Le 1er août 1912, Abel Maynard (1883-1957), commis des postes et télégraphes, épouse Léonie Hébrard (1890-1969), modiste, à Montauban. Les jeunes mariés s’intéressent à l’art de leurs temps et se cultivent grâce aux nombreuses revues d’art auxquelles ils sont abonnés. Plusieurs artistes montalbanais – Lucien-Pierre Cadène, Hubert Bergère, Lucien Andrieu – fréquentent la demeure des Maynard. C’est au sculpteur et ébéniste Jules Soureilhan (1879-1919), élève et neveu du peintre Henri Marre, que le couple commande une partie du mobilier de leur maison. L’artiste réalise vers 1912 une salle à manger composée d’une table avec quatre chaises et d’un buffet haut. L’esprit Art Nouveau imprègne l’ensemble des meubles, réalisés en noyer (parties sculptées) et châtaigner. Les dossiers des chaises sont également sculptés de fruits et de feuilles de figuier, à l’origine polychromés au naturel. Soureilhan s’inspire de modèles créés au début du XXe siècle par Louis Majorelle ou Eugène Vallin. Des lignes droites, utilisées pour les chaises, annoncent déjà l’art Déco. Cet ensemble témoigne du goût avant-gardiste des époux Maynard. La lecture de certaines revues d’art contemporain comme « Art et décoration » explique certainement ce choix de l’Art Nouveau, à rebours des styles Henri II ou Louis XV alors très largement répandu dans le mobilier vendu sur catalogue. Cette salle à manger, propriété du Conseil départemental de Tarn-et-Garonne, est aujourd’hui exposée au centre des arts de la table de l’abbaye de Belleperche.