte, pour protéger des intempéries. En 1868, l’établissement thermal et l’ensemble des bâtiments passe aux mains de Florentin Debosque. Il cherche des solutions pour réduire la distance parcourue par l’eau pour gagner des degrés de température et ainsi éviter d’avoir à chauffer l’eau. Le fait de chauffer l’eau est soupçonné de diminuer les propriétés curatives des eaux, il faut trouver des solutions alternatives aux procédés mis en place par Jules François, ingénieur, qui est également son beau-frère. En 1869, M. Debosque crée une buvette à la source du pont. Les deux sources se prennent alors en boisson. Entre 1861 et 1874, c’est presque 700 baigneurs qui fréquentent l’établissement. En plein essor, Campagne connait son apogée vers 1900, puis décline à partir de 1908, à cause du défaut d’entretien des installations.
L’Etat réquisitionne l’établissement de bains et tous les bâtiments qui le composent le 20 octobre 1916 pour y établir un hôpital militaire, destiné à accueillir les soldats atteints de la tuberculose. Les pratiques thermales sont peu à peu abandonnées. Les soldats profitent des eaux chaudes aux propriétés calcifiantes. On y soigne aussi ceux qui ont été gazés. L’hôpital complémentaire ferme ses portes le 5 mars 1922. Entre 1916 et 1922, 1 638 militaires ont été soignés, et 82 sont décédés sur place. Parmi eux, 37 n’ont pas été réclamés par les familles, et sont enterrés au cimetière militaire de Campagne.
En 1924, une tentative de relance de l’activité thermale échoue, l’image d’un hôpital pour les tuberculeux n’inspire pas confiance. En 1927, Pierre Debosque, propriétaire est contraint de mettre en vente « les bains de Campagne ». Tout est vendu par lots, les terres et les immeuble à des propriétaires multiples. A l’heure actuelle, l’ancien établissement thermal est divisé en immeuble de logements. La source du pont est fermée par une dalle de béton. Il ne reste que les vestiges d’une partie du bassin qui témoigne de l’activité passée.