Œuvre des orfèvres de Limoges au 13e siècle, cette exceptionnelle châsse-reliquaire se distingue par ses plaques en cuivre émaillé et animaux fantastiques en relief.
La châsse de Soulomès était conservée dans l'église Sainte-Madeleine jusqu'en 1968, date de sa présentation au sein du musée d'art sacré de Rocamadour. Elle se présente sous la forme d'un coffre en bois, monté sur quatre pieds et coiffé d'un couvercle en bâtière, recouvert de huit plaques de cuivre doré et émaillé, surmonté d'une crête à trois clous et percée de "trous de serrures". Une restauration ancienne a condamné toute ouverture de l'objet, dont on ignore le contenu mais traditionnellement dit renfermer des reliques de saint Namphaise : après avoir combattu contre le duc d'Aquitaine (sans doute vers 768), il aurait reconstruit selon la tradition les monastères de Figeac et Marcilhac, dont dépendait Soulomès avant que n'y soit fondée une commanderie templière en 1160.
Trois vouivres (ou guivres, animaux mythologiques ressemblant à des salamandres ou lézards, souvent représentés en héraldique), aux yeux formés de petites perles noires, sont placées sur la pente du toit, entrecoupées de bandes d'émail bleu ponctuées de losanges et cercles, initialement complétées par trois figures similaires sur la face. Les plaques latérales figurent un personnage debout, visage imberbe tourné vers la droite, tenant un livre, probables représentations de saint Pierre et saint Paul.
Quoique de type courant par son volume et sa facture, il s'agit d'une pièce du deuxième quart ou du milieu du 13e siècle à l'iconographie unique dans le corpus de l'orfèvrerie limousine. Elle est notamment comparable à la châsse de sainte Valérie conservée au musée du Louvre, datée des années 1225-1235. Deux autres châsses-reliquaires de Limoges sont connues dans le Lot, appartenant aux églises de Lavergne et Lunegarde, mais d'une facture moins riche.
Chercheur pour le Département du Lot depuis 2017. Conservateur des antiquités et objets d'art du Lot depuis 2019.