La station thermale de Sentein est créée au début des années 1850 par Jean-François Courtheil, qui obtient l’autorisation d’exploiter la source existante sur sa propriété le 28 décembre 1854 (AD Ariège, 8M28/2, 1854). Il semble que dès l’origine l’établissement de Sentein ait été une station thermale modeste. Dès le milieu des années 1850 le propriétaire sollicite d’ailleurs le secours financier de l’Administration centrale. Bien qu’il renouvelle à maintes reprises sa demande, le Sieur Courtheil ne reçoit pas la moindre subvention. À ce propos, en 1860, le Conseil général des Mines estime que « l’établissement thermal de Sentein n’a qu’une importance tout à fait secondaire » et que ses eaux minérales ne présentent pas d’intérêt particulier au regard des nombreuses autres sources ferrugineuses existantes dans la région. Il en conclut qu’il n’est donc pas nécessaire de soutenir son développement (AD Ariège, 8M28/2, 1860). D’après l’étude réalisée par Steve Hagimont, l’établissement aurait accueilli cent-deux curistes en 1875, soit deux fois plus qu’au début des années 1860 (Hagimont, 2017, vol. 2, p. 39). Pendant cette première période d’activité, les eaux minérales s’emploient soit en boisson, soit en bains pour lutter contre les maladies qui résultent d’un appauvrissement du sang.£L’établissement thermal est vendu aux enchères le 29 novembre 1887 (AD Ariège, 8M28/2, 1905). Comme en témoigne le guide publié en 1889, Jean Claverie, désormais à la tête de l’établissement, entreprend de développer la station. Au cours de cette période il envisage de substituer au modeste établissement thermal « un grandiose édifice » (Sentein (Ariège)..., 1889, p. 5). Ce guide indique également que l’offre de soins a été diversifiée puisque l’établissement propose désormais des bains de boues provenant de la source ferrugineuse. Elles auraient pour vertus de traiter les plaies atoniques, les affections cutanées et l’herpétisme. Pendant cette période, l’établissement thermal de Sentein demeure néanmoins une station modeste, handicapée par sa situation géographique. Située à vingt-cinq kilomètres de Saint-Girons, le transport depuis la gare « s’effectue chèrement et péniblement par charrettes » (Bardies, « Excursion de la Société... », 1905-1906, p. 170).£À partir de 1914, l’accès à Sentein est grandement facilité par la mise en service du tramway électrique reliant la commune à Saint-Girons. Toutefois, à partir de 1938 ce dernier est remplacé par une ligne d’autobus car son coût est jugé trop important par le Conseil départemental (AD Ariège, 1N166, 1938).£Au tout début des années 1920, Sentein accède au statut de station hydrominérale, devenant ainsi officiellement Sentein-les-Bains. D’après les déclarations de la municipalité, la commune dispose alors de trois cafés-restaurants ainsi que de quatre hôtels. À ces hébergements s’ajoutent de nombreuses chambres meublées louées par des particuliers (AD Ariège, 8M30, 1921). Malgré l’existence de ces établissements hôteliers, le Docteur Malfilatre estime que « ce qui entrave l’essor de Sentein c’est le manque d’hôtels dotés du confort moderne » (AD Ariège, 194W48, 1919). De fait, la plupart de ces logements sont avant tout destinés à accueillir les ouvriers travaillant dans les mines de la commune.£Ainsi, la station thermale de Sentein n’a jamais véritablement pris d’ampleur, et est restée peu fréquentée jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. À partir de cette période l’établissement Claverie est réquisitionné par l’Armée allemande et occupé par un détachement d’infanterie de Foix. L’activité thermale cesse alors définitivement puisque le bâtiment abritant les bains, les chambres et le restaurant est détruit par un incendie le 31 juillet 1945 (AD Ariège, 194W59, 1951). Sentein est néanmoins classée comme station thermale et climatique en 1955 (AD Ariège, 104 EDT/R3)£Au milieu des années 1960 la propriété du Pradeau est vendue par la famille Claverie à la Caisse régionale d’assurances maladie de la région parisienne. Celle-ci y fait construire un bâtiment destiné à l’accueil des colonies de vacances. Au début des années 2010, le Pradeau est racheté par des propriétaires privés. La colonie de vacances a depuis été transformée en gîtes.